Confédération de l’AES : Le virage vers la monnaie ?
Les appréhensions relatives à la monnaie commune de la confédération AES taraudent les esprits. Les 3 pays vont-ils réussir le pari de cet ambitieux projet souverainiste ?

Avec leur récent retrait de la Commission de l’UEMOA, les dirigeants de la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) semblent confirmer leur marche vers la souveraineté monétaire.
En effet, rejetant la domination néocoloniale à la sauce de la France macronienne, les autorités de l’AES ont décidé de quitter la conférence de la commission de l’organisation économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest. Ce qui a servi à enfler les rumeurs de la création imminente de la monnaie de l’AES.
En effet, après le lancement du passeport confédéral, le Burkina Faso, le Mali et le Niger s’acheminaient progressivement vers la création de la monnaie commune.
Certaines sources affirment que le processus de lancement de cette monnaie était déjà mis en branle au niveau des experts. Mais la question qui se pose est de savoir si ces trois pays sont véritablement prêts à cette innovation monétaire. Le niveau de développement socio-économique de ces trois pays est-il compétitif avec les exigences de cette monnaie unique confédérale ? Quid de la compatibilité des données macro-économiques de ces trois économies du Sahel ? Sur quoi va reposer la solidité de cette monnaie de la confédération de l’AES ? Nos ressources minières, généralement exportées à l’état brut, permettront-elles de soutenir cette révolution monétaire ? Rien n’est moins sûr.
Par ailleurs, des inquiétudes sont fortes quant à la convertibilité de cette future monnaie. Quel sera son taux de change avec le franc CFA, la monnaie de l’héritage colonial ? N’y aura-t-il pas des manœuvres visant à saboter la création de cette monnaie commune par des Etats voisins comme la Côte d’Ivoire ?
Toutes ces questions et d’autres préoccupations techniques suscitent un scepticisme ambiant par rapport à ce projet de création de la monnaie de la confédération AES.
Il urge donc que les hauts dirigeants de l’AES réfléchissent et examinent avec des loupes expertes les tenants et les aboutissants de ce projet marquant de la souveraineté et de la renaissance panafricaine. Car, il serait hasardeux et hautement risqué de se jeter dans cette expérience monnétaire sur de simples coups de têtes ou des sautes d’humeurs. Surtout que le Mali ne saurait oublier son expérience précédente de monnaie nationale. Sans oublier que les rivalités entre les trois pays concernés n’est pas une vue de l’esprit. A-t-on oublié que, dans un passé récent, le Burkina Faso et le Mali étaient en guerre, pour des divergences idéologiques fondamentales ?
En outre, quel sera l’avenir même de la confédération AES et de sa future monnaie dans la perspective d’un changement majeur d’orientation politique dans l’un de ces trois pays ? Ce qui est sûr, c’est que les dirigeants ont besoin de s’entourer de conseils et consultations nécessaires des forces vives et des spécialistes des questions financières. Cela évitera de se lancer dans une aventure préjudiciable aux intérêts des populations du sahel.
Boubou SIDIBE /maliweb.net
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