EDM-SA, l'urgence d'une bonne gestion (suite et fin) : Le prix de la lumière, une odyssée en Afrique de l'Ouest
Dans les coulisses étouffantes de l'Afrique de l'Ouest, l'électricité n'est pas qu'une simple commodité; c'est le souffle même de la vie moderne, le moteur de l'ambition, le doux murmure de l'espoir pour des millions d'âmes.

Aujourd'hui, plongeons ensemble dans le cœur de cette équation, explorant le prix du kWh dans cinq (05) Nations sœurs: le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Niger et bien sûr, le Mali. Un voyage qui nous révélera des histoires de défis, de résilience et d'aspirations.
Imaginez un instant le crépitement d'un ventilateur dans une nuit d'été écrasante à Ouagadougou, le bourdonnement d'un réfrigérateur gardant les médicaments au frais à Abidjan, la lueur rassurante d'une ampoule permettant à un enfant de réviser ses leçons à Dakar, le frisson d'une climatisation à Niamey, ou la recherche désespérée d'une source de lumière lors d'un délestage à Bamako. Chacun de ces instants est monnayé, mesuré, et son coût varie, parfois de manière déchirante, d'un pays à l'autre.
Le prix du kilowattheure (kWh) pour le consommateur final n'est jamais un simple chiffre. Il est le reflet de politiques énergétiques, de mix énergétiques (hydroélectrique, thermique, solaire, éolien), de la qualité des infrastructures, des subventions gouvernementales et, bien sûr, de la capacité de paiement des ménages.
Mali: Entre subventions et défis d'approvisionnement
Au Mali, l'entreprise EDM-SA (Énergie du Mali) est au cœur des enjeux énergétiques. Malgré des subventions importantes de l'État pour maintenir les prix à un certain niveau, le pays est régulièrement confronté à des problèmes de délestages, soulignant un déséquilibre entre l'offre et la demande, ainsi que des coûts de production élevés.
● Prix indicatif pour les ménages (basse tension): le prix moyen pour le consommateur malien est effectivement autour de 115 à 125 FCFA/kWh. Il peut y avoir des variations selon les tranches de consommation et le type d'abonnement (sociaux vs. normaux).
● Exemple concret: À Bamako, Aïcha gère une petite échoppe de produits frais. Son petit réfrigérateur est essentiel pour la survie de son commerce. Si elle consomme 150 kWh par mois pour ses besoins professionnels et domestiques, sa facture s'élèvera à environ 18 750 FCFA. Ce coût, combiné aux coupures fréquentes, rend son activité précaire. Les subventions de l'État tentent d'amortir le choc financier, mais la réalité des délestages pèse lourdement sur la productivité et la qualité de vie, transformant la simple action d'allumer une lumière en un acte d'espoir incertain.
Burkina Faso: Le défi de l’indépendance énergétique
Au Burkina Faso, pays enclavé et souvent confronté à l'insuffisance de sa production, le coût de l'électricité est un fardeau palpable. Pour la SONABEL (Société Nationale d'Électricité du Burkina Faso), la dépendance vis-à-vis des importations d'énergie et des centrales thermiques coûteuses rend la tâche ardue.
● Prix indicatif pour les ménages (basse tension): Le prix moyen pour un consommateur domestique se situe souvent autour de 100 à 120 FCFA/kWh. Pour les petits consommateurs, il peut y avoir des tarifs sociaux légèrement inférieurs, mais pour une consommation moyenne, c'est une réalité économique.
● Exemple concret: Pensez à Fatoumata, une couturière de Bobo-Dioulasso. Son atelier, équipé d'une machine à coudre électrique et d'un éclairage, représente son gagne-pain. Chaque kWh compte. Si elle consomme 150 kWh par mois, sa facture d'électricité avoisinera les 15 000 à 18 000 FCFA. Dans un pays où le revenu moyen est modeste, c'est une part significative de son budget, la poussant parfois à limiter ses heures de travail quand le soleil se couche.
Côte d'Ivoire: L'éclat d'un Pôle énergétique régional
La Côte d'Ivoire, avec sa production plus robuste et son rôle de fournisseur d'énergie pour plusieurs pays de la sous-région via la CIE (Compagnie Ivoirienne d'Électricité), présente une situation différente. Son mix énergétique plus diversifié (gaz, hydroélectricité) lui permet d'offrir des tarifs plus compétitifs, bien que la demande croissante mette une pression constante.
● Prix indicatif pour les ménages (basse tension): Le prix moyen varie généralement entre 60 et 80 FCFA/kWh, avec des tranches tarifaires progressives qui favorisent les petites consommations.
● Exemple concret: À Abidjan, M. Koné, enseignant, vit avec sa famille. Leur consommation mensuelle, incluant un réfrigérateur, un ventilateur, la télévision et l'éclairage, peut atteindre 200 kWh. Sa facture serait alors d'environ 12 000 à 16 000 FCFA. Bien que ce soit un coût, l'accès plus stable et relativement plus abordable à l'électricité contribue à un confort de vie supérieur et permet de soutenir de petites activités économiques à domicile. La Côte d'Ivoire est souvent citée pour ses efforts de gestion du secteur.
Sénégal: Entre ambition et réalité des coûts
Au Sénégal, la SENELEC (Société Nationale d'Électricité) est au cœur d'une transformation énergétique ambitieuse, avec l'intégration croissante des énergies renouvelables (solaire notamment) et le développement de projets gaziers. Cependant, la transition a son coût, et la dépendance historique aux centrales thermiques se ressent encore.
● Prix indicatif pour les ménages (basse tension): Les tarifs pour les consommateurs résidentiels se situent souvent entre 80 et 100 FCFA/kWh, avec un système de tarification progressive par paliers.
● Exemple concret: Adja, vendeuse de poissons au marché de Pikine, près de Dakar, a un petit congélateur pour conserver ses marchandises. Elle veille à sa consommation, qui peut s'élever à 180 kWh par mois pour son activité et son foyer. Sa facture pourrait osciller entre 14 400 et 18 000 FCFA. Pour elle, chaque franc économisé est vital. L'arrivée du gaz local devrait, à terme, alléger la pression sur les prix.
Niger: Le poids de la vulnérabilité énergétique
Le Niger, comme le Burkina Faso, fait face à des défis majeurs en matière d'accès et de coût de l'électricité, sous la houlette de la NIGELEC (Société nigérienne d'Électricité). Sa dépendance aux importations et une infrastructure parfois limitée rendent l'électricité coûteuse et souvent instable, surtout dans les zones rurales.
● Prix indicatif pour les ménages (basse tension): Le prix du kWh pour les consommateurs domestiques est généralement l'un des plus élevés de la région, pouvant aller de 110 à 130 FCFA/kWh, voire plus pour certaines tranches de consommation.
● Exemple concret: Dans un village près de Niamey, la famille de Moussa, cultivateur, n'a que quelques ampoules et une petite radio. Leur consommation mensuelle est faible, peut-être 50 kWh. Mais même à ce niveau, la facture de 5 500 à 6 500 FCFA représente un effort considérable. Pour beaucoup, l'accès au réseau reste un luxe, et le recours aux bougies ou aux lampes tempête est encore une réalité quotidienne, soulignant la fracture énergétique.
Comparaison et Réflexions
Pays Fournisseur Prix Indicatif (FCFA/kWh) - Basse Tension Ménages Facteurs Influenceurs Impact sur le Quotidien
Côte d'Ivoire CIE 60-80 Production diversifiée (gaz, hydro), rôle de hub régional, investissements continus. Stabilité relative, coût plus abordable permettant un meilleur confort, soutien aux petites entreprises. Un sentiment d'optimisme énergétique, même si la croissance de la demande reste un défi.
Sénégal SENELEC 80-100 Transition énergétique, développement du gaz, mix énergétique en évolution. Coût intermédiaire, mais des efforts pour stabiliser et réduire les prix à long terme. L'attente d'une ère nouvelle avec le gaz et le solaire.
Burkina Faso SONABEL 100-120 Enclavement, forte dépendance aux importations et au thermique, capacité de production limitée. Charge financière significative pour les ménages, impact sur le développement des entreprises. Chaque coupure est un pincement au cœur, un frein à l'ambition.
Mali EDM-SA 115-125 Mix énergétique limité, forte dépendance au thermique, subventions importantes mais offre insuffisante, délestages. Coût élevé malgré les subventions, et surtout, instabilité chronique de l'approvisionnement. Le fardeau est double : un prix élevé et l'incertitude de la disponibilité, pesant lourdement sur la vie quotidienne et l'économie locale.
Niger NIGELEC 110-130+ Vulnérabilité énergétique, faible accès au réseau, dépendance importations, infrastructures limitées. Coût très élevé, accès limité, délestages fréquents. Un fardeau qui ralentit le progrès, maintient des populations dans l'ombre et accentue les inégalités. Le rêve d'une lumière stable est un luxe inaccessible pour beaucoup.
Cette comparaison révèle des destins énergétiques contrastés. La Côte d'Ivoire, forte de ses ressources et de ses choix stratégiques, offre un kWh plus accessible, symbolisant une certaine aisance énergétique. Le Sénégal se positionne comme un pays en pleine mutation, cherchant à maîtriser ses coûts futurs.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, quant à eux, luttent avec des réalités plus dures, où le prix de la lumière est un rappel constant des défis structurels, accentués par les problèmes d'accès et de stabilité.
Derrière chaque chiffre se cache une famille, une entreprise, un rêve. Le prix du kWh n'est pas qu'une ligne sur une facture ; c'est un déterminant majeur de la qualité de vie, de l'éducation, de la santé et du développement économique. Les gouvernements de ces nations sont engagés dans une course contre la montre pour rendre cette énergie plus abordable et plus fiable, car au-delà des statistiques, c'est le visage humain de l'Afrique qui aspire à une lumière continue et à un avenir radieux. Et dans cette quête, chaque baisse de prix, chaque nouvelle installation, chaque moment de lumière ininterrompue est une victoire.
A.K. DRAMÉ
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