Edito : honteux acharnement
Jadis pays de reconnaissance, d’hospitalité, de solidarité, de tolérance et d’humanisme, le Mali est devenu aujourd’hui un pays méconnaissable tant y règnent la haine et la vengeance.

Jamais les valeurs d’humanisme et de tolérance n’ont été aussi malmenées, piétinées et vouées aux gémonies que sous cette transition. Jamais les sentiments de détestation, de règlement de compte voir de vengeance n’ont été aussi développés et entretenus que sous cette période transitoire. Bref toute cette rhétorique cynique n’a pour but que de dépeindre une réalité, celle que l’on ne peut plus cacher, à savoir l’humiliation qu’on a infligée à cette sexagénaire et ancienne ministre Mme Bouaré Fily Sissoko. L’édito, loin d’être une, est une dénonciation de l’horrible acte qui a révulsé le Pays entier et bien au-delà, celui d’emmener par la force et sur une civière l’ancienne ministre des finances du Mali, pour être jugée. Mme Bouaré Fily Sissoko est arrivée à la Cour d’Appel de Bamako le 22 mai 2025 drapée et transportée sur une civière, parce que ne pouvant se tenir debout. La nouvelle a fait trembler le Pays et a suscité une amère indignation, une colère noire et une incompréhension. Elle a été tellement mal accueillie par l’opinion, que cette dernière se dit déçue, surtout quand on sait qu’au-delà de son âge, de sa noblesse, Mme Bouaré Fily Sissoko a servi le Mali pendant plus de 40 ans avec dévouement, dextérité, désintérêt et honnêteté. Comment peut-on traiter de façon inhumaine et dégradante une aussi valeureuse cadre toujours présumée innocente, comme un vulgaire malfrat ? Ce traitement ignoble n’a d’égal ni au Mali, ni en Afrique, ni dans aucun autre pays civilisé !
En détention préventive depuis près de quatre ans, Mme Bouaré Fily Sissoko est poursuivie dans l’affaire dite de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Pendant quatre ans elle ne cesse de clamer son innocence et demander la tenue du procès afin que la vérité puisse éclater au grand jour. Pendant quatre ans elle a tapé à toutes les portes, non pas pour implorer la clémence d’un détenteur d’un quelconque pouvoir encore moins du prince du jour, mais pour demander la tenue de son procès afin que le peuple malien sache la vérité et toute la vérité dans cette rocambolesque affaire. Femme d’honneur et de dignité elle a voulu laver l’affront qu’on lui a infligé afin que ses parents, amis et proches, en général et ses progénitures, en particulier puissent avoir la conscience tranquille. La question qui taraude les esprits de bon nombre de citoyens est celle de savoir comment celle qui a consacré une bonne partie de sa vie à servir le Mali avec amour, passion, rigueur, compétence et intégrité morale pourrait être humiliée de la sorte. La décence voudrait bien qu’on reconnaisse les sacrifices qu’elle a consentis pour la patrie. De la Douane malienne où elle occupa des hautes fonctions jusqu’au poste de Directrice Générale Adjointe, au délicat poste de ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières. Comment peut-on humilier celle qui passe aujourd’hui pour être la première femme ministre de l’économie et des finances ? Qui ne se rappelle de son passage à la prestigieuse Commission de l’UEMOA, Mme Bouaré Fily Sissoko est à coup sûr de cette espèce rare des femmes qui incarnent probité morale, compétence, désintérêt, valeurs de dignité et d’honneur, c’est pourquoi elle demande Urbi et Orbi que se tienne son procès pour que la vérité puisse triompher et que son honneur soit préservé. Pour rappel après avoir été suspendu le 9 octobre 2024,après le constat du manque de preuves et d’arguments de ses accusateurs , le procès de Mme Bouaré Fily Sissoko et Compagnie devait reprendre le 22 mai 2025, mais après constat, la principale accusée, venue sur une civière, n’était pas dans des bonnes prédispositions physiques de tenir, c’est pourquoi le procès a été renvoyé au 2 juin 2025. Il ne reprendra qu’après constat par un médecin assermenté, qui certifiera ou non de sa capacité physique à pouvoir tenir débout ou assise pendant le procès. Bref on dira que le temps de la justice n’est pas celui du citoyen lambda, sinon la question que beaucoup se posent est celle de savoir pourquoi attendre quatre ans pour tenir un procès dont les éléments d’appréciation ne sont pas loin ? C’est pourquoi beaucoup d’observateurs parlent d’acharnement, de vengeance, voire de haine.
Youssouf Sissoko
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