Transferts d’argent : Trump frappe les Africains
Depuis des décennies, les envois de fonds constituent un pilier essentiel du lien entre les diasporas africaines et leurs pays d’origine. Chaque année, des milliards de dollars sont transférés depuis les États-Unis vers des familles, des communautés et des économies locales à travers l’Afrique.

L’instauration par l’administration Trump d’une taxe fédérale de 1 % sur certains transferts d’argent à l’étranger — prévue pour entrer en vigueur en janvier 2026 — suscite ainsi une vive inquiétude. Derrière une décision fiscale présentée comme neutre se cache une mesure qui risque de frapper de plein fouet des millions de familles africaines.
Une taxe aux conséquences immédiates
Présentée comme un outil de lutte contre les flux financiers illicites et destinée à renflouer les caisses publiques, cette taxe touche directement les transferts effectués par mandat, en espèces ou par chèque bancaire. Or, ce sont précisément ces moyens que privilégient de nombreux expatriés africains, souvent peu familiers des canaux bancaires numériques, ou confrontés à des contraintes administratives. Résultat : une mesure censée viser les pratiques douteuses risque d’avoir pour premier effet d’alourdir le fardeau financier des foyers modestes.
Pour nombre de familles africaines, un transfert mensuel de 200 ou 300 dollars représente une aide importante pour financer la scolarité des enfants, les soins médicaux ou encore les dépenses alimentaires. Une taxe de 1 % peut paraître dérisoire à Washington, mais elle s’ajoute à des frais déjà élevés, qui peuvent parfois dépasser les 6 %. C’est donc un pourcentage en plus sur une somme déjà précieuse, avec des répercussions immédiates dans les villages du Bénin, Mali, du Sénégal, de la RD Congo ou encore du Nigeria.
Une politique qui fragilise les liens humains
Au-delà des chiffres, cette décision soulève une question de fond : quelle place l’Amérique entend-elle accorder à sa relation avec l’Afrique et sa diaspora ? En ciblant un mode de solidarité transnationale, cette mesure remet en cause un pacte implicite : celui qui lie ceux qui sont partis à ceux qui sont restés. Car les transferts ne sont pas seulement économiques, ils incarnent aussi une forme de responsabilité sociale et de transmission culturelle.
Plutôt que d’encourager l’inclusion financière et d’améliorer la transparence des flux, l’administration Trump opte pour une approche punitive, qui pourrait pousser certains expéditeurs vers des circuits informels et difficilement traçables. À long terme, ce choix risque d’amoindrir l’impact économique des diasporas africaines et de créer une rupture de confiance durable entre les communautés immigrées et les institutions américaines.
La mesure, dans sa forme actuelle, n’est pas simplement une taxe technique. Elle traduit une vision utilitariste des relations internationales, où la générosité privée est perçue comme une ressource à capter plutôt qu’à accompagner. En ciblant indirectement les plus vulnérables, elle porte un coup symbolique à l’un des derniers remparts contre la pauvreté dans de nombreuses régions africaines.
Source: https://lanouvelletribune.info/
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