«Vous ne pouvez pas lutter contre le monde entier» : le sens caché derrière l’avertissement de Trump à Israël

La seule déclaration franche du président américain Donald Trump de d’interview accordée à Fox News le 9 octobre pourrait éclairer les véritables calculs sous-tendant la décision d’Israël de conclure un cessez-le-feu à Gaza, après deux années d’une campagne génocidaire implacable qui a tragiquement tué et blessé près d’un quart de million de Palestiniens.

16 Octobre 2025 - 11:14
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«Vous ne pouvez pas lutter contre le monde entier» : le sens caché derrière l’avertissement de Trump à Israël

«Israël ne peut pas lutter contre le monde entier, Bibi», a déclaré Trump lors de l’interview, un avertissement direct qu’il a dit avoir déjà adressé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

La dure réalité est que bien peu de personnes dans le monde soutiennent actuellement Netanyahou. Il est essentiel de souligner qu’une parti importante de sa propre population lui voue déjà un profond mépris, un ressentiment antérieur à la guerre contre Gaza, une guerre qu’il a abordée comme une quête désespérée et personnelle pour retrouver sa popularité nationale.

Pourtant, l’illusion persiste. Alors que des millions de gens dans le monde protestent contre l’extermination systématique de Palestiniens innocents, Netanyahou semble convaincu que l’opinion mondiale est en train de miraculeusement basculer en sa faveur, un revirement qui supposerait que le monde l’ait aimé en premier lieu.

Mais que voulait dire exactement Trump par «vous ne pouvez pas lutter contre le monde entier» ?

Le terme «lutter» dépasse ici clairement le cadre des combats physiques. Gaza, assiégée, affamée et dévastée, est l’entité qui a subi la confrontation physique. Trump fait clairement référence à la montée en puissance du sentiment anti-israélien dans le monde entier : les sanctions officielles imposées par des pays comme l’Espagne, les procédures judiciaires critiques engagées devant les plus hautes cours du monde, les appels au boycott généralisés, l’organisation de flottilles de la liberté, etc.

Il est extrêmement significatif que, tant à Washington qu’à Tel-Aviv, ces événements mondiaux soient considérés comme une préoccupation stratégique majeure. Les futurs historiens désigneront probablement ce moment comme le tournant décisif dans l’attitude mondiale envers l’occupation israélienne de la Palestine. S’il est délibérément et stratégiquement soutenu par les Palestiniens, ce mouvement de solidarité naissant a le potentiel d’isoler complètement Israël, le contraignant à enfin céder et à libérer le peuple palestinien de son système colonialiste et d’apartheid.

Cependant, «Bibi» n’est pas seulement en train de perdre le monde entier, il est en train de compromettre ses relations avec les États-Unis eux-mêmes. Pendant des décennies, les États-Unis ont été les indispensables bienfaiteurs d’Israël, soutenant chaque guerre, finançant chaque colonie illégale, justifiant chaque acte de violence et bloquant systématiquement toute tentative internationale visant à demander des comptes à Israël.

Les raisons de l’engagement indéfectible des États-Unis depuis des décennies en faveur d’Israël sont profondément complexes. Si l’influence écrasante du puissant lobby pro-israélien à Washington et l’emprise disproportionnée d’Israël sur les grands médias sont citées à juste titre comme facteurs déterminants, la dynamique est pourtant bien plus fondamentale. Le discours dominant, réciproquement étayé dans les deux pays, a toujours présenté Israël non seulement comme un allié, mais aussi comme le prolongement indispensable et essentiel de l’identité politique et des valeurs fondamentales des États-Unis.

Pourtant, des fissures ont commencé à apparaître avec une clarté indéniable dans cette structure politique. Les voix dissidentes autrefois marginalisées, souvent qualifiées de «radicales» au sein de la gauche américaine, se sont progressivement renforcées pour devenir une dissidence dominante, en particulier au sein du parti démocrate. Les sondages ont montré une évolution massive, la majorité des démocrates se retournant contre la politique israélienne et apportant leur soutien au peuple palestinien et à sa lutte légitime pour la liberté. L’un des sondages les plus révélateurs a été réalisé par Gallup en mars 2025. Il a révélé que 59% des électeurs démocrates se disent plus solidaires des Palestiniens, tandis que seulement 21% affirment être plus solidaires des Israéliens.

Le génocide israélien à Gaza a catalysé plus qu’une simple dissidence au sein de l’un des deux grands partis politiques américains. L’opposition pure et simple à Israël est rapidement devenue dominante, transcendant les clivages politiques traditionnels – une rupture qui a profondément alarmé ceux qui sont déterminés à maintenir l’illusion qu’Israël peut agir en toute impunité, sans objection américaine.

L’appareil médiatique pro-israélien aux États-Unis a mené une campagne honteuse pour occulter l’ampleur du génocide israélien. Il n’a cessé de chercher à rejeter la responsabilité des actions d’Israël sur les Palestiniens et a ouvertement promu l’idée insidieuse selon laquelle la guerre contre les innocents de Gaza est une composante nécessaire de la «guerre contre le terrorisme» toujours aussi illusoire.

Mais ce sont les citoyens ordinaires, fortement amplifiés par d’innombrables plateformes de réseaux sociaux, qui ont riposté collectivement. Ils ont réussi à vaincre une machine de propagande dominante qui, pendant des décennies, a servi de première ligne de défense à Israël.

Pour Israël, l’érosion de sa nouvelle base de soutien, à savoir les évangéliques et le parti républicain dans son ensemble, est particulièrement préoccupante. Les sondages ont révélé un exode important, en particulier parmi les jeunes électeurs républicains. Une enquête menée par l’Université du Maryland Critical Issues Poll en août 2025 a révélé que seuls 24% des électeurs républicains âgés de 18 à 34 ans déclarent éprouver plus de sympathie pour les Israéliens que pour les Palestiniens.

Selon Politico, Israël a même tenté de manipuler les réseaux sociaux en versant des sommes substantielles à des influenceurs pour qu’ils diffusent des informations mensongères et trompeuses sur Israël. Cette campagne a mobilisé environ 600 faux profils qui ont publié plus de 2000 commentaires coordonnés par semaine, ciblant plus de 120 législateurs américains.

Mais Israël pourra-t-il renverser la tendance en sa faveur ? Même si des sommes colossales vont être sans aucun doute consacrées à des campagnes sophistiquées visant à redorer l’image fortement entachée d’Israël, ces efforts s’avéreront vains. Le discours palestinien, autrefois marginalisé, a pris de l’ampleur et a acquis une autorité morale considérable et irréfutable à l’échelle mondiale. La résilience courageuse, inflexible et digne du peuple palestinien a suscité la sympathie et un engagement sans précédent dans l’histoire.

Cette nouvelle réalité pourrait bien constituer le dernier combat de la hasbara, car rien, ni l’argent, ni la couverture médiatique, ni les programmes spéciaux de Netflix, ne pourra jamais redorer l’image d’un État qui a commis si ouvertement le génocide le plus documenté de l’histoire.

source : https://reseauinternational.net/

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