Crise d’hydrocarbure : Une nouvelle guerre imposée au Mali

Le Mali a été confronté à une crise énergétique sans précédent, marquée par une pénurie aiguë de carburant et une paralysie partielle des transports.

20 Octobre 2025 - 01:20
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Crise d’hydrocarbure :  Une nouvelle guerre imposée au Mali

Ce choc, loin d’être un simple incident logistique, révèle une tentative de déstabilisation ciblée, orchestrée par les relais du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda au Maghreb. Ces groupuscules armés ont été dirigés vers des cibles stratégiques par leurs sponsors extérieurs, dans le but d’asphyxier l’économie malienne et de fragiliser sa souveraineté énergétique en construction. Face à cette «nouvelle guerre» imposée à notre pays, les populations sont en train de puiser dans leurs forces morales. Un comportement qui a toujours caractérisé le peuple malien pour résister, en réussissant ce test de robustesse.

 Face à cette menace, le gouvernement malien a décrété un embargo strict sur le ravitaillement en carburant dans les zones du nord et de l’ouest, où les groupes terroristes tentent de maintenir leur emprise. Cette mesure, bien que crispante, visait à couper les circuits logistiques clandestins qui alimentaient les opérations terroristes. Acculés sur le plan militaire, harcelés par les Fama sur tous les fronts, ces voyous n’ont eu d’autres perspectives que de s’attaquer à des cibles molles, dont les citernes et des convois civils. Ce sabotage ciblé a accentué la tension sur les infrastructures logistiques et provoqué une surchauffe économique temporaire.

Les attaques contre les convois et les dépôts ne relèvent pas d’une stratégie militaire autonome. Elles ont été conçues pour perturber l’approvisionnement national, semer le doute sur la capacité de l’État à protéger ses ressources vitales, et affaiblir les fondements économiques du pays, alors même que des réformes structurelles sont en cours.

Dans une perspective de comparaison internationale, la singularité malienne ne réside pas uniquement dans sa vulnérabilité. D’autres nations comme les États-Unis, l’Afrique du Sud, l’Algérie ou la France ont également été confrontées à des tensions énergétiques liées à des pressions inflationnistes sur le prix du brut raffiné. Ce qui distingue le Mali, c’est la réponse collective fondée sur la discipline, la solidarité et la confiance envers les autorités de la Transition. Ce capital moral constitue un levier stratégique pour les réformes engagées.

Sur le plan de la communication, la maîtrise de la narration médiatique a permis de contenir la fièvre sociale provoquée par une campagne insidieuse de désinformation dirigée contre les institutions. Dans ce contexte de guerre hybride, les autorités ont renforcé la surveillance des stations-service. Cette gestion de l’information, bien que critiquée, traduit une volonté ferme de préserver la stabilité sociale et de contrôler les récits publics dans une période sensible.

Résilience silencieuse

Après les pics de tension des 6 et 7 octobre, la situation s’est progressivement stabilisée dès le 8. Malgré quelques ruptures de stock sporadiques, les files d’attente ont diminué et les points de ravitaillement ont été réapprovisionnés. Les coupures électriques, bien que persistantes, sont désormais espacées. Cette accalmie témoigne de la réactivité des autorités et de la résilience d’un peuple qui refuse de céder à la panique. La mobilisation populaire a été exemplaire, et le gouvernement n’était pas en reste, avec la tenue de conseils interministériels, présidés par le Premier Ministre Abdoulaye Maïga, qui a pris un certain nombre de mesure. Dans le même temps, les Maliens ont réorganisé leurs trajets, adapté leurs horaires et renforcé la solidarité entre usagers. L’entraide entre civils et militaires, commerçants et jeunes des quartiers a permis de maintenir une cohésion sociale remarquable. Ce comportement collectif constitue un indicateur précieux pour les autorités de la Transition, qui ont mis en place un filet social par le contrôle des prix et la régulation des circuits de distribution par une escorte des Fama assistant les pétroliers et confirmant ainsi la dynamique de la Refondation.

La crise énergétique agit désormais en continuum comme un catalyseur pour une souveraineté énergétique durable. Les pistes de solutions envisagées s’inscrivent dans une logique de redressement économique et de consolidation institutionnelle, conformément aux orientations du PAG 2025-2026. Elles incluent la diversification des sources d’énergie, la décentralisation de la production, la valorisation des ressources naturelles comme le lithium, et le renforcement des partenariats avec la diaspora et les pays alliés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Le Mali ne sort pas affaibli de cette crise, mais renforcé. Sa capacité à transformer une pénurie en levier de transformation sociale et politique témoigne d’une maturité nationale en pleine affirmation. Si la Transition sait capitaliser sur cette dynamique, elle dispose d’un terreau fertile pour bâtir une souveraineté énergétique durable et inclusive. Le peuple malien, par sa résilience silencieuse, devient le moteur d’un redressement souverain et solidaire.

Le Mali ne cède et ne cédera sur rien dans son bon droit. Il reste une nation debout, en marche irréversible vers son destin : le Mali Kura pressé en mouvement.

 

Khaly-Moustapha LEYE

 

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