Entre Nous : Citoyenneté en panne !!!
Parmi les crises graves et complexes qui ébranlent le Mali depuis plus d’une décennie, celle affectant la citoyenneté est particulièrement préoccupante.

Ce qui se passe est aux antipodes des valeurs citoyennes que sont la civilité, le civisme, l’intégrité, le patriotisme, la solidarité, la tolérance, la paix, le souci de l’intérêt général, le savoir-vivre collectif, le respect du bien public, de l’ordre public, les bonnes mœurs. Voilà pour l’essentiel, car la liste n’est pas exhaustive. Les raisons de cette décadence sont à chercher entre la gestion de l’éducation dans le cocon familial et celle du respect des lois par les agents publics, qui ont prêté serment à cette fin.
L’intelligence artificielle définit la crise de citoyenneté comme « une période où les fondements, les pratiques ou l’esprit même de la citoyenneté sont remis en questions, se manifestant par une déconnexion, une perte des compétences et des outils citoyens, des réactions émotionnelles collectives face aux crises, et des clivages sociaux et identitaires ».
En effet, l’un des signes palpables de cette crise de citoyenneté est l’indiscipline généralisée qui règne dans le pays. Il suffit d’observer la circulation routière pour s’en rendre compte. Un cas emblématique de ce fléau qui mine notre société.
Juillet 2025. Une pluie diluvienne vient d’arroser la capitale malienne. Au niveau du Pont Woyowayanko règne une scène cauchemardesque. De part et d’autre de l’étroit passage, des hordes d’usagers se font face sur toute la largeur de la double voie. Impossible d’aller dans un sens comme dans l’autre. Pourquoi ? Tout simplement parce que les usagers venant de Sébénikoro pour la ville occupent les deux voies. Ceux venant du sens opposé font exactement la même chose. L’étrange cirque ainsi offert par des inconnus se défiant a duré un temps interminable.
De tels comportements sont légion partout sur les voies publiques bamakoises. Des citoyens grillent régulièrement le feu tricolore. Ce geste qui paraît anodin n’est pourtant pas banal. Il reflète le degré d’indiscipline gangrenant la société malienne, mais aussi le mépris des lois de la République par des individus qu’on ne saurait appeler des citoyens. Il en dit long surtout sur la faiblesse de l’Etat !
Hélas, ceux qui s’adonnent à ces pratiques se recrutent majoritairement au sein de la couche juvénile, fer de lance de la nation, dit-on. Le Mali peut-il compter sur cette jeunesse insouciante ? Comment le pays tiendrait-il débout avec de tels comportements ? La cohésion caractéristique d’une nation et le développement auquel elle aspire sont-ils possibles quand il n’y a ni ordre ni discipline ?
L’indiscipline généralisée est l’un des signes d’une société malienne foulant aux pieds les valeurs qui ont fait sa grandeur d’antan, comme le respect de la parole donnée, la loyauté, l’intégrité, la droiture, le rejet du mensonge. Rares sont ceux qui se soucient d’honorer la parole donnée. Et aussi nombreux sont-ils à magnifier le mensonge.
La trahison est devenue le plat préféré des prétendus descendants de Babemba Traoré, Sonni Ali Ber ou Cheickou Amadou. Ils n’ont pas de scrupules à s’emparer de la chose d’autrui ou du bien public. Ceux qui refusent de s’adonner à ces comportements qui jurent avec les lois et les traditions du pays, sont traités d’enfants maudits.
Selon l’ancien président sud-africain et icône de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela, « une organisation ne peut remplir son mandat que s’il y a de la discipline, et là où il n’y a pas de discipline, il ne peut y avoir de réel progrès ».
Chiaka Doumbia
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