Le Mali sur la scène internationale : Quand Bamako assume ses choix !
Alors que le retrait du Mali de la CEDEAO et le départ de la MINUSMA avaient nourri les inquiétudes d’un effritement diplomatique, les dernières évolutions démontrent une réorientation stratégique assumée. Bamako fait le choix de l’audace diplomatique plutôt que du repli, affirmant avec clarté sa souveraineté nationale et un multilatéralisme sélectif.

Loin d’un isolement subi, le Mali redéfinit ses lignes d’alliance et adopte une diplomatie de conviction : pragmatique, lucide, et résolument autonome.
L’Égypte au Mali, symbolise un partenariat renouvelé. Le 24 juillet 2025, le Président de la Transition, Assimi Goïta, a reçu le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, porteur d’un message officiel du Président Abdel Fattah Al-Sissi. Cette rencontre marque un tournant dans la politique extérieure de notre pays. L’Égypte a réaffirmé son soutien militaire et sécuritaire au Mali, dans le cadre d’une lutte antiterroriste pensée de manière intégrée : approches idéologiques, sécurisation des territoires et investissements en développement durable.
Mais cette visite diplomatique allait plus loin. Elle s’est accompagnée d’une délégation économique de haut niveau, désireuse de nouer des partenariats dans les secteurs minier, énergétique, agricole et infrastructurel. Cette coopération s’inscrit pleinement dans une dynamique Sud–Sud, bâtie sur le respect de la souveraineté des États et la défense d’intérêts réciproques.
Vers une diplomatie souveraine et structurée
Interrogé par la radio allemande DW sur les risques d’isolement, Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères, a rejeté catégoriquement cette interprétation : «C’est une question de perception. […] Certains anciens partenaires […] essaient d’isoler notre pays à cause de nos choix».
Il a ensuite réaffirmé les trois principes fondateurs de la diplomatie malienne nouvelle: le respect strict de la souveraineté nationale, la reconnaissance pleine des orientations stratégiques décidées à Bamako, et la priorité absolue accordée aux intérêts maliens. «Nous ne comptons plus sur les forces internationales pour assurer notre sécurité», a-t-il déclaré, tout en précisant que le Mali contrôle désormais «100% de son territoire», contre seulement «40% auparavant». Une maîtrise retrouvée, incluant Kidal, reprise aux groupes armés dix-huit mois plus tôt.
Dans cette dynamique, le Mali s’inscrit avec volontarisme dans une refonte régionale. La création de la Confédération des États du Sahel (AES) avec le Burkina Faso et le Niger représente une rupture claire avec les anciennes structures d’intégration, en faveur d’une alliance politique et sécuritaire pensée et pilotée localement.
Le maintien des relations avec l’Europe est également affirmé : des consultations diplomatiques germano-maliennes sont prévues à Bamako. En parallèle, les échanges constructifs avec les Nations Unies se poursuivent dans les domaines humanitaires et de développement. La coopération se diversifie : Russie, Égypte, USA, Chine AES… tout en gardant une porte ouverte au dialogue international. L’Égypte a d’ailleurs étendu son soutien à l’ensemble de l’AES, soulignant son rôle stabilisateur dans la lutte contre le terrorisme régional.
Une fermeté assumée sur les tensions régionales
Le ministre Diop ne s’est pas dérobé face aux enjeux sensibles. Il a dénoncé les ingérences régionales, en particulier celles attribuées à l’Algérie. Avec clarté, il appelle au respect des frontières politiques et stratégiques : «Nous demandons à nos voisins de cesser de s’ingérer dans nos affaires intérieures et de soutenir des groupes terroristes ou séparatistes». Et l’avertissement est sans ambiguïté : «On ne peut pas être l’ami du Mali et avoir une main pour déstabiliser notre pays»
Bamako, longtemps perçu comme un carrefour sous influences multiples, redéfinit désormais ses codes diplomatiques. Loin d’une posture attentiste ou dépendante, le Mali choisit ses alliances selon des objectifs clairs et des valeurs assumées. Cette diplomatie nouvelle ne cherche pas à plaire elle cherche à exister et à impacter.
L’enjeu à venir sera la consolidation et la pérennisation de ces nouvelles alliances dans un environnement régional en mutation, marqué par les défis sécuritaires, les recompositions stratégiques et les pressions extérieures. Le Mali entend conjuguer fermeté souveraine et interdépendance maîtrisée dans un Sahel en pleine mutation.
M. SANOGO
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