Ça se passe au Grin : Quand la pénurie dépasse
Au grin, les langues se délient et les visages se ferment. Malgré les multiples déclarations rassurantes des autorités sur la situation du carburant, les membres ne cachent plus leur exaspération.

Pour eux, cette fois, la pénurie a franchi un cap. « On n’a jamais vu ça », lâche l’un d’eux, le ton sec.
Dans plusieurs quartiers de Bamako, les stations-service ont baissé pavillon. Pompes fermées, gérants aux abonnés absents, conducteurs déboussolés. Les rares stations encore ouvertes se transforment en véritables champs de bataille. Les files s’étirent sur des centaines de mètres, sous un soleil de plomb.
« J’ai fait plus de six heures d’attente pour finalement repartir les mains vides », raconte un habitué du grin, visiblement épuisé. Et d’ajouter : « Je ne pensais pas voir un tel spectacle dans notre pays, surtout en ce XXIᵉ siècle. »
Au départ, beaucoup pensaient à un simple incident d’approvisionnement, une perturbation passagère vite oubliée. Mais les jours passent et la situation s’enlise. L’essence devient denrée rare, presque un luxe. Certains évoquent déjà la montée du prix du transport, d’autres craignent la flambée du coût de la vie.
Entre deux tasses de thé amer, les membres du grin dressent le constat : la pénurie n’est plus une rumeur, elle est une réalité qui asphyxie le quotidien. Et pendant que le gouvernement multiplie les promesses d’un retour à la normale, au grin, on ne croit plus qu’en la patience… forcée.
Ibrahima Ndiaye
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