Saison des pluies : La croix et la bannière pour les conducteurs de Moto-taxi
En période d’hivernage, les conducteurs de mototaxi vivent une période particulièrement difficile.

Avec les pluies fréquentes, les routes glissantes et les eaux stagnantes, ils sont de moins en moins sollicités par les clients. Ce qui rend les recettes journalières moins satisfaisantes. Ce faisant, ces ‘’nouveaux rois’’ des routes bamakoises font face chaque jour aux caprices du climat à la quête de la clientèle pour subvenir à leur besoin ainsi qu’à celui de la famille.
La saison des pluies ne fait pas de cadeau aux conducteurs de Mototaxi à Bamako. En effet, avec les routes inondées, les risques d’accidents et la non couverture en toiture de leur engin, ils ne sont plus assez sollicités par des clients.
Selon Abdoulaye Diaby qui pratique cette activité depuis des années, en ce temps des pluies, ce travail n’est pas facile. « Il y a des moments ou avec une moindre pluie, l’eau arrive à un certain niveau, la moto s’éteint toute seule et aussi les ruelles de Bamako ne sont pas viabilisées, elles sont toutes inondées. En un mot, il n’y a pas assez de marché, on se débrouille avec le peu qu’on trouve. Nous n’avons pas également des habits imperméables contre la pluie pour distribuer aux clients. Vraiment en cette saison des pluies, nous les conducteurs de mototaxi souffrons » déclare-t-il.
Pour un autre conducteur de Mototaxi, du nom de Issa Sidibé, travailler en saison pluvieuse n’est pas facile. Surtout, pour trouver des clients. « Mais on n’a pas le choix car c’est cela qui nous permet de gagner notre vie. Il y a certains clients qui nous sont fidèles, d’autres non. Les routes de certains quartiers sont impraticables pendant cette saison, ce qui fait que beaucoup de personnes n’empruntent pas cet engin. Mais, on fait tout notre possible pour combler leur attente. Et je sollicite les autorités à rénover les routes et à reconnaitre notre travail, notre utilité sociale, le respect et la sécurité pour nous et nos clients » affirme M. Sidibé.
Abondant dans le même sens, Ousmane Dembélé, conducteur de mototaxi lui aussi, indique que la pluie impacte leur activité. Etant donné qu’en hivernage, beaucoup de clients limitent le déplacement et préfèrent rester chez eux pour éviter d’être mouillés. Avec les voies glissantes, boueuses et parfois inondées, que certains clients ont peur d’emprunter les mototaxis surtout quand celles-ci tombent en panne. Ce qui pousse certains clients à chercher d’autres moyens de transport. Et que les recettes journalières ne sont pas les mêmes que pendant les autres saisons.
« Certains clients nous sollicitent et d’autres non. Ceux qui nous sollicitent disent qu’ils n’ont pas le choix. Avec la pluie, c’est difficile car les flaques d’eau qui sont sur la route peuvent nous salir. Des clients évitent de solliciter notre service pour ne pas prendre le risque de se salir. Ça joue sur notre travail en ces temps-ci. C’est dur ! » Souligne Seydou Doumbia, conducteur de mototaxi.
La réticence de la clientèle par peur d’être mouillée
« Je préfère éviter de prendre les mototaxis surtout pendant la saison pluvieuse » a avancé Soundié Koné, étudiante. Ses raisons se fondent sur les normes de sécurité, de confort et de bien-être. « Tout d’abord, la vitesse à laquelle roule ces chauffeurs me fait peur. La plupart du temps, les conducteurs vont très vite, même dans des conditions de circulation difficiles. Cela augmente le risque d’accident, surtout quand les routes sont mouillées ou glissantes. Ensuite, pendant la saison des pluies, les risques sont encore plus élevés. Les routes deviennent boueuses, les flaques d’eau cachent souvent des creux ou des obstacles et la visibilité est réduite. Dans ces conditions, prendre une mototaxi est très dangereux. Je ne me sens pas en sécurité sur un deux-roues, sans protection, face aux imprévus de la route. De plus, les mototaxis ne protègent pas contre la pluie. On arrive souvent tremper à destination, ce qui est inconfortable et peut même nuire à la santé. En tant qu’étudiante, il m’est important d’arriver propre, sec et en bonnes conditions d’étude. Enfin, je pense aussi à ma tranquillité d’esprit. Quand je choisis un autre moyen de transport, même si cela prend plus de temps, je me sens plus en sécurité et moins stressée. Je préférais perdre quelques minutes plutôt que de risquer ma vie » a-t-elle développé.
Partageant le même avis, M’Paye Doucouré affirme qu’elle évite de prendre la mototaxi par manque de professionnalisme de ses conducteurs. « La plupart d’eux sont à l’origine des accidents de route. Surtout en cas de pluie, c’est encore pire »a-t-elle argumenté
Contrairement à ces deux intervenantes, Mariam Djiré, une cliente de mototaxi dit d’emprunter toujours ce moyen de transport en cette saison des pluies. Même si, selon elle, avec la pluie provoquant le mauvais état des routes, il va falloir être plus vigilant. « Les routes ne sont pas en bon état et la pluie peut venir à tout moment. Aussi, quand il pleut, il y’a des conducteurs qui refusent de s’arrêter et il faut reconnaitre qu’ils sont toujours pressés, donc cela peut être à l’origine d’accident de circulation. Moi-même, je vois tout le temps des accidents pendant cette période de saison pluvieuse, mais ça ne va pas m’empêcher de la prendre car la pluie vient sans prévenir » s’est-elle justifiée. Oumou Traoré a fait savoir qu’elle emprunte la mototaxi en pleine pluie car étant asthmatique, elle ne supporte pas les transports en commun comme les SOTRAMA. « Les taxis sont très chers. Je suis à l’aise avec la mototaxi car je suis seule et tranquille. Pour les glissades des routes et autres, cela dépend généralement de la maitrise du conducteur. Je ne sais pas pour les autres, mais moi peu importe la situation, je prendrai toujours la mototaxi… » a-t-elle raisonné.
Malgré cette saison des pluies qui impacte leurs revenus, certains conducteurs de mototaxi arrivent à tirer leur épingle du jeu. Ils promettent de faire attention pour la sécurité de la clientèle en cette saison particulièrement difficile pour eux.
Nana Mahamadou et Mariam Wallet (Etudiantes en Licence 1 J/CO-UCAO-UUBa)
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