Le Burkina resserre ses liens avec les États-Unis

Reçu en grande pompe par Donald Trump, le général Kassoum Coulibaly, nouvel ambassadeur du Burkina Faso à Washington, a remis ses lettres de créance vêtu de sa tenue militaire. Cette démarche symbolique s’inscrit dans une série d’initiatives américaines visant à reconstruire un partenariat sécuritaire avec les pays sahéliens, en rupture progressive avec la France et en quête de nouveaux équilibres diplomatiques.

27 Juillet 2025 - 19:36
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Le Burkina resserre ses liens avec les États-Unis

Le président Donald Trump a reçu en personne, à la Maison Blanche, le général Kassoum Coulibaly, nouvel ambassadeur du Burkina Faso aux États-Unis. Vêtu de sa tenue de combat, l’ancien ministre burkinabè de la Défense a remis ses lettres de créance au chef de l’exécutif américain, dans une mise en scène inhabituelle mais hautement symbolique, dans un contexte régional marqué par l’insécurité et une volonté affichée de souveraineté.

Cette cérémonie solennelle s’inscrit dans une séquence diplomatique offensive de Washington, qui multiplie les gestes de réengagement auprès des pays sahéliens. Donald Trump a salué l’arrivée de l’ambassadeur, affirmant que les deux pays « partagent un intérêt pour l’amélioration de la prospérité de nos nations » et souhaitant intensifier la coopération dans les domaines du commerce, de l’énergie, des mines et des télécommunications.

Dans la lettre adressée au Département d’État, Kassoum Coulibaly a mis en avant la profondeur des relations bilatérales malgré la crise sécuritaire persistante dans son pays.
« Mon pays fait face, depuis une décennie, à une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent, alimentée par des actions terroristes du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans et ses satellites (GSIM) et de l’État Islamique au Sahel (EIS), qui menacent notre existence par le massacre des populations et les velléités de déstabilisation de la région », a-t-il déclaré.

Le diplomate a également souligné les avancées de la transition burkinabè sous le capitaine Ibrahim Traoré, notamment dans la reconquête territoriale et le retour progressif des déplacés internes. « Le Burkina Faso s’emploie à bâtir un État plus sûr, plus souverain et plus résilient, en comptant sur ses propres ressources mais également sur des partenariats stratégiques fondés sur l’égalité et la confiance mutuelle », a-t-il affirmé.

Quelques semaines plus tôt, le 27 mai 2025, le Sous-Secrétaire d’État américain pour l’Afrique de l’Ouest, Will Stevens, effectuait une visite officielle à Ouagadougou, au cours de laquelle il a transmis un « message du président Donald Trump » aux autorités burkinabè. Lors de son entretien avec le ministre des Affaires étrangères Karamoko Jean Marie Traoré, les deux parties ont insisté sur une coopération « solide » et « respectueuse de la souveraineté ».

Traoré a salué cette main tendue de Washington tout en critiquant les restrictions occidentales à l’acquisition d’équipements militaires. « Nous attendons un changement de regard, une meilleure compréhension, et un partenariat fondé sur l’égalité », a-t-il martelé. Stevens a promis de s’engager personnellement pour lever ces obstacles.

Cette nouvelle dynamique s’inscrit dans une stratégie américaine plus large de réengagement au Sahel. Début juillet à Bamako, Rudolph Atallah, haut responsable antiterroriste à la Maison Blanche, s’est entretenu avec les autorités maliennes autour d’une « coopération rénovée et constructive ». À Nairobi le 30 mai, le général Michael Langley, chef d’AFRICOM, a reconnu les conséquences du retrait militaire américain du Niger et promis un appui accru aux partenaires sahéliens.

Fin avril, le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine avait lui-même entamé à Washington une relance du dialogue avec l’ambassadeur américain Troy Fitrell, après la rupture des accords de défense ayant conduit au retrait des troupes américaines de la base d’Agadez.

Ces initiatives interviennent alors que les relations entre les régimes de transition sahéliens et la France se détériorent profondément. Le Burkina Faso, le Mali et le Niger accusent Paris d’ingérences et justifient leur retrait de la Cédéao par ce qu’ils considèrent comme une instrumentalisation de l’organisation par l’ancienne puissance coloniale.

Dans le même temps, ces pays renforcent leur coopération avec la Russie. Des instructeurs russes sont désormais présents dans les trois capitales pour assurer la formation et appuyer la lutte contre les groupes armés.

Dans ce jeu d’alliances mouvantes, les États-Unis tentent de repositionner leur influence au Sahel en privilégiant un discours de respect mutuel et de souveraineté, là où d’autres puissances voient leur image se dégrader.

HO/ac/APA

Source: https://fr.apanews.net/

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