Editorial: la liberté de s’exprimer et le devoir de s’assumer

Oui. Le ‘’Vieux’’ a repris la plume. Non par nécessité, mais par vocation que ne semble pas partager cet ex-leader politique, notre éditorial de ce lundi. Apologie du putsch ou réalisme politique ?

16 Juillet 2025 - 09:38
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Editorial: la liberté de s’exprimer et le devoir de s’assumer
El Hadj Sambi Touré

Pour notre faiblesse d’intelligence, nous pensions qu’en démocratie, chaque citoyen avait la liberté de penser et d’expression, que la défense de la patrie était un devoir pour tous, que tout citoyen a le devoir d’œuvrer pour le bien commun, et que tout citoyen investi d’un mandat public ou d’une mission de service public (comme un journaliste) a le devoir de l’accomplir avec conscience, loyauté et probité.

Devrions-nous rappeler à tous ceux qui espèrent trouver en Info-Matin un relais de leurs opinions subversives et de leurs prises de position qu’ils ont peur d’assumer publiquement, que le Quotidien ‘’des sans voix’’ n’est porteur que des voix sereines et exprimées dans le confort de la démocratie et dans l’intérêt strict du peuple malien, dont certains ont, semble-t-il, oublié comme leurs premières chaussettes.

Il faudrait aussi noter que faire la politique est un choix, comme faire le journalisme. Nous déplorons aujourd’hui comme chaque démocratie et chaque patriote de ce pays la conduite hasardeuse de notre transition, certaines décisions difficilement défendables, des mesures liberticides prises au nom d’une sécurité alibi, des taxes impopulaires qui étouffent les populations, des faits de prince institutionnels qui enterrent la démocratie.

Mais lorsque ceux qui doivent être les premiers sur les remparts se cachent derrière les journalistes et les videomans kriti-kratas pour estimer, faire le combat pour la démocratie et faire comprendre aux militaires que leur vocation n’est pas de s’éterniser au pouvoir, c’est l’espoir de toute une nation qu’ils enterrent. Pour quelle sacro-sainte raison les journalistes devraient-ils se substituer à ces déserteurs du combat démocratique pour couvrir leur capitulation et leur lâcheté ? Quand on montre aux militaires qu’on a peur de la prison et de la mort, alors que chaque jour, eux, ils les affrontent au prix de leur vie, pourquoi voudriez-vous qu’eux, ils se fassent massacrer tous les jours pour que vous vous partagiez le pouvoir à Bamako dans la corruption et dans l’impunité ?

Nous ne sommes pas fans et supporters d’Assimi Goïta outre mesure ; mais nous ne sommes aucunement contre lui parce qu’il est militaire. Nous sommes, comme tous les Maliens, à 1000% derrière les forces armées et de sécurité de notre pays, convaincus qu’elles sont les seules à pouvoir assurer à notre pays dignité, souveraineté et prospérité. Qu’on donne, pour ce faire, le temps au temps, comme disent les Maures, Ya Melou. Mais quand on n’est pas d’accord, qu’on ait le courage, comme chaque Malien, libre d’opinion et d’expression, de le dire sans crainte et sans se cacher derrière les journalistes. U be an bila kasso la, U be an bila kasso… Thurrr ! Waxati sera, a ka ka tiè ye. Allah te jigi ka mogossi ka kele ke.

Même demain, Asso ta nayé.

Lorsqu’il eut reçu le serment de fidélité de ses compagnons après la mort du prophète (PSL), le nouveau calife, de son vrai nom Abdallah Ibn Abu Qouhafa, plus connu comme Abou Bakr As-Siddiq, leur tint ce discours : ‘‘Me voici chargé du soin de vous gouverner ; si je fais bien, aidez-moi ; si je fais mal, redressez-moi. Dire la vérité au dépositaire du pouvoir est un acte de zèle et de dévouement ; la lui cacher est une trahison. Devant moi, l’homme faible et l’homme puissant sont égaux ; je veux rendre à tous une impartiale justice ; si jamais je m’écarte des lois de Dieu et de son prophète, je cesserai d’avoir droit à votre obéissance’’.

Pourquoi ne se renforcent-ils pas de courage pour aller voir à Koulouba le général Assimi Goïta pour lui exprimer leur désaccord et leur opposition à son nouveau mandat de 5 ans sans élection ? Pourquoi sont-ils allés voir IBK qui en avait légalement pour lui dire : an tè, a bana, a ka bila. Ayi u ye a bè dje.

Depuis le 10 juillet 2025, une nouvelle page institutionnelle s’ouvre dans notre pays. Pour Info-Matin, elle doit être écrite avec responsabilité, lucidité et engagement envers notre peuple. Pour y arriver, nous devrions, chacun et tous, œuvrer pour éviter l’enlisement de la transition au cours de laquelle nous devrions recentrer nos efforts et nos priorités sur la cohésion nationale et l’unité. Un pays ne peut vivre indéfiniment dans une transition, de laquelle il faut savoir sortir.

Notre pays est une vieille nation de tolérance et de réconciliation. Elle ne peut être ad vitam ad aeternam dans l’agitation et la défiance. Le président de tous les Maliens ferait œuvrer utile de lever la suspension des partis politiques, les associations à caractère politique et d’appeler les Maliens au sursaut national et à la réconciliation des cœurs et des esprits, d’organiser des élections pour mettre un terme à la transition, conformément à la lettre de cadrage du président au PM.

Voici ce que pense Info-Matin. Mais personne ne mangera son piment dans sa bouche. Que chacun s’assume et fasse son métier, et les vaches seront mieux gardées.

EL HADJ SAMBI TOURE

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