La nouvelle stratégie de terreur des djihadistes au Sahel
Le maire d'une commune dans l'ouest du Niger, Ayorou, a été récemment tué dans une attaque djihadiste. Il s'agit du deuxième assassinat d'un élu local, en l'espace de deux semaines, dans cette région qui subit régulièrement des attaques djihadistes. Le maire de Gorouol, une autre localité de l'ouest du Niger, a également été assassiné dans cette région voisine du Mali et du Burkina Faso.

En fin de semaine dernière, l’ancien député, Abdoul Jalil Mansour Haïdara, a, lui aussi, succombé à l'attaque de sa voiture, non loin de la localité de Konobougou, près de Ségou, dans le nord du Mali.
Comment expliquer ce qui s'apparente à une nouvelle stratégie des groupes djihadistes, notamment, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, le Jnim, affilié à Al-Qaïda ? Voici l'analyse de Mohamed Amara, enseignant à l’Université de lettres et de sciences humaines de Bamako.
Mohamed Amara: C'est une nouvelle stratégie, une stratégie d'asphyxie orchestrée par les groupes narco terroristes, notamment par le JNIM qui tente, par ces différents assassinats, de mettre la pression.
DW: Pourquoi, selon vous, la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie?
Mohamed Amara: Ce n'était pas le cas il y a quelques temps. C'est une nouvelle forme de combat, de lutte mise en place par ces groupes.
L'une des finalités qui n'est pas dite de ce genre d'actions, c'est pour tout simplement amener la population à se soulever.
Aujourd'hui, c'est très difficile de circuler de façon libre entre Bamako et Ségou, entre Bamako et Kaye, entre Bamako et Koulikoro, entre Bamako et le reste du Mali à cause de ces blocus qui sont partout, à cause de ces risques d'assassinats.
DW: Le maire d'une commune de l'ouest du Niger Ayorou, a été récemment tué dans une attaque djihadiste. Il s'agit du deuxième assassinat d'un élu en deux semaines dans cette région du Niger.Visiblement, la nouvelle stratégie des djihadistes est en train de se régionaliser?
Mohamed Amara: C'est une stratégie transfrontalière qui concerne les trois pays.
Donc ce qui se passe au Niger se passe réellement le lendemain au Mali, parce que ce sont les mêmes groupes qui opèrent dans ces différents États, dans ces différents territoires, avec les mêmes modes opératoires qui s'appliquent partout. Ils vont de blocus aux assassinats.
Ce n'est plus les populations locales qui sont aujourd'hui concernées, visées, si vous voulez, parce que ça, ils l'ont, ils l'ont déjà fait, ils l'ont réussi.
C'est plutôt ceux qui représentent les institutions, les représentants de l'administration et plus proches du cœur du pouvoir, c'est-à-dire de Niamey, de Ouagadougou ou de Bamako.
Auteur: Eric Topona
Quelle est votre réaction ?






