Chronique : Festival

Question à un panier de noix de colas : combien de festival existe-t-il au Mali ? 20, 60 ou 100 ? Mystère et boule de gomme, car entre les anciens et les nouveaux, les grands et les moins grands, durant les 12 mois de l’année on assiste à l’organisation d’une multitude de festivals çà et là

28 Juillet 2025 - 01:15
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Chronique : Festival

Il y a des évènements avec des structures d’organisation bien rodées qui drainent des milliers de personne chaque année, et il y en a d’autres qui, au vu des images diffusées à la télé, ont de la peine à fédérer une centaine de personnes. Beaucoup d’organisateurs n’hésitent pas à insérer le mot « international » à leur festival, alors même qu’ils ont du mal à imprimer un caractère régional à leur manifestation. Pendant que certains meurent de leur belle mort faute de moyens financiers, d’autres ont des régularités cycliques, ne se tenant que lorsqu’un généreux donateur accepte de mettre la main à la poche.

Si l’existence de certains festivals est un signe positif de la vitalité de la culture, de l’art et de l’artisanat maliens, d’autres gagneraient sincèrement en notoriété en se fusionnant. Car, à l’image des associations ou des partis politiques, en la matière aussi, l’abondance n’est pas forcément un signe de qualité et d’efficacité. Au Mali, certaines personnes se sont spécialisées en « charity business » à travers des activités caritatives à but… lucratif. On profite du malheur des autres pour pouvoir se faire un créneau qui puisse assurer la dépense quotidienne. De même, certains organisateurs de festival, loin du souci du rayonnement culturel de leur contrée, pensent avoir trouvé le bon filon pour assouvir leurs rêves d’aisance. Et il n’est pas rare, dans une même région, voire dans un même cercle de voir deux ou trois festivals organisés dans le même mois.

Il y a comme une sorte de course à la concurrence alors que la première vocation d’un festival, comme son nom l’indique, c’est d’abord la promotion culturelle, artisanale et artistique. A travers le monde, certains grands festivals ont commencé par l’organisation de kermesses avec des bénévoles. Progressivement, ils ont pu mettre en place des structures légères et homogènes pour parvenir à grandir et à fidéliser les participants. Ils ont ainsi pu bénéficier de financements publics ou de collectivités, car reconnus d’utilité publique. Et s’ils brassent des millions, l’esprit de bénévolat demeure toujours pour des centaines de personnes travaillant autour de l’organisation. En un mot, ils ont su évoluer en allant de l’infiniment petit vers un grand évènement.

Et chaque année, la programmation apporte des nouveautés pour éviter que le public qui y participe ne se lasse du déjà vu ou du déjà entendu. De même, les retombées socioéconomiques sont bien visibles, puisque chaque grand festival a son site, les hôteliers et les restaurateurs locaux font de bons chiffres d’affaires, sans compter les autres secteurs comme les producteurs maraichers, les transporteurs, les boucheries voire les habitants qui hébergent certains participants. 

Peut-être que le temps de la réflexion est arrivé pour voir comment mieux organiser nos différents festivals en leur imprimant des caractéristiques et une identité propre. Le « Festival des Masques de Markala » fait partie des doyens dans notre pays et s’est fait sa place loin de la frénésie dépensière qui entoure d’autres évènements similaires. A l’avenir, il pourrait, si les calendriers sont bien organisés, être une continuité ou le prélude au festival de Ségou, ce qui donnerait deux évènements majeurs pour la 4e région. On pourrait ainsi en faire autant pour les autres régions pour qu’on puisse enfin avoir une saison harmonisée des festivals et que les uns et les autres ne se chevauchent plus pour tomber dans un anonymat synonyme de leur disparition.

En tout cas, s’il est vrai que chaque festival cherche à promouvoir les valeurs culturelles d’une contrée donnée, c’est l’union qui fera la force des différentes manifestations. Car il serait quand même dommage d’organiser certains évènements uniquement pour les populations locales d’une zone alors qu’il serait plus intéressant d’amener des Maliens d’autres horizons venir découvrir les us et coutumes locales, à travers un brassage social. Il ne s’agit pas d’une course aux fonds ni d’un concours de qui réussira à faire le meilleur festival, mais bien d’une stratégie de développement local à travers le vecteur de la culture.

Salif SANOGO

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