Mali, Carburant introuvable : entre discours officiels et colère populaire

Alors que les autorités assurent qu’il n’y a « pas de pénurie », les stations-service sont à sec dans plusieurs villes du pays. Retards d’approvisionnement, menaces sécuritaires aggravent une situation devenue insoutenable pour les Maliens. Le PDG de l’OMAP tient un discours contraire.

7 Octobre 2025 - 03:40
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Mali, Carburant introuvable : entre discours officiels et colère populaire
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Mali, Carburant introuvable : entre discours officiels et colère populaire

Depuis plusieurs jours, les Maliens font face à une situation qui perturbe leur quotidien : le carburant se raréfie dangereusement. Dans plusieurs villes et localités du pays à Ségou, Mopti, Diola…. et même dans certaines communes de Bamako les stations-service sont fermées ou fonctionnent au ralenti. Les rares points de vente encore approvisionnés sont pris d’assaut par des files interminables de motos, de voitures et de clients avec des bidons, dans l’espoir d’obtenir quelques litres d’essence ou de gasoil.

« Nos citernes sont à l’arrêt depuis plusieurs jours. Elles sont complètement vides », confie un pompiste à Bamako. « Là où il y a encore du carburant, c’est l’anarchie totale : des centaines de personnes se bousculent pour en acheter ».

Malgré cette réalité visible, certains responsables persistent à nier l’évidence. Le PDG de l’OMAP, Modibo Gouro Diall, interrogé par Studio Tamani, affirme qu’il n’existe « aucune pénurie de carburant » dans les six communes du district de Bamako. Il précise que les prix plafonds restent fixés à 725 F CFA pour le gasoil et 775 F CFA pour l’essence, rappelant qu’il est interdit de vendre au-dessus de ces tarifs.

Un discours qui peine à convaincre. Car pour de nombreux consommateurs, la réalité du terrain contredit clairement ces déclarations. « On nous dit qu’il n’y a pas de pénurie, mais où est le carburant alors ? » s’interroge Mariam Doumbia, vendeuse à Mopti.

Cette sortie du PDG de l’OMAP soulève de nombreuses questions : si l’approvisionnement est normal, pourquoi les stations sont-elles fermées ? Pourquoi les consommateurs ne parviennent-ils plus à s’approvisionner comme il y a deux semaines ? La réalité, elle, semble plus complexe que ne le laissent entendre les discours officiels.

Pénurie ou « retard d’approvisionnement » ?

Sur le plan sémantique, une pénurie de carburant se définit comme « une insuffisance de carburant disponible pour satisfaire la demande des consommateurs. Autrement dit, les stations sont à court de stock, rendant difficile voire impossible l’alimentation des véhicules, motos et groupes électrogènes ».

Les causes d’une telle situation sont multiples : retards dans l’acheminement, problèmes logistiques, hausse soudaine de la demande, difficultés d’importation, ou encore instabilité sécuritaire.

Or, tous ces facteurs sont aujourd’hui réunis. Selon plusieurs sources, la principale cause de cette crise serait la menace sécuritaire sur les routes d’approvisionnement. Des groupes armés terroristes notamment ceux affiliés au JNIM s’attaquent régulièrement aux convois de citernes. Plusieurs dizaines de camions en provenance de Dakar ou d’Abidjan ont été incendiés, tandis que des conducteurs ont été enlevés ou tués. Résultat : les transporteurs rechignent désormais à prendre la route, entraînant des retards d’acheminement majeurs.

Face à cette situation, les FaMas ne sont pas restés comme de simples observateurs. Plusieurs citernes escortées par leurs soins ont pu regagner Bamako et Ségou. Preuve que l’approvisionnement des stations se fera d’une manière ou d’une autre.

Qu’il s’agisse d’une « pénurie » ou d’un « retard » d’approvisionnement, le résultat reste le même : les Maliens peinent à accéder à une ressource vitale pour leurs activités quotidiennes et leur économie. Pendant ce temps, les déclarations officielles se heurtent à la réalité du terrain, marquée par des stations vides, des prix officieux en hausse et une population de plus en plus exaspérée.

Quelles qu’en soient les raisons, la crise du carburant s’installe durablement dans le quotidien des Maliens. Pendant que les autorités refusent de parler de « pénurie », la population, elle, fait face à une réalité implacable : l’essence et le gasoil sont devenus des denrées rares.

Et dans un pays où l’économie repose fortement sur les transports et les générateurs, chaque jour sans carburant pèse un peu plus lourd sur les épaules déjà fragilisées des ménages.

Il revient aux autorités de prendre toutes les dispositions idoines afin que le pays soit ravitaillé.

Djibril Diallo

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