Edito : Libérons la parole pour une vraie réconciliation !
Avant-hier lundi, le PM malien a lancé, au nom du Chef de l’Etat, la 4ème édition de la Semaine nationale de la réconciliation (Senare).

L’évènement qui est en train de se tenir du 15 au 22 septembre au CICB, va traiter du thème : «Héritage culturel : facteur de paix et de cohésion sociale dans l'espace AES». Pour sa réussite, le Général Abdoulaye Maïga, a exhorté les Maliens à s’en approprier et à en faire « un moment inoubliable pour se parler, dialoguer, se comprendre et se pardonner ».
Ces vœux du PM sont évidemment merveilleux. Mais pour asseoir une vraie réconciliation nationale dans l’AES, en l’occurrence dans notre pays, plongé depuis plus d’une décennie dans une crise multidimensionnelle, ne devons-nous pas sortir de l’exclusivité des idées en acceptant une vraie inclusivité. Où tous les citoyens, quelques soient leurs opinions, puissent librement s’exprimer. Oui, notre pays, le Maliba, en a besoin. Nous devons, plus que jamais, nous départir d’une approche réductrice du concept de réconciliation pour sa vision holistique.
Mais il semble un vœu pieux lorsque, au même moment où les dirigeants prônent la réconciliation, de nombreux citoyens maliens ont de plus en plus peur de donner leurs opinions sur des questions nationales au risque de se retrouver derrière les barreaux d’une prison. Ou être considéré comme un paria. N’est-ce pas que toute voix discordante à celle des autorités maliennes est mal perçue ? Ces auteurs ne sont-ils pas traités par les soutiens présumés du régime comme des traitres et apatrides ?
L’appel du PM à faire de de la recherche de la concorde un réflexe quotidien » est une bonne chose. Cependant, il reconnait lui-même que « Le chemin de la réconciliation et de la paix est long, certes, les défis sont immenses, mais avec notre volonté commune, la réconciliation est à notre portée et la paix est possible ». Des assertions qui ne souffrent d’aucune fausseté. Mais hélas, on ne perçoit aucun réel reflet dans nos pratiques et comportement quotidiens. Au contraire certains maliens se sont donné le pouvoir de catégoriser leurs concitoyens en bons et mauvais, sur la simple base des opinions. Qu’est-ce que le pouvoir envisage désormais pour que ces gens, présumés défenseurs du régime, cessent in fine leurs diatribes sur les réseaux sociaux contre d’autres maliens ?
Oui le « Sinankuya » (plaisanterie parentale), le « Siguignogonya » (conciliation), le « Bouranyan » et le « Nimogoya » (solidarité) sont et « restent des leviers essentiels pour restaurer la confiance et renforcer la cohésion sociale ». Ces traditions séculaires ont pu et continuent de régler les conflits familiaux, intra et intercommunautaires. Nous les avons heureusement conservés au Mali. Cependant, elles ont tendance à s’effacer au profit hélas de comportements de plus en plus haineux sur les réseaux sociaux. Où chacun voit son prochain en chiens de faïence.
Gaoussou Madani Traoré
Quelle est votre réaction ?






