Dignité et souveraineté : Une «réciprocité» sujette à caution ?
Face aux USA, le Mali opte pour le principe de « la réciprocité » en matière de visas. Ce qui fait sourire Washington…

Dans les relations internationales, le principe de la réciprocité impose à un Etat d’appliquer la mesure similaire à un autre Etat, par rapport à un acte donné. Cette action par réciprocité est censée produire les mêmes effets juridiques et éventuellement les mêmes préjudices.
En effet, dans la dynamique de « la souveraineté retrouvée », les hautes autorités maliennes s’inscrivent résolument dans l’application du principe de « la réciprocité ». Sauf que celui-ci suscite la polémique au sein de l’opinion. Et les avis sont partagés entre les défenseurs de cette option diplomatique osée et ses détracteurs.
C’est ainsi que dans le cadre des relations diplomatiques entre le Mali et les USA, il est apparu, depuis plusieurs mois, une brouille, qui déteint sur le climat de confiance entre les autorités des deux Etats. Faut-il rappeler qu’avant cette étape d’endurcissement des conditions d’immigrations aux USA, c’est l’USAID qui avait fermé ses portes au Mali et dans certains autres pays. Ce qui avait sérieusement affecté l‘axe de coopération entre les deux pays, ceci, après le congédiement de la mission onusienne de stabilisation du Mali (MINUSMA)…
Au-delà de ces éléments récents, les analystes se demandent si la réciprocité par rapport aux conditions de délivrance de visas n’est pas sujette à caution.
Car, nul n’ignore comment les Maliens ont plus intérêt à aller aux USA. Ne sont-ils pas très nombreux à la quête de diverses opportunités d’emplois, d’études et de formations aux USA ? Combien de citoyens américains cherchent à faire le chemin inverse pour venir se réaliser au Mali ? Or, il est établi qu’avec la crise sécuritaire, le nombre de ressortissants américains au Mali est extrêmement réduit, sinon insignifiant. Ce qui veut dire que le Mali défonce une porte entrouverte en appliquant la réciprocité à Washington dans ce dossier d’immigration !
En outre, pourquoi la réciprocité décrétée par Bamako n’avait été enclenchée plus tôt, au moment où les USA suspendaient leur programme phare du Millenium challenge Account (MCA). En quoi consisterait cette « réciprocité », étant entendu que c’est le Mali qui bénéficie de plus d’appui venant de Washington ?...
En plus, si l’on considère que les institutions de Bretton Woods sont majoritairement financées par les USA, le principe de la réciprocité n’obligerait-il pas le Mali à rejeter tout appui de ces organismes ? Quid des partenariats avec les agences onusiennes telles que l’OMS, le PNUD ? le HCR, etc ?
Tous ces questionnements incitent certains observateurs avertis à surfer sur l’inégalitaire rapport de force prévalant dans le Droit international, pour appeler au dégel, voire à la désescalade. Car, relèvent-ils, la réciprocité ne peut s’appliquer que dans un contexte diplomatique du «soft power ». Elle doit être un instrument de négociations et de plaidoyers ou lobbying, préservant les intérêts des peuples.
Boubou SIDIBE/maliweb.net
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