Infrastructures routières en péril : Après Kayes, la route Bamako - Sikasso menace à son tour de céder
Tandis que la route Kayes–Bamako n’est plus qu’un souvenir de bitume, la voie reliant Bamako à Sikasso s’enfonce à son tour dans la dégradation.

Après l’axe Kayes - Bamako, devenu un véritable calvaire pour les usagers, c’est la route Bamako - Sikasso qui tire la sonnette d’alarme. Nid-de-poule béants, chaussée effritée, tronçons quasi impraticables en des endroits : cette voie, pourtant vitale pour l’économie nationale, s’effondre sous le poids du trafic et de l’inaction gouvernementale.
Sur plusieurs kilomètres, la route ressemble à un champ de bataille. Les chauffeurs de citernes et de remorques, les simples voitures pour particuliers contraints à des zigzags périlleux pour éviter les cratères, mettent chaque jour leur vie en danger. Les accidents se multiplient, les remorques se renversent, les marchandises se perdent… et le silence du ministère des Transports demeure assourdissant.
Cette indifférence est d’autant plus incompréhensible que la route Bamako -Sikasso est désormais le principal corridor international reliant le Mali à la Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Depuis que la route de Kayes est devenue impraticable, c’est une bonne partie du trafic de poids lourds, de citernes et de remorques qui s’est reporté sur cet axe sud. Une pression supplémentaire que le ministère n’a manifestement pas anticipée, par une réhabilitation de cette route.
« C’est un véritable abandon de nos routes nationales », déplore un transporteur. Et de poursuivre « les autorités savent que ces routes sont le poumon économique du pays, mais elles attendent que les routes s’effondrent totalement avant de réagir ».
Un autre usager s’indigne « C’est devenu un vrai parcours du combattant. Nous mettons presque le double du temps pour faire le trajet. En plus, les réparations de véhicules nous coûtent cher ».
Manque de vision du département ?
Ces constats amers n’illustrent-ils pas un problème plus profond ? : L’absence de vision et de politique d’entretien durable du réseau routier malien. Chaque année, des milliards sont annoncés pour la réhabilitation des infrastructures, mais sur le terrain, les routes se décomposent, les chantiers s’éternisent, et les promesses s’envolent.
Le ministère des Transports et des Infrastructures, censé être le garant de la mobilité nationale, semble avoir tourné le dos aux routes internationales et interurbaines, pourtant essentielles pour le commerce et l’intégration régionale. Le mutisme du ministre des Transports face à cette lente agonie traduit une forme de désintérêt inquiétante pour un pays enclavé comme le Mali.
Il faut dire qu’à ce rythme, si rien n’est fait, Bamako risque bientôt d’être coupée de ses principales portes d’entrée : Kayes à l’Ouest, Sikasso au Sud. Ce serait un double isolement aux conséquences désastreuses pour l’économie nationale, déjà fragilisée par l’inflation, l’insécurité et la crise énergétique.
Il est temps que le ministère des Transports sorte de son confort administratif pour affronter la réalité du terrain : celle des chauffeurs, des commerçants et des citoyens qui, chaque jour, risquent leur vie sur ces routes oubliées de la République.
Face à cette situation, de nombreux usagers appellent le ministère des Transports et des Infrastructures à agir vite. Un « semblant » de réhabilitation urgente permettrait non seulement d’éviter une nouvelle catastrophe routière, mais aussi de préserver un axe vital pour l’économie nationale.
Yaye Astan Cissé
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