Triangle du balafon / table ronde à Sikasso : Le financement de la culture au Mali en question

La salle de conférence de la Chambre de commerce et d’industrie de Sikasso a accueilli, une table ronde d’envergure autour du thème : « Financer la culture autrement : quelles solutions innovantes pour les artistes et les acteurs culturels au Mali ? ».

20 Octobre 2025 - 14:22
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Triangle du balafon / table ronde à Sikasso : Le financement de la culture au Mali en question

Une rencontre initiée par le consortium ACF- Fonds Maaya, avec l’appui financier du ministère de la Culture.  La cérémonie d’ouverture a été présidée par Salia Mallé, chef de cabinet du ministère de la Culture, en présence du représentant du maire de Sikasso, Oumar Goïta, ainsi que de nombreux acteurs culturels de la région.

M. Mallé a rappelé la nécessité pour le Mali de « trouver des solutions endogènes et durables afin de conquérir sa souveraineté culturelle ». Selon lui, « chacun doit jouer sa partition, car la culture ne peut prospérer sans la contribution active de tous les acteurs ».

Pour le représentant du maire, Oumar Goïta, la culture peut et doit être financée localement :

« Nous n’avons pas toujours besoin d’aller chercher ailleurs. Les ressources existent ici, à condition de savoir les mobiliser ».  Le directeur du consortium ACF - Fonds Maaya, Mohamed Doumbia, a expliqué l’esprit de la rencontre : « Cette table ronde est un espace d’échange et d’apprentissage mutuel. Elle vise à améliorer ce que chacun fait déjà sur le terrain, dans une logique de solidarité et de complémentarité ».

Des échanges nourris autour des modèles alternatifs et solidaires

Le panel principal, consacré au thème « Modèles alternatifs et solidaires de financement culturel », a réuni des intervenants : Dr Salia Mallé, chef de cabinet du ministère en charge de la Culture, Gaoussou Touré, responsable administratif du consortium ACF-Fonds Maaya, Fatoumata Thioye Coulibaly, représentante du réseau Kya, Zakaria Walousseni, représentant de la Fédération « Funu Funu ».

Les débats ont porté sur les nouvelles formes de financement adaptées au contexte malien : subventions participatives, mutualisation des ressources, partenariats entre acteurs publics et privés, et fonds solidaires régionaux.

Premier à prendre la parole, M. Mallé. Le chef de cabinet par intérim a rappelé son expérience en tant que coordonnateur du premier programme d’appui à la culture au Mali en 2000, soulignant les leçons tirées : « A l’époque, l’Etat pouvait encore soutenir les artistes, mais aujourd’hui les moyens sont limités. Les initiatives privées et communautaires deviennent indispensables ». Malgré tout dira-t-il, l’Etat continue de faire de son mieux. M. Mallé a salué les efforts du ministère à travers l’initiative « Mali Den Kura », qui a permis de former et de financer plusieurs jeunes acteurs culturels. « Nous mettons en place des espaces d’appui aux artistes pour leur permettre de développer leurs entreprises et donner un nouveau souffle à la création locale », a-t-il ajouté.

Des dispositifs de financement en mutation

Le responsable administratif du Fonds Maaya, Gaoussou Touré, a détaillé le fonctionnement de leur dispositif : « Le fonds fonctionne sur la base d’appels à candidatures périodiques. Les critères sont transparents et visent à encourager l’innovation et la collaboration entre structures ».

Fatoumata Thioye Coulibaly du réseau Kya a mis en avant l’importance du soutien aux acteurs émergents : « Nous accompagnons les jeunes artistes et porteurs de projets à mieux structurer leurs initiatives pour accéder à un financement durable ».

Zakaria Walousseni, de la Fédération « Funu Funu », a quant à lui insisté sur la nécessité d’un appui continu : « Nos membres ont besoin d’un accompagnement technique en plus du financement ». Pour lui, c’est ce qui a nécessité le fait que Funu funu a décidé d’accompagner certains acteurs culturels  « C’est la clé pour renforcer la professionnalisation du secteur »

Des défis

Malgré ces avancées, plusieurs obstacles demeurent. Pour Salia Mallé, le premier défi reste la mutualisation des ressources : « Autrefois, chacun déposait son dossier individuellement. Aujourd’hui, les consortiums permettent de fédérer les forces, il faut renforcer cette dynamique ».

Il a pointé aussi la difficulté d’accès au financement bancaire, souvent inadapté aux réalités du secteur culturel. Le financement public, à ses dires, reste insuffisant : « Le budget du ministère de la Culture représente à peine 0,37 % du budget national. C’est largement insuffisant pour soutenir la création artistique. Les Etats généraux de la culture ont recommandé d’atteindre au moins 1 % ».

Cette table ronde de Sikasso aura eu le mérite de mettre en lumière les attentes, mais aussi les pistes concrètes pour bâtir un modèle malien de financement culturel, plus solidaire, plus innovant et plus souverain.

Les acteurs présents ont convenu de poursuivre la réflexion à travers un cadre permanent de concertation entre institutions publiques, fonds culturels et organisations professionnelles.

Yaye Astan Cissé

Depuis Sikasso

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