Niono : Une partie de pêche tourne au drame !

Le 27e jour, du mois de ramadan 2023, un drame que personne n'est prêt à oublier s'est déroulé à Niono.

19 Juillet 2025 - 02:00
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Niono  : Une partie de pêche tourne au drame !

La crise sécuritaire a montré son véritable visage aux paisibles populations. Ce jour-là, une partie de pêche entre camarade d'enfants de même classe d'âge a curieusement tourné au drame aux abords du fleuve Niger.

Dans la localité, la pêche au fleuve Niger reste une pratique courante et l'attraction phare des enfants durant leur temps libre. Généralement, ils se rassemblent au bord du cours d'eau pour s'adonner joyeusement à cette activité pendant les après-midis. Pour nombre d'enfants de Niono la pêche constitue une passion. Au-delà, elle joue un rôle capital dans la vie des populations riveraines.

Mamadou Dembélé, élève à l'école franco-arabe en classe de 5e année, âgé de 12 ans et ses amis d'enfance avaient organisé une partie de pêche pour s'épanouir.  Arrivés au bord du fleuve en compagnie de ses camarades, il vit un fil de terre qui trainait par terre, il se détacha du groupe pour ramasser l'objet et se mit à le tirer imprudemment vers lui-même. Ce fut alors le feu aux poudres.

Comme nous enseigne un proverbe bamanan : "Ni ko ma ke ko té don", un terme qui signifie : "Lorsqu'un fait ne déroule pas, la réalité n'apparaît pas au grand jour".

A la surprise générale, le fil était relié à un engin explosif dissimulé dans le banc de sable au même endroit. Soudain, celui-ci explosa dans la foulée. Le bruit de l'explosion attira les riverains vers le lieu de crépitation. Entre-temps, la puissance et la violence de la détonation avait projeté Mamadou dans le fleuve Niger. En réalité une mine artisanale aux effets dévastateurs venait de se déchaîner en force.

Les riverains arrivèrent précipitamment de toutes parts pour sauver le petit garçon au bord de la noyade dans le cours d'eau. Il fut extrait du cours d'eau grièvement blessé le visage ensanglanté. Séance tenante Mamadou fut évacué d'urgence au centre de santé le plus proche du lieu de l'accident qui le transféra à l'hôpital de Ségou compte tenu de la gravité de ses blessures pour subir des soins intensifs.  

Les blessures lui valurent trois mois d'hospitalisation.  Son père, ouvrier agricole, a mobilisé toutes ses ressources pour tenter de sauver son fils, jusqu'à s'endetter lourdement et perdre ses moyens d'existence. Malgré tous les efforts engagés, Mamadou a définitivement perdu la vue à la suite de ses blessures.

L'accident a fini par entraîner la rupture des études à l'école franco-arabe. Aujourd'hui, il est inscrit à l'Ecole des jeunes aveugles de Missala, situé à proximité de la banlieue de Kouralé, ainsi que de Gouana tentant de reconstruire sa vie tant bien que mal.

Ce jeune garçon, victime innocente d'un conflit qu'il ne comprend pas et auquel il n'a jamais pris part, incarne la souffrance silencieuse de nombreux enfants maliens affectés par les violences armées. Depuis son accident, Mamadou a changé d'univers scolaire et est inscrit dans une école spécialisée en première année scolaire.

Malgré la cécité, il s'est illustré un excellent élève à travers sa performance scolaire. Le garçon est courageux, imbattable dans les études à force de persévérance, il est devenu premier de sa classe. Son histoire tragique attire de la compassion et mérite d'être portée à la connaissance de l'Etat. Son parcours a été tragiquement bouleversé à la suite d'un accident que son exemple nous serve amplement de leçon en vue de prendre les meilleures dispositions dans les zones de conflit.

  Aboubacar Eros Sissoko

  (artiste-écrivain

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