Edito : Libérons la parole pour une vraie réconciliation !

Avant-hier lundi, le PM malien a lancé, au nom du Chef de l’Etat, la 4ème édition de la Semaine nationale de la réconciliation (Senare).

18 Sep 2025 - 08:29
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Edito : Libérons la parole pour une vraie réconciliation !

L’évènement  qui est en train de  se tenir  du  15 au 22 septembre au CICB,  va traiter du  thème : «Héritage culturel : facteur de paix et de cohésion sociale dans l'espace AES».  Pour sa réussite, le  Général Abdoulaye Maïga,  a exhorté les Maliens à s’en approprier  et à en faire « un moment inoubliable pour se parler, dialoguer, se comprendre et se pardonner ».  

Ces vœux du PM sont  évidemment merveilleux. Mais  pour asseoir une vraie réconciliation  nationale  dans l’AES, en l’occurrence dans  notre pays, plongé depuis plus d’une décennie dans une crise multidimensionnelle, ne devons-nous pas sortir  de l’exclusivité  des idées en acceptant  une vraie inclusivité. Où tous les citoyens,  quelques soient leurs opinions, puissent librement s’exprimer. Oui, notre pays, le Maliba, en a besoin.   Nous  devons, plus que jamais,  nous  départir  d’une approche réductrice du concept de réconciliation  pour  sa vision holistique.

Mais il semble un vœu pieux lorsque, au même moment où les dirigeants prônent la réconciliation, de nombreux citoyens  maliens ont de plus en plus peur de donner leurs opinions sur des questions nationales au risque de se retrouver derrière les barreaux d’une prison. Ou être  considéré comme un paria. N’est-ce pas que toute voix discordante  à celle des autorités maliennes est  mal  perçue ? Ces auteurs ne sont-ils pas  traités par les soutiens présumés  du régime comme des traitres et apatrides ?       

L’appel du PM  à faire de de la recherche de la concorde un réflexe quotidien » est une bonne chose.  Cependant, il reconnait lui-même   que  « Le chemin de la réconciliation et de la paix est long, certes, les défis sont immenses, mais avec notre volonté commune, la réconciliation est à notre portée et la paix est possible ». Des assertions  qui ne souffrent d’aucune fausseté. Mais hélas, on ne perçoit  aucun  réel  reflet dans nos  pratiques  et comportement  quotidiens.  Au contraire  certains maliens se sont  donné  le pouvoir de catégoriser leurs concitoyens  en bons et mauvais,  sur la simple base des opinions.  Qu’est-ce que le pouvoir  envisage  désormais  pour que ces gens, présumés défenseurs du régime, cessent in fine  leurs diatribes sur les réseaux sociaux  contre  d’autres maliens ?  

Oui  le  « Sinankuya »  (plaisanterie parentale), le  « Siguignogonya » (conciliation), le « Bouranyan »  et le « Nimogoya » (solidarité)  sont  et « restent des leviers essentiels pour restaurer la confiance et renforcer la cohésion sociale ».  Ces traditions  séculaires ont pu et continuent de régler  les conflits familiaux,  intra et intercommunautaires. Nous les avons heureusement  conservés au Mali. Cependant,  elles ont tendance  à s’effacer  au profit hélas  de  comportements  de plus en plus  haineux   sur les  réseaux sociaux. Où chacun voit son prochain en chiens de faïence.

 Pour  asseoir  une vraie réconciliation nationale au Mali,  nos autorités doivent  instamment  créer un  vrai climat de  confiance  avec les populations  sans exclusive. Ce, afin  que chaque individu puisse pleinement jouer  sa partition dans l’édification de la nation.  Mais faudrait-il que la parole se libère !

 

Gaoussou Madani Traoré

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