Ouagadougou : Un douanier voulant multiplier son argent se fait avoir par un marabout

Un marabout de 52 ans, accusé d’avoir escroqué un fonctionnaire des douanes sous couvert de rituels mystiques pour multiplier de l’argent, a été condamné à un an de prison avec sursis. Récit d’un procès où magie et justice se sont affrontées.

3 Août 2025 - 10:20
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Ouagadougou : Un douanier voulant multiplier son argent se fait avoir par un marabout

À la barre, les illusions se dissipent. Ce mardi 29 juillet 2025, la salle d’audience du Tribunal de grande instance Ouaga I a vibré au rythme d’un procès peu ordinaire. Accusé d’« escroquerie par pratiques de maraboutage », Ousmane Sawadogo (nom d’emprunt), 52 ans, y comparaissait seul. Pourtant, derrière les faits, c’est toute une chaîne de croyances, de crédulité – et de complicités en cavale – que ce dossier met en lumière.

Tout commence en 2024, lorsque M. Semdé (nom d’emprunt), un agent des douanes en quête d’enrichissement rapide, franchit la porte de Sawadogo. Son objectif ? Multiplier son argent, grâce à des rituels dits « mystiques ». Le marabout aurait alors utilisé un canari et d’autres artefacts pour faire croire à la transformation magique. Résultat : aucun miracle, mais un remboursement partiel des fonds.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Persuadé que l’échec n’était que passager, Semdé revient à la charge, cette fois aiguillé vers deux autres personnages, dont un certain Tasséré (nom d’emprunt), par l’intermédiaire du même Sawadogo. Nouveau coup de poker mystique, nouvelle désillusion : les deux individus disparaissent avec les sept millions de francs CFA. Quant à Sawadogo, le seul identifié, il se retrouve seul face à la justice.

À la barre, Sawadogo n’a pas nié son passé de marabout. À la question du président du tribunal sur sa capacité à « multiplier de l’argent », il répond sans détours : « Je pouvais, mais j’ai arrêté il y a cinq ans. » De quoi laisser l’audience pantoise, entre ironie et incrédulité.

Le parquet, lui, n’a pas été dupe. Pour le procureur, « les faits d’escroquerie sont clairs » : pas de droit à créer de l’argent, des manœuvres frauduleuses avérées, et un canari, des parfums ainsi que d’autres produits « suspects » retrouvés lors de l’enquête. Il requiert 24 mois de prison et un million de FCFA d’amende, avec sursis.

En face, quatre avocats de la défense plaident la relaxe. Leur ligne ? Leur client n’a pas profité de l’escroquerie, a remboursé l’argent une première fois et a cessé toute activité occulte pour se reconvertir dans le forage. Pour eux, Sawadogo est plus un intermédiaire malheureux qu’un escroc.

Finalement, le Tribunal tranche : 12 mois de prison avec sursis, et une amende de 500 000 FCFA également assortie du sursis. Pas de constitution de partie civile possible en l’absence de la victime, ni de jugement contre les deux complices, toujours en fuite.

Ce procès, qui aurait pu prêter à sourire, soulève pourtant des questions sérieuses : jusqu’où peut aller la foi dans les solutions faciles ? Et combien d’autres victimes silencieuses continuent de croire aux illusions des charlatans modernes ?

Dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, le recours aux marabouts pour résoudre des problèmes personnels ou financiers reste courant. Mais lorsque les promesses se transforment en escroquerie, c’est tout un pan de croyances populaires qui vacille devant la rationalité du droit.

Source : Net Afrique

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