Mali : Entre survie économique et diktat terroriste, le dilemme de Diarra Transport

Après plus d’un mois de suspension, la compagnie Diarra Transport reprend ses activités ce lundi 20 octobre. Une reprise autorisée par le groupe djihadiste JNIM, qui suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

20 Octobre 2025 - 07:49
 1
Ecouter cet article
Mali : Entre survie économique et diktat terroriste, le dilemme de Diarra Transport
00:00
Mali : Entre survie économique et diktat terroriste, le dilemme de Diarra Transport

Au-delà de l’émotion, cette affaire interroge sur les réalités auxquelles sont confrontés les acteurs économiques dans certaines zones du Mali.

« Une société de transport met ses intérêts au-dessus du pays », s’indigne un internaute. Comme lui, beaucoup ont dénoncé la décision de la compagnie, perçue comme une concession face à un groupe armé. Tout est parti d’une première vidéo dans laquelle Bina Diarra, présenté comme porte-parole du JNIM, interdisait la circulation des bus de la compagnie, l’accusant de « livrer des innocents à l’armée ».

Dans un premier temps, Diarra Transport avait choisi de résister et de poursuivre ses activités. Mais après plusieurs attaques contre ses véhicules, la société a été contrainte de suspendre ses services.

Quarante jours plus tard, la reprise est annoncée. Que s’est-il passé entre-temps ?

Quelques heures avant la déclaration officielle, une nouvelle vidéo de Bina Diarra circulait, levant l’interdiction et autorisant la compagnie à reprendre ses activités. Selon lui, la direction générale et les employés de Diarra Transport auraient reconnu leurs torts et présenté des excuses publiques. En réalité, des vidéos diffusées une semaine plus tôt montraient la directrice et certains chauffeurs appelant à la « clémence».

Une équation complexe

En maniant à la fois le bâton et la carotte, le JNIM, bien que replié dans certaines zones reculées, réussit un coup de communication et tente de réaffirmer son influence. Le message est limpide : « Pour être en paix, il faut nous écouter.»

Diarra Transport a fini par céder. Mais la compagnie avait-elle réellement le choix ? Qu’a-t-on fait, collectivement – gouvernants et citoyens – pour soutenir une entreprise nationale et ses centaines d’employés ?

Une responsabilité partagée

L’affaire Diarra Transport illustre un échec collectif. Quand les premiers signaux d’alerte sont apparus, certaines « voix autorisées » avaient minimisé la situation, parlant de « fausses images ». Et lorsque la compagnie a dû interrompre ses activités, que s’est-il passé ? Très peu, hélas.

Une aide financière, même symbolique, aurait pu renforcer la résilience de l’entreprise et envoyer un message de solidarité nationale.

Livrés à eux-mêmes, l’entrepreneuse et ses collaborateurs ont choisi la voie la plus pragmatique : celle de la survie. Comme le résume un internaute : « La réalité est plus complexe qu’elle n’en a l’air. Diarra n’est pas la première à composer avec ces groupes. D’autres compagnies, à Mopti, Gao ou Tombouctou, ont déjà dû faire de même. »

Mamadou TOGOLA/maliweb.net

Quelle est votre réaction ?

Like Like 1
Je kiff pas Je kiff pas 0
Je kiff Je kiff 0
Drôle Drôle 0
Hmmm Hmmm 0
Triste Triste 0
Ouah Ouah 0