Kardjigue Laico Traoré : Le pionnier des grandes rencontres culturelles

Il est de ces hommes qui refusent d’être enfermés dans une seule étiquette. Kardjigué Laïco Traoré est tout à la fois : enseignant, acteur de cinéma, comédien, animateur de radio et de télévision, maître de cérémonie.

15 Sep 2025 - 13:06
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Kardjigue Laico Traoré : Le pionnier des grandes rencontres culturelles

Un touche-à-tout ? Non. Un touche-à-réussite. Car partout où il s’aventure, il impose son empreinte et honore son métier avec une rare dextérité.

On lui doit une part de la vitalité artistique malienne. Pionnier des semaines régionales et des biennales artistiques, culturelles et sportives, Kardjigué Laïco Traoré a façonné, dans l’ombre, des espaces d’expression qui ont révélé plusieurs générations de talents. Là où d’autres s’enferment dans un rôle unique, lui préfère la polyvalence comme moteur de création.

Certains de ses proches collaborateurs aimaient rappeler qu’il est « un self made man ». Rien d’arrogant dans cette affirmation : simplement la conscience d’avoir bâti seul sa notoriété. Sans le soutien d’un diplôme prestigieux ni l’ombre d’un parrain politique, il s’est imposé par le travail, la persévérance et le talent brut. Instituteur du premier cycle reconverti, il a su transformer sa pédagogie en arme redoutable pour conquérir la scène et les médias.

Le pouvoir de la parole, le sage en retrait ?

Si Kardjigué, pardon Tonton Kardjigué captive autant, c’est parce qu’il manie la langue de Molière avec élégance, tout en restant ancré dans la force du bamanankan. Son bilinguisme n’est pas seulement une compétence : c’est un pont entre cultures, un art de toucher à la fois l’élite et le peuple. Dans un Mali où les mots peuvent rassembler autant que diviser, il a choisi d’être une voix de cohésion.

Mais puisque l’âge ne pardonne pas, les petites maladies ont contraint l’un des dinosaures de la culture malienne à « battre en retraite » depuis quelques années. Désormais, le « jeune vieux sage », comme l’appellent affectueusement ses petits-fils, prend le bon air auprès de sa famille, à l’ombre d’un arbre protecteur. Les après-midis, après une sieste bien méritée, Kardjigué s’installe parfois avec des amis et connaissances pour contempler la vie qui s’anime dans cette rue familière, que d’aucuns surnomment désormais : « Kardjigué ka carré » (la rue de Kardjigué).

Au nom de l’Année de la Culture, beaucoup espèrent voir ce grand homme revenir sous les projecteurs, non pas pour jouer un rôle ou animer une cérémonie, mais pour transmettre. Le monde des arts et de la culture attend de lui des conférences, des débats, des échanges sur la valeur de l’homme malien, sur « l’étude du Malien » et l’héritage à préserver.

Vivement donc que le département de la Culture l’invite en grande pompe, pour célébrer de son vivant l’un des piliers de notre mémoire collective.

Djibril Founèkè

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