Balafon : Souveraineté et transformation sociale

Ce samedi 11 octobre, le rideau est tombé sur la troisième et dernière journée du Festival international Triangle du Balafon, avec un événement phare qui est le Forum de Sikasso.

15 Octobre 2025 - 10:47
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Balafon : Souveraineté et transformation sociale

Placé sous le thème évocateur "le balafon, symbole de transformation sociale dans un nouvel espace souverain", ce symposium a réuni chercheurs, artistes et décideurs autour d’un instrument à la fois ancestral et résolument contemporain.

 La cérémonie d’ouverture de ce forum, présidée par le chef de cabinet du ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Dr. Saliha Mallé, a donné le ton d’un forum à haute portée symbolique.

Le professeur Fodé Moussa Sidibé a ensuite livré une leçon inaugurale riche en enseignements, retraçant les origines du balafon sur trois continents : l’Asie (Chine, Indonésie), l’Amérique, et bien sûr l’Afrique, avec des foyers majeurs au Cameroun, Burkina Faso, Guinée Conakry, Mali et Ouganda.

Au-delà de ses racines géographiques, le professeur Sidibé a mis en lumière les multiples fonctions du balafon : éducatives, économiques, culturelles, sanitaires, matrimoniales, créatives, et surtout sociales. Le balafon, selon lui, est un vecteur de dialogue et de cohésion, capable de tisser des liens là où les mots échouent.

Le forum s’est ensuite articulé autour de quatre panels thématiques. D’abord Balafon et mémoire sociale. Ce premier panel animé par le Dr. Klessegué Sanogo, ce panel a exploré le rôle du balafon dans la transmission intergénérationnelle. Véritable archive sonore, le balafon conserve les récits, les valeurs et les émotions d’un peuple, incarnant une mémoire vivante.

Le second thème qui portait sur la fabrication, transcription et numérisation du patrimoine a été présenté par Ousmane Kouyaté, conseiller culturel au ministère guinéen de la Culture. M. Kouyaté a captivé l’auditoire en évoquant la légende du premier balafon, créé non par l’homme, mais par un génie du Sosso. Il a plaidé pour une numérisation urgente du répertoire balafonique, afin de préserver ce patrimoine immatériel face aux défis du temps.

Balafon et éducation de la jeunesse est le troisième panel aminé par Lamissa Bengaly, enseignant. Dans son exposé M. Bengaly a souligné le rôle pédagogique du balafon dans la formation des jeunes. En 20 minutes, il a démontré que le balafon ne se contente pas d’enseigner : il critique, rassemble et incite au travail. Il a appelé à l’intégration du balafon dans les politiques éducatives, pour ancrer les valeurs de discipline et de solidarité dès l’école.

Balafon, économie créative et diplomatie culturelle. Ce dernier panel, animé par Alassane Rwamba (Burkina Faso) et Issa Kanté (Mali), a révélé le potentiel économique et diplomatique du balafon. M. Rwamba a mis en avant l’attractivité touristique générée par le balafon, tandis que M. Kanté a laissé entendre que le balafon est une force politique et diplomatique qui n’a ni passeport, ni visa, ni mandat.

"Là où les hommes échouent, le balafon peut réconcilier", conclu-t-il. "Le Forum de Sikasso a démontré que le balafon est bien plus qu’un instrument de musique, c’est un langage des âmes, un outil de souveraineté culturelle, et un levier de transformation sociale. Dans un Mali en quête de repères et de cohésion, le balafon résonne comme une promesse d’unité et de renouveau", renchérit un autre paneliste.

Ousmane Mahamane

(Envoyé spécial à Sikasso

 

Festival international triangle du balafon :

Cap sur la 10e édition

 Pendant trois jours, les rues de la cité verte du Kénédougou ont vibré au rythme du balafon, cet instrument millénaire devenu le cœur battant du Festival international Triangle du Balafon.

 

 

Ce samedi, la 9e édition s’est achevée dans une ambiance festive et émotive, marquant le retour triomphal d’un événement resté en sommeil pendant huit longues années. Le rendez-vous est déjà pris pour une 10e édition encore plus prometteuse.

 Dans son discours de clôture, la gouverneure de Sikasso, Mme Kanté Marie-Claire Demebé, n’a pas caché son émotion face à la réussite de cette relance.

"Ce festival a été un véritable rendez-vous et recevoir. Il dormait dans les tiroirs depuis huit ans, et aujourd’hui, grâce à la mobilisation de toute la population, il est redevenu réalité", a-t-elle déclaré devant une foule hypnotisant avec fierté. Elle a salué l’engagement des Sikassois et leur présence massive, soulignant que cette édition 2025 est une victoire collective.

Des attestations de participation ont été remises aux délégations venues du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée Conakry et du Niger.

La nuit de la compétition a révélé des talents remarquables qui ont émerveillé les spectateurs par leur créativité inestimable.

Le groupe de la Guinée Conakry a décroché la troisième place avec une enveloppe de 750 000 francs CFA, le groupe boloma kô tè du Burkina Faso a obtenu le deuxième prix et une enveloppe d’un million, tandis que le groupe denbé du Mali a remporté le premier prix, accompagné d’une récompense de 1 500 000 francs CFA.

Le Dr. Saliha Mallé, chef de cabinet du ministre de la Culture, a salué la qualité de l’événement. "La 9e édition du Festival international Triangle du Balafon a tenu toutes ses promesses. Nous avons assisté à des soirées de compétition de très bonne facture, dans une saine émulation entre les troupes du Burkina Faso, de la Guinée, du Mali et du Niger, invité d’honneur", se réjouit-t-il.

Il a également souligné les innovations marquantes de cette édition : le forum de Sikasso, les tables rondes, les sites offs, ainsi que la tenue réussie des Journées nationales du patrimoine culturel.

"Ce festival a été un creuset de rencontres, de dialogue interculturel et un pont entre les pays qui partagent la pratique du balafon. Au-delà du caractère festif, nous avons vu éclore des talents, admirer la virtuosité des joueurs et joueuses, et célébrer leur génie et leur savoir-faire", a-t-il ajouté.

Dans les rues de Sikasso, les échos du balafon résonnaient encore. Les quartiers vibraient, les enfants improvisaient des balafons en bois, et les anciens racontaient les légendes du Sosso Bala. Le festival a redonné à la ville une âme collective, un souffle de cohésion et une fierté culturelle renouvelée.

Ousmane Mahamane

(Envoyé spécial à Sikasso)

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