Les Soliloques d’Angèle : Et si l’Afrique et le Mali se regardaient dans le miroir ?
Notre Afrique est jeune, riche, pleine d’énergie. Le Mali aussi. Mais entre potentiel immense et défis brûlants, ce continent – et ce pays au cœur du Sahel – avancent souvent à contre-courant de leurs promesses.

Ce que l’Afrique a de plus beau à offrir, c’est une jeunesse dynamique (60 % ont moins de 25 ans, selon le FNUPA, 2023) ; un trésor de ressources naturelles (entre 20 et 90 % des réserves mondiales de 11 minéraux essentiels à la transition énergétique, selon l’ONG NRGI) ; une terre d’innovation numérique (570 millions de personnes connectées en 2024, selon l’UIT). Mais seulement 43 % de la population a accès à l’électricité (IEA, 2023), et une dizaine de zones de conflit ont été identifiées sur le continent (Crisis Group, 2023).
Parlant de chez nous, le Mali, à l’image du continent, incarne aussi ce paradoxe : 3ᵉ producteur d’or d’Afrique, 43 % de terres exploitables pour l’agriculture (FAO, 2021), une position géographique stratégique, une force de résilience que beaucoup de pays nous envient… Mais aussi des difficultés à saisir les opportunités, une dépendance alimentaire encore trop forte, une insécurité persistante, et un faible taux d’alphabétisation (35,5 % en 2022 selon l’INSTAT Mali).
Et pourtant…Au-delà des statistiques, il y a des visages, des mains, des rêves. Il y a cette jeunesse qui n’attend qu’une chose : qu’on lui tende la main, qu’on l’écoute, qu’on l’équipe. Il y a cette classe d’intellectuels montante, déterminée à changer jusqu’aux fondements de l’édifice. Il y a ces hommes dont on n’entend pas la voix, mais dont les mains bâtissent dans l’ombre et l’humilité.
L’Afrique, comme le Mali, n’a pas besoin de pitié. Ce dont nous avons besoin, ce sont des partenaires ; pas d’une aide conditionnée, mais de confiance. Cette phrase revient dans toutes les bouches. Les opportunités dont regorge le continent sont connues : elles sont relatées dans les magazines, les journaux, expliquées et présentées par les théoriciens et les journalistes économiques de tous bords, sur tous les continents depuis des décennies.
Mais pourquoi certains pays ne décollent-ils pas comme d’autres en Afrique ? C’est une question que beaucoup se posent. Si le Rwanda a réussi à mettre son plan Vision 2050 sur les rails, si le Sénégal a lancé son Plan Sénégal Émergent (PSE), si le Bénin met en œuvre son Plan National de Développement (PND) et que ces efforts semblent porter leurs fruits, même lentement… Pourquoi devrions-nous croire que d’autres pays comme le Mali, ou les deux Guinée, ne pourraient pas, eux aussi, trouver leur nouveau souffle ?
Le décollage est-il une question de vision, de stabilité, d’éducation, de volonté politique ? Peut-être qu’un jour nous aurons une vraie réponse ! Ou peut-être devrions-nous la chercher en chacun de nous, plutôt que de l’attendre des autres.
Nous ne finirons jamais de faire l’analyse « SWOT » de nos pays et bien que «comparaison ne soit pas raison», «apprendre de l’expérience des autres, c’est éviter des déconvenues ». Et cela vaut pour chacun d’entre nous.
Parce que c’est notre Mali.
Muriel Jules
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