Réforme du trésor public et digitalisation budgétaire : Une modernisation administrative activée
Le discours du ministre Alousseni Sanou sur la réforme du Trésor Public et la digitalisation des finances publiques intervient dans un contexte de tension budgétaire marqué par l’emprunt récent de 38,5 milliards FCFA sur les marchés financiers.

Le ministre met en avant des avancées notables, notamment l’augmentation de 46% des recettes publiques grâce aux codes marchands et le lancement de la plateforme «TresorPay». Ces innovations traduisent une volonté de transparence et d’efficacité, mais elles ne suffisent pas à masquer les signaux d’alerte budgétaire. En effet, près de 75% du montant emprunté devra être remboursé dès l’année prochaine, avec des taux d’intérêt marché.
Ce paradoxe est circonstanciel vu les retombées dans divers domaines sur le court terme et révèle la détermination des autorités maliennes de continuer à afficher une santé économique alliée à une révolution technicien pour légitimer l'ambition nationale de refondation avec des outils numériques censés assainir les finances publiques. De ce point de vue, la normalisation des finances publiques par la note Gafi qu'a obtenue le Mali, ouvre un cycle d’endettement nouveau et permis sans soucis du lendemain quant aux remboursements. Ces espérances nouvelles dépassent l'entendement des virulents critiques de la démarche des autorités maliennes, qui estiment que les dépenses salariales de l’État sont trop élevées par rapport aux capacités d'investissement. La réforme du Trésor semble donc bien venue pour couvrir les arrières de l'urgence budgétaire nécessitant un recours contraignant à un endettement souverain et d'éteindre des arriérés de salaires et des montants de la dette intérieure épongée déjà à degré et hauteur de souhait auprès des opérateurs économiques nationaux.
Dans ce contexte, la digitalisation ne doit pas être un simple vernis technologique. Elle doit s’accompagner d’une réforme structurelle de la dépense publique, d’un audit rigoureux des engagements de l’État, et d’une stratégie concertée avec les partenaires régionaux pour éviter les risques liés à un endettement abusif et systématique. Sans une épargne nationale privée et individuelle forte, les outils numériques risquent de devenir des béquilles pour un système budgétaire éprouvé qui veut se moderniser. Une économie débout devrait regagner un second souffle en stimulant l'épargne publique et encourager l'investissement local.
La Rédaction
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