Les terroristes ciblent désormais les voyageurs : Dialogue ou guerre totale : le choix difficile

Le visage du terrorisme au Mali a changé. Désormais, ce sont les transporteurs et les voyageurs civils qui paient le prix fort. Des citernes de carburant sont incendiées sur les grands axes stratégiques reliant Sikasso, Kayes et Ségou à Bamako, asphyxiant l’économie et coupant les approvisionnements. Des chauffeurs sont exécutés de sang-froid, d’autres kidnappés, sans aucune revendication. De simples passagers ne sont épargnés par la vague de tuerie.

7 Octobre 2025 - 02:31
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Les terroristes ciblent désormais les voyageurs : Dialogue ou guerre totale : le choix difficile

N’allons-nous pas nous interroger si la seule voie des armes peut-elle résoudre ce conflit ? Où en sommes-nous avec l’une des recommandations du dialogue qui demandait l’instauration d’un dialogue entre le Mali et les groupes terroristes ? 

 Depuis plusieurs semaines, les terroristes ont adopté une nouvelle stratégie, aussi lâche qu’efficace : s’en prendre aux transporteurs et aux voyageurs.

Plus inquiétant encore : sur les routes Ségou–Bamako, Kayes, les groupes armés procèdent à de véritables contrôles routiers illégaux, sous le regard impuissant des voyageurs. Les bilans sont lourds.

Des citernes de carburant ont été incendiées sur les principaux axes reliant Sikasso à Bamako, Kayes à Bamako ou encore sur la route de Ségou. Des chauffeurs de citernes ont été froidement exécutés, d’autres enlevés sans laisser de traces.

Ces derniers jours, plusieurs passagers ont été assassinés, parmi lesquels l’ancien député Kalil Haïdara, figure respectée du paysage politique national. Son meurtre a bouleversé l’opinion publique et relancé le débat sur l’incapacité de l’État à protéger ses citoyens.

L’Etat sur la défensive, la seule arme suffit-elle ?

Face à cette montée spectaculaire des attaques, les autorités tentent de riposter. Des moyens militaires considérables ont été déployés pour traquer les groupes armés. Mais les résultats tardent à se faire sentir. La guérilla, par nature, ne se gagne pas en un jour, et les soldats, malgré un sacrifice immense, peinent à sécuriser l’ensemble du territoire.

La question qui se pose alors est celle de l’efficacité de la seule réponse militaire. Peut-elle venir à bout d’une guérilla qui se nourrit de la pauvreté, du ressentiment et de l’absence de l’Etat dans certaines zones ?

Peut-elle suffire à rétablir la paix dans un pays où les attaques se diversifient et où la population civile dans les bus et autres est désormais en première ligne ?

Le Dialogue inter maliens avait pourtant formulé une recommandation claire : explorer la voie du dialogue avec certains groupes armés pour mettre fin à la spirale de la violence. Cette orientation, approuvée par une large majorité des participants au Dialogue, demeure jusqu’ici lettre morte.

Pourtant, les autorités de transition n’ont cessé d’affirmer que toutes les décisions issues dudit Dialogue étaient contraignantes pour l’Etat. Pourquoi alors cette recommandation clé tarde-t-elle à être appliquée, surtout au moment où les civils sans armes, ni formation en partance ou en provenance de la capitale deviennent les principales cibles de la terreur ?

Jamais, dans l’histoire récente du Mali, les citoyens n’avaient ressenti une telle peur et une telle insécurité. Face à des groupes armés plus audacieux que jamais, il est urgent pour l’Etat de repenser sa stratégie globale : renforcer les moyens militaires certes, mais aussi ouvrir des canaux de négociation, explorer les solutions politiques et sociales, et s’appuyer sur les initiatives communautaires pour isoler les terroristes.

Car une chose est certaine : les armes seules ne ramèneront pas la paix. Sans une approche globale qui combine fermeté, dialogue et réconciliation, le pays risque de s’enfoncer davantage dans une crise sécuritaire dont il peine déjà à se relever.

Hamidou B. Touré

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