Perspectives sahéliennes : Kilichi, Mali Sogo, Poulet bicyclette : Le Sahel, terre de viandes

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger unissent leurs forces pour valoriser des richesses qui doivent d’abord nourrir leurs peuples. C’est l’esprit même de la Confédération des États du Sahel (AES): souveraineté, dignité, enracinement.

9 Sep 2025 - 11:29
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Perspectives sahéliennes : Kilichi, Mali Sogo, Poulet bicyclette : Le Sahel, terre de viandes

Ces terres sahéliennes sont des terres de vie, où l’on se sent bien, qu’on soit natif ou visiteur. Et tous y trouvent une gastronomie à célébrer : le Sahel est une terre de viandes, goûteuses, locales, fières.

À Bamako, nul touriste ne repart sans un détour par le «dibi so», rôtisserie de quartier où l’on savoure l’agneau, le bœuf ou la chèvre grillés. À Niamey, le kilichi, viande séchée et épicée, s’invite dans les valises. À Ouagadougou, le poulet bicyclette, élevé sans hormones et transporté à vélo, incarne une filière vivante, enracinée dans les cours familiales.

Face aux convoitises sur l’or, l’uranium ou le lithium, l’élevage reste un pilier économique et culturel. Il mérite ses lettres de noblesse : la bellisation du kilichi, du poulet bicyclette et de la viande rouge malienne.

Le mot «kiliss», en tamasheq, signifie «lamelle de viande». D’abord artisanal et communautaire, le kilichi est devenu un produit commercial prisé, fruit du brassage entre Touaregs et Haoussa. À Niamey, la production atteint jusqu’à 15 tonnes par jour, majoritairement artisanale. La recette : fines tranches de viande de ruminants, marinées dans une sauce d’épices, pâte d’arachide, ail, gingembre, piment, puis séchées et grillées.

L’Association nigérienne des producteurs de Kilichi (ANIPROK), appuyée par l’État, structure désormais un circuit d’exportation sous-régional. En avril 2023, le kilichi a obtenu son Indication géographique protégée (IGP), délivrée par l’OAPI.

Au Niger, l’élevage représente 11 % du PIB national et 35 % du PIB agricole. Au Mali, il contribue à hauteur de 12 % au PIB, avec des recettes annuelles de 30 à 35 milliards Fcfa. Plus de 30 % de la population rurale vit exclusivement de cette activité, qui constitue le troisième poste d’exportation après l’or et le coton.

La viande est au cœur de la consommation urbaine : le bœuf pour les plats quotidiens, le mouton pour les rôtisseries, notamment les fameux «dibi so». Le 27 août 2025, le ministre chargé de l’Élevage, Youba Ba, a présidé la cérémonie de remise du certificat d’enregistrement du label «Mali Sogo», consacrant la viande rouge malienne. 

Cette reconnaissance ouvre une nouvelle ère pour sa promotion sur les marchés nationaux, régionaux et internationaux. Elle s’est accompagnée de la création d’un logo, d’un règlement d’usage, et d’une validation par le CIGMAC-Mali, avant l’enregistrement officiel auprès de l’OAPI.

Au Burkina Faso, le label «Poulet Bicyclette Ouagadougou» a été instauré en 2022 pour préserver ce patrimoine génétique. La capitale consomme en moyenne 80.000 unités par jour, pour une demande annuelle estimée à 100 millions. L’État a inscrit la volaille parmi les filières stratégiques de l’«Offensive agropastorale et halieutique 2023–2025», avec un investissement prévu de plus de 40 milliards Fcfa.

Ainsi, à Bamako, Niamey ou Ouagadougou, le visiteur peut manger local, manger vrai. Car les gouvernements sahéliens ont choisi de défendre ce qui nourrit, ce qui rassemble, ce qui dure.

Alassane Souleymane

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