Le dilemme du dialogue face à la détermination djihadiste : Le déchirement d’une nation face à la menace terroriste

De Ségou à Gao, de Tombouctou à Bamako, un vent de tristesse et d'incertitude souffle sur le Mali. Nous sommes une nation de Maaya, de sagesse ancestrale et de profonde spiritualité, mais nos cœurs saignent sous le poids de la violence et de la division.

20 Octobre 2025 - 08:29
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Le dilemme du dialogue face à la détermination djihadiste : Le déchirement d’une nation face à la menace terroriste

Chaque attaque est une blessure, chaque vie perdue un déchirement qui résonne dans nos concessions familiales. Aujourd'hui, face à la montée en puissance de groupes djihadistes aux messages de plus en plus menaçants pour la capitale, le peuple malien lève les yeux vers ses dirigeants, les yeux remplis de larmes et d'espoir mêlés: faut-il dialoguer avec nos fils égarés pour ramener la paix, ou faut-il mener le combat jusqu'à l'éradication de la menace ? Cette question, qui divise les foyers et les esprits, est la plus cruciale de notre époque. Le prix de l'hésitation pourrait être notre unité même.

Le débat sur le dialogue avec les Groupes armés terroristes (GAT) maliens est au cœur de la crise sécuritaire. Tandis qu'une frange de l'opinion, souvent dans les zones les plus touchées, plaide pour la négociation afin d'arrêter l'effusion de sang, l'État se trouve face à une réalité de plus en plus brutale.

À qui profitent les négociations ?

La question n'est pas de savoir s'il faut dialoguer, mais plutôt de savoir pourquoi les dialogues passés n'ont pas abouti et quels sont leurs bénéfices réels.

● L'historique et le bilan: Le Mali a déjà eu recours à diverses formes de négociations informelles avec des chefs djihadistes maliens. La réalité montre que ces pourparlers, qu'ils soient formels ou secrets, n'ont jamais engendré une paix durable.

● Les fins du terrorisme: Pour les Groupes armés terroristes dont les messages sont désormais clairs, renverser le pouvoir à Bamako et instaurer la Charia, le dialogue n'est pas une fin en soi, mais une tactique.

Les négociations peuvent servir à:

● Gagner du temps: Se réorganiser, recruter, et consolider leur contrôle territorial.

● Démoraliser l'armée: Suggérer que l'État ne croit plus en la victoire militaire.

● La diffusion de vidéos en Bambara, menaçant directement Bamako, est un signal alarmant. Les GAT cherchent à démontrer qu'ils en ont les moyens militaires et politiques pour instaurer le chaos et paralyser le pays. Leur détermination affichée est en soi une arme de guerre psychologique.

Le nouveau visage de la menace

L'émergence de nouveaux groupes djihadistes composés uniquement de l'ethnie Bambara, issus de localités ayant signé des pactes de non-agression avec les terroristes, est l'un des faits les plus troublants de la crise:

● Le piège du communautarisme: Si une des clauses des «pactes secrets» oblige les localités à fournir des combattants, c'est le signe d'une stratégie djihadiste visant à créer une force de frappe endogène, masquée derrière le vernis d'une «autodéfense» ou d'une «révolte locale».

● La sanctuarisation: Ces accords permettent aux Groupes armés terroristes (GAT) de sanctuariser des zones ethniques et de recruter sans opposition, transformant des conflits communautaires en terreau pour le djihad.

● Le risque de guerre civile: En intégrant des groupes ethniques majeurs dans leur combat, les terroristes ne menacent plus seulement l'État, mais risquent d'entraîner le pays dans un conflit intra-communautaire généralisé, bien plus dévastateur que la rébellion.

La riposte impérative: les quatre piliers pour l’État malien

Face à ce péril existentiel, l'État ne peut se contenter d'une seule approche. La réponse doit être globale, ferme et juste, reposant sur les quatre axes:

1. Négociations ciblées (avec prudence): Le dialogue ne doit être envisagé que comme un outil de déradicalisation et de désengagement pour les combattants égarés et les chefs maliens non irréductibles, offrant une porte de sortie claire vers l'amnistie ou la réinsertion, mais jamais comme une reconnaissance politique ou une négociation des fondements républicains. Les idéologues irréductibles doivent être combattus.

2. Intensifier les combats militaires (avec éthique): L'État doit réaffirmer son monopole de la violence. L'intensification des opérations est vitale pour démontrer la suprématie de l'Armée et briser l'élan expansionniste des GAT, y compris les nouvelles cellules bambara. La riposte doit être efficace mais conduite dans le strict respect des droits humains pour gagner le cœur des populations.

3. Mettre en place des projets de développement endogène: La pauvreté, la marginalisation et le manque d'opportunités sont les moteurs du recrutement. Le développement ne doit pas être un simple geste, mais une stratégie de reconquête par le bien-être. Des projets ciblés qui répondent aux besoins des communautés (eau, écoles, emploi) sont essentiels pour assécher la source de recrutement djihadiste.

4. bâtir une justice équilibrée, l'axe fondamental: C'est le pilier qui peut tout changer. La justice sociale est le rempart ultime contre le djihadisme. Lorsque les citoyens sont marginalisés, victimes de corruption, ou que la justice est perçue comme un outil des puissants, le discours des djihadistes sur un «système injuste» trouve un écho. Rétablir une justice qui: garantit l'égalité des droits et des opportunités, sanctionne la corruption et les abus sans, distinction d'ethnie ou de classe, assure un niveau de vie décent pour tous.

Un appel à la purification du cœur national

Pour bâtir une société pacifique, nous devons, en tant que Maliens, transcender nos divisions. La justice sociale, l'équité et la solidarité ne sont pas de simples slogans politiques, mais les ingrédients de la cohésion nationale.

Le vrai dialogue que le Mali doit mener n'est pas avec le terroriste, mais avec lui-même.

Nous devons laver nos cœurs de la haine, de l'envie, des rancunes, de l'aversion et des injustices qui ont nourri la crise. Le gouvernement malien a la lourde tâche de porter le glaive militaire, mais aussi le flambeau de la justice et de l'équité pour que le peuple se range définitivement du côté de la République et rejette l'idéologie djihadiste. C'est à ce prix seulement que la paix durable reviendra sur la terre de Soundiata Keïta.

A.K DRAMÉ

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