Cameroun - Côte D'ivoire - France : À l’heure des turbulences post-électorales
À l’heure où nous mettions sous presse, les résultats de l’élection présidentielle au Cameroun ne sont pas encore officiellement proclamés. En Côte d’Ivoire, rien ne laisse présager que la tenue du scrutin du 25 octobre se passera dans les conditions idoines d’une élection apaisée.

La France, elle-même marraine des démocraties africaines sous perfusions, n’est pas prête de s’en tirer à bon compte, vu comment elle est empêtrée dans des difficultés institutionnelles sans précédent. Analyse.
Cameroun : une élection sous haute tension
Le scrutin présidentiel du 12 octobre 2025 au Cameroun s’est déroulé dans un climat de crispation politique et d’incertitude institutionnelle. Le président sortant Paul Biya, âgé de 92 ans, brigue un huitième mandat, prolongeant une longévité politique sans équivalent dans la région. Ce maintien au pouvoir, soutenu par un système de parti dominant, suscite des interrogations sur la capacité du pays à opérer une transition démocratique crédible.
Les litiges post-électoraux sont anticipés : contestations des résultats, accusations de fraude, et tensions dans les régions anglophones. Le dépouillement est en cours, mais les premières échauffourées à Garoua et les appels à la vigilance lancés par l’opposition laissent présager une phase de déchaînements politiques et sociaux.
Côte d’Ivoire : une présidentielle à haut risque
La Côte d’Ivoire se prépare à élire son président le 25 octobre 2025. Le président sortant Alassane Ouattara, candidat à un quatrième mandat, cristallise les tensions dans un pays encore marqué par les violences post-électorales de 2010–2011. L’exclusion de plusieurs figures de l’opposition, dont Pascal Affi N’Guessan, Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Sori, déjà déclenché des recours judiciaires et des mobilisations populaires.
Les enjeux sont multiples : réconciliation nationale, transparence électorale, stabilité institutionnelle et alternance politique. Le climat est chargé, et les risques de litiges post-électoraux sont élevés, notamment dans les zones sensibles du nord et de l’ouest du pays.
Une République française sous haute turbulence
La France, plongée dans une crise politique prolongée, voit son influence diplomatique s’éroder. L’effondrement du gouvernement Bayrou, les tensions entre l’exécutif et les réseaux parlementaires, et les débats budgétaires houleux ont paralysé l’action publique. À cela s’ajoute le bourbier ukrainien, qui absorbe les ressources stratégiques et fragilise les alliances européennes.
Cette instabilité affaiblit la capacité de Paris à peser sur les processus électoraux en Afrique francophone, où son rôle traditionnel est de plus en plus contesté. Les réseaux de la Françafrique, longtemps moteurs d’influence, sont aujourd’hui concurrencés par des acteurs alternatifs - Russie, Chine, Turquie - et par des dynamiques endogènes de souveraineté.
Françafrique, bureaucratie et tentacules des réseaux mafieux
Voici un système en pleine décadence son gré.
Depuis deux décennies, l’Afrique centrale et de l’Ouest est traversée par des flux illicites, des réseaux mafieux et des groupes terroristes transnationaux. Le financement du terrorisme, le trafic de carburant, les circuits de blanchiment et les alliances politico-criminelles ont profondément altéré les équilibres étatiques.
La bureaucratie de la Françafrique, jadis structurée autour de relais diplomatiques et militaires, est aujourd’hui concurrencée par des logiques de prédation, de fragmentation et de reterritorialisation du pouvoir. Les États sont sommés de réagir, souvent dans l’urgence, avec des moyens limités et des partenaires ambigus.
Anticipation stratégique : vers une vision holistique post-électorale
Face à cette complexité, des outils d’analyse avancés—supercalculateursmodélisations prédictives, simulations géopolitiques — sont mobilisés pour anticiper les enchaînements post-électoraux. Ces dispositifs permettent de cartographier les risques: litiges juridiques, violences communautaires, ruptures institutionnelles, ingérences étrangères. L’objectif est clair : sortir du cycle des crises récurrentes et bâtir une architecture de gouvernance fondée sur la légitimité populaire, la transparence électorale et la souveraineté stratégique. Cela suppose une rupture avec les logiques de dépendance, une reconfiguration des alliances, et une réinvention du leadership africain au sein du cadre confédéral AES.
Le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la France sont à la croisée des chemins. Les élections ne sont plus de simples rendez-vous démocratiques: elles deviennent des révélateurs de systèmes, des catalyseurs de recompositions, et des tests de résilience pour des nations en quête de sens et de souveraineté.
Khaly-Moustapha LEYE
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