Apres, Att, Ibk, Soumaïla, Boubeye, Iba, Tiebile et Amidou : L’ancien PM Soumana Sacko dépose les armes sans livrer sa dernière bataille

Ils semblent tous aller avec un remord et surtout le sentiment du devoir non accompli, celui de remettre le flambeau de la démocratie à la nouvelle génération, pacifiquement, mais avec la ferme conviction qu’elle est et restera la seule alternative à la gouvernance chaotique de notre pays.

20 Octobre 2025 - 11:21
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Apres, Att, Ibk, Soumaïla, Boubeye, Iba, Tiebile et Amidou :  L’ancien PM Soumana Sacko  dépose les armes sans livrer sa dernière bataille

En effet, Ils ont tous participé au combat pour l’avènement de la démocratie au  Mali, mais également à l’œuvre de construction de l’édifice national  avec bien entendu des fortunes diverses, mais avec le même engagement et un patriotisme sans faille. De l’ancien Président de la République Amadou Toumani Touré, à l’ancien PM Soumana Sacko en passant par  l’ancien ministre des finances Soumaïla Cissé, l’ancien ministre de la justice Me Amidou Diabaté,  l’ancien Président de la République Ibrahim Boubacar Keita,  l’ancien PM Soumeylou Boubèye Maiga,  l’ancien ministre de l’Emploi et de Formation Professionnelle Ibrahima N’ Diaye, et l’ancien ministre des Affaires Etrangères Tiébilé Dramé, ces huit personnalités ont écrit chacune sa page d’histoire du Mali et ont laissé à la postérité un héritage qui survivra à toutes les falsifications, aux turpitudes de certains et à l’implacable jugement du temps. L’ancien PM Soumana Sacko n’était-il pas un incompris ? Ne faudrait-il pas rendre hommage à tous ces intrépides combattants pour la démocratie ?

L’ancien Premier Ministre Soumana Sacko a tiré sa révérence et a été accompagné en sa dernière demeure le samedi 18 Octobre 2025 par des milliers de maliens, d’amis, des camarades politiques, de sympathisants et des citoyens simples. Cette disparition vient s’ajouter à la longue liste des combattants de la démocratie qui ont laissé les armes pour toujours. Mais elle rappelle fort opportunément ces quelques vers de ce poème sur la mort : « je ne suis plus, mais je suis toujours. Je suis le vent qui murmure à ton oreille, le soleil qui réchauffe ton visage, la douce pluie d’automne sur la terre. Mon corps n’est plus, mais mon souvenir est là… » Ces splendides vers résument bien le parcours de ces illustres disparus et leurs souvenirs qui resteront gravés à jamais dans les annales de l’histoire du Pays.

Pour rappel, l’ancien PM Soumana Sacko que tout le Mali pleure aujourd’hui est à la fois une icône tant sur le plan de l’intégrité que du désintérêt pour la chose publique. Il est une école que la nouvelle génération doit fréquenter. L’école de la rigueur, de la probité, de la morale, de l’éthique, de la transparence et du patriotisme. Ministre des finances sous le Général Moussa Traoré, il a mis de l’ordre dans la gestion des deniers publics en régularisant le paiement des salaires des fonctionnaires quand ces derniers faisaient 5 à 6 mois sans leurs dus. Son glaive contre les corrompus n’épargnait personne y compris les cadres hauts placés qu’ils soient militaires ou civils. Son affaire dite d’Air Sabena Gate, transportant illicitement de l’or et  impliquant des hauts cadres de l’administration serait à la base de sa démission comme ministre des finances. Soumana Sacko est rentré dans l’histoire pour être l’un des rares cadres sinon le premier à rendre le tablier en tant que ministre. Ce geste est considéré par des nombreux observateurs de la scène politique malienne comme étant celui qui a tracé la voie de ce qui deviendra par la suite le mouvement démocratique. Il a non seulement prouvé qu’une autre gouvernance est possible et que le Mali peut bien s’en sortir si les maigres ressources sont rigoureuses gérées. On lui fera d’ailleurs appel quelques années plus tard après la chute du régime dictatorial du Général Moussa Traoré pour venir occuper le stratégique poste de premier ministre de la transition afin de poser les jalons d’une véritable démocratie. Toutes les reformes qui ont été faites pour assoir les bases de la démocratie l’ont été sous le leadership d’ATT, Président de la transition, de son Premier Ministre Soumana Sacko et avec une participation assidue du Mouvement démocratique.  Ainsi, Il y a eu la Conférence Nationale ensuite l’adoption d’une nouvelle Constitution, la signature d’un Pacte national pour la paix et enfin la tenue des élections Communales et Présidentielles pour clore le chapitre de la transition qui n’a duré que 14 mois seulement.

 L’ancien PM Soumana Sacko n’était-il pas un incompris ?

Cette question mérite bien d’être posée surtout quand on sait qu’il n’a jamais véritablement percé en politique. Il n’a été ni Maire, ni Député encore moins Président de la République et pourtant Zou, comme l’appelaient affectueusement ses amis et camarades politiques, a toutes les caractéristiques d’un homme d’Etat, intègre, rigoureux, très instruit et a surtout une expérience politique certaine. En dépit de toutes ces qualités l’ancien PM n’a pas été choisi par les maliens. Il n’a certainement pas été compris par la nouvelle génération ou bien au Mali, les qualités que Soumana Sacko a incarnées ne sont pas celles de la jeunesse malienne, beaucoup plus portée vers le gain facile que par le travail, la rigueur et la transparence. Zou n’a jamais accepté une compromission et a été désintéressé par le pouvoir et l’argent. Son Parti la CNAS Faso Yèrè a été de tous les combats contre la démolition de la démocratie et la restriction des libertés et des droits des citoyens. Malgré son engagement pour cette noble mission Zou n’a pas drainée une foule de sympathisants encore moins de militants. Son parti s’est démembré au fil du temps pour ne rester que quelques inconditionnels.

Ne Faudrait-il pas rendre hommage à tous ces intrépides combattants pour la démocratie ?

Du soldat de la démocratie que fut Amadou Toumani Touré au Président de la République qu’il est finalement devenu en passant par IBK, Soumaïla Cissé, Soumeylou Boubèye Maiga, Soumana Sacko, Ibrahima N’ Diaye, Tiébilé Dramé et Me Amidou Diabaté, toutes ces figures politiques ont apporté leurs précieuses  pierres à la construction de l’édifice national. Donc ils sont tous dignes fils du Mali et méritent les honneurs dus à leurs rangs. Par les actes que chacun d’eux a eu à poser, leurs noms resteront gravés au fronton de la République. Ils méritent gloires dues à leurs rangs et reconnaissance pour les œuvres accomplies. Ils retourneront certainement dans leur tombe avec le seul sentiment de regret de n’avoir pas remis à la nouvelle génération le flambeau de la démocratie, aujourd’hui malmené et sur le point de s’éteindre sous le coup de boutoir de ses ennemis. Dormez tous en paix votre combat ne sera jamais vain.

Youssouf Sissoko

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