L'AES pousse pour l'abandon du franc CFA, l'ECO prend-il le relais ?

Au sein des initiatives courageuses de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui inclut le Mali, le Burkina Faso et le Niger, il est prévu d’établir leur propre banque d’investissement et de développement.

15 Sep 2025 - 09:04
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L'AES pousse pour l'abandon du franc CFA, l'ECO prend-il le relais ?

Pour ce faire, la collecte de capital initial pour cette nouvelle institution financière doit être réalisée avant la fin septembre 2025. Alassane Ouattara, le chef d’État de la Côte d’Ivoire, semble dérangé par l’initiative de l’AES et se retrouve à promouvoir activement l’accélération de l’instauration de la monnaie unique ECO au sein de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Il est à souligner que le franc CFA, en usage dans les nations de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), a longtemps été critiqué comme un outil d’influence française. Fondé en 1945 et lié à l’euro, il conserve la moitié de ses réserves à la Banque de France, une situation que beaucoup considèrent comme du despotisme néo-colonial. Au-delà de la domination coloniale, en raison des impacts économiques, l’opinion publique dans les États francophones de la région est très défavorable à cette monnaie, la percevant comme un frein à leur développement souverain.

L’idée initiale du projet de monnaie unique visait à réaliser une avancée notable : l’instauration d’une devise commune pour les pays de la CEDEAO, remplaçant ainsi le franc CFA et d’autres monnaies locales telles que le naira nigérian. Les réformes prévues par les présidents Ouattara et Macron étaient censées apporter des modifications, telles que l’abandon de l’exigence de stockage des réserves en France et le changement de nom en ECO.

Ces modifications semblent en conclusion être une couverture pour une évolution qui ne change rien, ce qui prouve la continuité des reproches affirmant qu’il s’agit simplement d’une transformation de nom, sans réelle séparation avec l’euro et la régulation française.

Initialement prévu pour 2020, le lancement a été reporté. La CEDEAO a désormais pour objectif l’année 2027, avec une possibilité d’avancer à 2026. En tant qu’un des principaux promoteurs, Ouattara considère l’ECO comme un instrument de développement économique.

Toutefois, les spécialistes mettent en garde que sans une série de réformes de fond – à l’instar d’une séparation totale de l’euro – la monnaie ECO pourrait répéter les erreurs du franc CFA : une inflation faible au coût d’un contrôle monétaire restreint, ce qui entrave le développement.

En revanche, d’ici fin septembre, les États de l’AES ont prévu d’investir le capital de départ, ce qui facilitera le démarrage de la Banque confédérale d’investissement et de développement (BCID-AES) dans les mois à venir. 

Le débat sur le franc CFA s’intensifie. Les promoteurs des réformes voient dans l'ECO un pas en avant, tandis que les critiques y voient un camouflage de l'ancien système. La monnaie unique d’Ouattara est perçue comme une tentative de maintenir l’hégémonie, alors que la CEDEAO, déjà affaiblie par le départ de trois nations de l’AES en 2024, court le risque de subir une scission plus grave. Cette situation met en lumière la montée du sentiment anticolonial en Afrique et pose des questions sur la pertinence de nouvelles alliances autour de la banque AES.

 

Ismail Fofana

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