IKAM – Ségou : Rentrée de la 3e promotion du programme Master
L’Institut Kôrè des Arts et Métiers (IKAM) a donné, au Centre culturel Kôrè de Ségou, le coup d’envoi de la 3ᵉ promotion de son programme de Master avec une conférence inaugurale placée sous le thème : « Economie créative et propriété industrielle ». Cette rencontre, à la croisée de la culture et du droit, a permis d’explorer les enjeux de la protection des œuvres artistiques dans un monde en pleine mutation technologique.
Dès l’ouverture, Salia Mallé, chef de cabinet du département en charge de la culture, a posé le décor en rappelant l’importance du code Maaya, un ensemble de valeurs culturelles qui fondent la dignité, les droits et la solidarité communautaire.
« C’est en se basant sur le code Maaya qu’on peut défendre ses droits », a-t-il affirmé, insistant sur l’urgence d’inculquer cette approche aux futurs acteurs culturels.
Il a souligné que les formations proposées par l’institut ne se limitent pas à l’acquisition de compétences techniques : elles visent aussi à donner aux étudiants les moyens de protéger leurs intérêts et ceux de leurs proches dans un secteur souvent peu structuré.
Pour lui, la situation du secteur musical illustre bien l’importance de cette approche : « Tant qu’il ne sera pas correctement réglementé, il continuera de générer des pertes économiques considérables. Il est temps d’ouvrir le débat et de poser des actes concrets pour la protection des artistes », a-t-il plaidé.
La question de l’identité culturelle a également été au cœur des interventions. Mamadou Ndiaye, membre du panel, a tenu à rappeler que la culture reste le socle sur lequel toute création doit s’appuyer.
« Chaque homme, s’il n’a pas un soubassement culturel, n’existe pas », a-t-il lancé, appelant les jeunes créateurs à ne jamais dissocier innovation et tradition.
Abordant les défis liés aux avancées technologiques, il a souligné que l’intelligence artificielle bouleverse profondément les modèles économiques dans le domaine de la création. La protection des œuvres, selon lui, doit désormais être repensée pour répondre à ces nouvelles réalités : « Nos biens immatériels sont exploités à 90 % par d’autres. C’est cela, aujourd’hui, le véritable combat », a-t-il averti.
Des perspectives
La conférence s’est enrichie d’un panel animé par Abdoulaye Konaté et Mamadou Ndiaye, qui ont passé en revue les défis, enjeux et perspectives des industries créatives au Mali et en Afrique. Ils ont insisté sur la nécessité d’adopter des mécanismes juridiques et institutionnels capables de protéger et de valoriser la production artistique locale.
Abdoulaye Konaté a notamment illustré ses propos à travers plusieurs cas pratiques relatifs aux droits d’auteur, mettant en lumière les lacunes à combler pour assurer une protection efficace des créateurs.
En réunissant experts, enseignants et étudiants, cette conférence inaugurale a confirmé la vocation de l’IKAM : former une génération de professionnels capables de s’imposer dans l’économie créative mondiale, tout en maîtrisant les outils juridiques nécessaires à la défense de leurs œuvres.
Dans un contexte où les frontières entre culture, innovation et économie s’effacent, le pari de l’institut est clair : faire des créateurs d’aujourd’hui les acteurs souverains de leur destin artistique et industriel.
Yaye Astan Cissé
Quelle est votre réaction ?






