Les soliloques d’Angèle : Les petites mains s’activent pour la rentrée scolaire

L’heure de la rentrée approche, et ce ne sont pas uniquement les parents qui se battent pour réunir quelques francs CFA. Les enfants eux-mêmes, les “petites mains” invisibles de la ville, s’activent dès le matin pour se procurer le nécessaire d’écolier.

10 Sep 2025 - 02:18
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Les soliloques d’Angèle : Les petites mains s’activent pour la rentrée scolaire

Chaussures à cirer, sachets d’eau, citrons mouchoirs à vendre… bien des jeunes se transforment en micro-entrepreneurs de rue, armés de débrouillardise et d’espoir.

“Je cire des chaussures dès le matin pour pouvoir acheter mes cahiers”, confie Abdoulaye que j’ai rencontré dans une rue, j’avais des sandales aux pieds malheureusement. Un matin, un cahier ; le lendemain, peut-être un stylo… chaque petit effort compte. Derrière ces gestes d’enfants, se cache souvent une réalité familiale difficile, pas assez de moyens d’acheter toutes les fournitures pour les enfants. Ce n’est pas de gaieté de cœur, mais c’est probablement la seule solution pour certains écoliers.

Ce dévouement enfantin et cette résignation parentale sont symptomatiques d’un système éducatif encore fragile. Au Mali, le taux d’inscription à l’école primaire atteint seulement 74,4 % en 2023 – bien en deçà de la moyenne mondiale, source Unicef. Dans les rues, les chiffres deviennent des visages : ces enfants qui devraient jouer ou réviser leurs leçons se retrouvent à vendre des beignets, porter des charges ou mendier quelques pièces. Le paradoxe est cruel : ils travaillent pour avoir le droit d’apprendre.

La situation interroge : quel avenir pour ces enfants qui doivent d’abord devenir petits travailleurs avant de redevenir écoliers ? Les familles, elles, n’ont pas toujours le choix. On veut que nos enfants étudient, mais comment faire quand un cahier coûte plus cher qu’un repas ?

Le constat est clair : l’investissement et les subventions publics dans l’éducation restent insuffisants. Les frais cachés – uniformes, fournitures, transports ou paiements informels aux enseignants à domicile – rendent l’école inabordable pour de nombreuses familles. Et cette année, avec la fermeture temporaire de quelques écoles de l’enseignement catholique, les coûts seront plus importants pour les parents qui vont réussir à scolariser leurs enfants dans d’autres écoles.

Celles et ceux qui bravent ces obstacles, ces “petites mains” anonymes, sont les véritables héros silencieux. Mais leur courage ne devrait pas remplacer la responsabilité collective. Car chaque enfant qui cire des chaussures pour s’acheter un cahier rappelle à la société son devoir : faire de l’éducation non pas une épreuve, mais un droit réellement accessible.

Regardons juste autour de nous, nos yeux ne manqueront de voir celui qui a besoin d’un kit scolaire, d’une gourde, d’une paire de chaussures, d’un sac, d’une tenue d’école, de frais d’inscription...

Parce que c’est Notre Mali.

Muriel Jules

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