Edito : Rassembler, dialoguer, négocier ou périr
Oui rassembler tous les maliens autour de la mère patrie sans exclusion aucune, ensuite favoriser un dialogue inclusif sans apriori et enfin négocier avec ceux qui détiennent les armes, voici désormais la délicate équation à résoudre pour éviter l’effondrement du pays.

Tous les observateurs de la géopolitique sous régionale s’accordent à dire que l’exacerbation de la crise liée à l’insécurité au sahel est due non seulement à la nature du régime qui gouverne chacun des pays en crise, à savoir issus du coup d‘état, ensuite à l’exclusion d’une frange importante des acteurs sociopolitiques, mais aussi et surtout au manque de dialogue entre toutes les forces vives de la nation. En effet, la situation qui sévit au Mali est totalement inédite, car à la gravissime crise sécuritaire est venue se greffer une asphyxie économique d’une ampleur inégalée dans l’histoire du pays. Cette asphyxie qui devient un véritable goulot d’étranglement pour les populations, annihile non seulement tous les efforts de progrès, mais aussi et surtout prive les populations de leurs droits les plus inaliénables. Pour rappel cette asphyxie est la conséquence d’un blocus inhumain imposé par des djihadistes, sur les voies d’accès et de ravitaillement du carburant. Cet étouffement économique qui touche presque toutes les régions du Mali, en général et celles de Mopti, Koutiala, Ségou et dans une moindre mesure le District de Bamako, en particulier, fait désormais planer la crainte d’un effondrement total du Pays. Le carburant est indispensable pour toute économie moderne, car il constitue l’alpha et l’Omega de la vie en communauté. Autrement dit il est au début et à la fin de toutes les activités dans une société moderne. Le carburant est pour l’économie ce que constitue les vaisseaux sanguins pour le corps humain sans lesquels le corps arrêtera de fonctionner.
En effet, la préoccupante question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir comment pourrait-on résoudre cette épineuse équation de façon diligente afin d’atténuer la souffrance du très résilient peuple et éviter du coup le péril en la demeure Mali. Il est de notoriété publique sous nos tropiques que face à une crise quel qu’elle soit, la toute première recette, la plus efficace d’ailleurs, passe inéluctablement par le dialogue pour une cohésion sociale ciment de notre société depuis la nuit des temps. Mais le constat est que cette cohésion sociale est mise à rude épreuve par les gouvernants actuels du pays. Comment dans un pays en crise si profonde l’on pourra mettre à la touche la classe politique, la société civile, la presse, les organisations des Droits de l’homme et espérer engranger des victoires ? La résolution de la périlleuse crise dans laquelle s’embourbe chaque jour un peu plus le pays passe nécessairement par la cohésion sociale qui ne s’acquiert qu’à travers un dialogue fécond et inclusif. Or le constat est que cette noble vertu séculaire fait cruellement défaut sous le régime du Général Assimi Goita. Le commandant en chef du Bateau-Mali n’arrive toujours pas à mesurer la gravité de la crise que connait le Mali pour enfin se défaire de certaines habitudes et lancer l’appel au rassemblement.
En effet, ce qui est incompréhensible c’est la posture belliqueuse et cette diplomatie va-t’en guerre des autorités, au lieu d’adopter une posture beaucoup plus conciliante. Toutes leurs sorties sur la scène internationale loin de rassurer l’opinion nationale et internationale creusent un abyssal trou qui nous éloigne du bout du tunnel. Ainsi, l’impression que les autorités donnent face à cette angoissante situation est de n’être nullement émues, encore moins préoccupées. Rien qu’à en juger par certaines de leurs décisions, comme la dissolution des partis politiques et des associations à caractère politique, des arrestations à n’en pas finir des voix dissidentes, ensuite leur attitude à la fois méprisante à l’égard des forces vives de la nation, et surtout leur exclusion de l’élite sociopolitique pour une militarisation à outrance de l’administration. Et pourtant une écrasante majorité du résilient peuple a joué sa grande partition en soutenant souvent au prix de l’ultime sacrifice les tenants du pouvoir dans le vain espoir de voir éclore les grandes promesses d’un Mali totalement libre, souverain et prospère. Comment ne pas s’indigner de voir que c’est le contraire qui se produit sous nos yeux au grand dam du PEUPLE MALIEN.
Youssouf Sissoko
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