Le franc CFA à l’épreuve du temps : L’AES et le défi de la souveraineté monétaire

Malgré le fait que les sceptiques et détracteurs du nouvel ensemble sous-régional jouent aux cassandres, l’AES n’est pas loin de sonner le glas de cette monnaie de servitude dans ses états membres.

21 Juillet 2025 - 13:44
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Le franc CFA à l’épreuve du temps : L’AES et le défi de la souveraineté monétaire

Faute d’accord sur la présidence tournante, qui revenait de droit au Burkina Faso, conformément aux textes statutaires, les ministres des Finances des pays de l’AES, ulcérés, ont boycotté les travaux de la session du Conseil des ministres de l’UEMOA.

L’opinion ouest-africaine de la zone franc a appris sans grande surprise pour sa composante avisée, ce qui s’est passé le 11 juillet dernier à Lomé, au cours de la 2è session ordinaire annuelle du Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Un déni de droit à l’égard du Burkina Faso suite à l’absence de consensus sur la désignation de ce pays pour assurer la présidence tournante du Conseil, conformément aux dispositions du Traité de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA).

En effet, conformément à l’article 11 du Traité de l’UMOA, la présidence du Conseil des ministres est assurée, à tour de rôle, par l’un des ministres chargés des Finances des Etats-membres, pour un mandat de deux ans. Après le Bénin, selon l’ordre alphabétique, il échoit au Burkina Faso de prendre le relais. Coup de théâtre, c’était sans compter le véto des présidents, ‘’démocratiquement élus ‘’. Ceux-ci redoutent la sortie inéluctable des pays de l’AES du franc CFA et les conséquences ultérieures à gérer.

Les prétextes invoqués : insécurité, relations ultra tendues avec la France. L’utilisation de cette monnaie ‘’nazie ‘’ ressemble aux jongleries d’une arène de cirque (pendant la seconde guerre mondiale l’Allemagne a appliqué le même système monétaire à la France que celle appliquée par cette dernière aux Africains depuis plus de 60 ans).

Les pays où le CFA a cours sont floués : de 1945 à 1959, la dénomination de cette monnaie était : le Franc des Colonies françaises d’Afrique (CFA). Avec l’avènement des indépendances factices, en 1960, la dénomination a été édulcorée : le Franc de la Communauté financière d’Afrique (CFA). Du pareil au même.

Comme s’ils avaient pressenti l’incident du 11 juillet 2025, les chefs d’Etat de l’AES, ont porté sur les fonts baptismaux une banque confédérale d’investissement et de développement, dotée d’un capital de 500 milliards de FCFA. Parallèlement, en filigrane, verra le jour un fonds souverain de stabilisation !

En dépit des initiatives entreprises pour baliser le terrain de son départ du FCFA, certains sceptiques et détracteurs du nouvel ensemble sous-régional jouent aux cassandres. Fustigeant la perspective de la création de la nouvelle monnaie, ils exhibent l’épouvantail d’un plongeon dans l’inconnu, d’un risque d’instabilité, d’un isolement économique, d’une inflation. A les écouter, c’est renoncer aux taux bonifiés du marché régional, aux transferts massifs des diasporas depuis Abidjan et Dakar.

La face cachée de cette histoire de FCFA est à rechercher au niveau de la hiérarchie de la Banque Centrale Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Dont plusieurs agents sont les thuriféraires du maintien du FCFA. Et ne scieraient pour rien au monde la branche sur laquelle ils sont assis. 

La France a à cœur de maintenir les 14 Etats où le CFA a cours dans l’esclavage, malgré l’inéluctabilité du retrait des pays de l’AES de la zone franc.

Selon Nicolas Agbohou, professeur associé à l’Institut Cheick Anta Diop de l’Université du Gabon, enseignant les sciences techniques économiques en France, auteur de l’essai économique ‘’ Le franc CFA et l’Euro contre l’Afrique ‘’, le mouvement de l’AES est irréversible. Ça sonne le glas du crépuscule de cette monnaie de servitude. Malheureusement le citoyen pusillanime n’est pas au parfum de la réalité historique du CFA : l’Algérie a quitté le franc CFA en créant le dinar algérien, idem pour le Vietnam qui a créé le dong, idem pour la Mauritanie qui a créé l’Ouguiya. Ces pays ne se sont pourtant pas effondrés après leur départ du CFA. Alors, l’AES aussi va survivre à l’instar des pays sus- cités, malgré les embuches érigées.

Mohamed Koné

 

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