:Journées nationales du patrimoine culturel Le Maaya et le Danbé au cœur de l’éducation citoyenne
Tandis que les rythmes du balafon résonnaient dans les rues pour la 9ᵉ édition du Festival international Triangle du Balafon, une autre scène, plus discrète mais tout aussi essentielle, s’est tenue ce vendredi 11 octobre 2025 en marge des festivités : les Journées nationales du patrimoine culturel.

Cette année, elles ont été placées sous le thème évocateur : "Place et rôle du Maaya et du Danbé dans la formation et l’éducation au Maliden Kura".
Présidée par Mamou Daffé, ministre de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme, en présence de la gouverneure de Sikasso, Mme Kanté Marie-Claire Dembélé, la conférence-débat a réuni un public attentif, notamment des élèves venus découvrir les fondements éthiques et identitaires du Mali Kura.
À travers des interventions riches et pédagogiques, des figures comme le sociologue Darafara Berthé, l’enseignant-chercheur Youssouf Doumbia, et plusieurs porteurs de savoirs traditionnels ont exploré les dimensions du maaya (dignité humaine) et du danbé (honneur, loyauté, droiture) comme piliers d’une éducation enracinée dans les valeurs maliennes.
"Le Maaya et le Danbé ne sont pas des concepts figés dans le passé. Ce sont des boussoles pour notre jeunesse, des repères pour construire une citoyenneté active et responsable", a souligné Youssouf Doumbia.
L’implication des élèves n’était pas fortuite. Elle répond à une volonté affirmée du ministère de replacer la culture au cœur de l’éducation, conformément aux axes du programme Culture Mali 2025. À travers des ateliers interactifs, des récits et des échanges, les jeunes ont été invités à réfléchir sur la manière dont le maaya et le danbé peuvent guider leurs choix, leurs relations et leur engagement pour le Mali de demain.
"Nous avons appris que le danbé, c’est aussi respecter ses parents, ses enseignants, et ne pas trahir la parole donnée", confie Aïssata, élève au lycée public de Sikasso III.
Le thème choisi pour cette édition illustre cette ambition de reconnecter les jeunes aux racines de leur identité pour mieux affronter les défis contemporains. "Nous avons besoin des valeurs du maaya et du danbé pour une meilleure éducation du Maliden Kura", a lancé la gouverneure du Kénédougou Mme Dembélé.
Le ministre Mamou Daffé a, quant à lui, souligné l’importance d’intégrer ces Journées au Festival du Balafon. "Le patrimoine, c’est ce qui nous rassemble. La culture est le moteur de notre expression et de notre identité. Célébrer cette richesse à Sikasso, deuxième grande ville du Mali, était une évidence", dit-t-il.
Juste après la conférence, une causerie-débat animée par le Pr Ibrahim NDiaye et Mohamed S. Coulibaly a exploré le thème "La musique, mode de transmission des valeurs." En évoquant la Charte du Kurukan Fuga, les intervenants ont rappelé que bien avant l’écriture, les sociétés africaines confiaient aux griots la mission de préserver les lois, les récits fondateurs et les principes moraux.
Ils ont également souligné les fonctions multiples de la musique : éducation, dialogue, militantisme politique, et transmission des valeurs.
La discussion s’est ensuite élargie aux musiques contemporaines. Des jeunes artistes ont partagé leurs expériences, montrant comment le rap, le slam ou le reggae deviennent des outils de dénonciation, de sensibilisation et parfois de guérison collective.
Le Pr. NDiaye a salué cette créativité, tout en appelant à une conscience éthique dans l’expression artistique.
Les échanges ont mis en lumière les tensions entre tradition et modernité, entre liberté artistique et devoir de mémoire. Certains ont dénoncé les dérives commerciales, tandis que d’autres ont défendu la musique comme espace de liberté et de réinvention des valeurs.
Ousmane Mahamane
(Envoyé spécial à Sikasso)
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