Financement du terrorisme : L’Algérie, cet eldorado du blanchiment d’argent qui menace la stabilité du Sahel

24 Juillet 2025 - 01:52
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Financement du terrorisme :  L’Algérie, cet eldorado du blanchiment d’argent qui menace la stabilité du Sahel

L’Union européenne, sur recommandation du Groupe d'action financière (GAFI), a récemment inscrit l’Algérie sur sa liste noire des juridictions à haut risque en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Interpellé depuis mai 2023, ce pays n’a pas encore été capable de mettre en œuvre les réformes exigées par les gendarmes de la finance mondiale. L’Algérie est ainsi rattrapée par le triste rôle qu’elle joue dans la déstabilisation du Mali, voire du Sahel. En effet, cette «claque» vient confirmer ce que les Maliens ont toujours soupçonné : l'Algérie est l’eldorado du blanchiment d’argent qui sert à financer le terrorisme afin de déstabiliser des voisins comme le Mali et le Niger !

 «Comment jouer les grands frères du multilatéralisme équilibré, quand on est dans le collimateur des maîtres du jeu financier mondial ? Comment prétendre combattre le terrorisme au Sahel, quand on est soupçonné même indirectement de le nourrir» ? Des questions pertinentes que se pose un confrère de «Les Echos» (N°6083 du mercredi 16 juillet 2025). Des questions suscitées par la décision du Groupe d'action financière (GAFI) de mettre l'Algérie sous surveillance renforcée à cause des lacunes dans sa lutte contre le financement du terrorisme.

Cette décision fait suite à une évaluation de la mise en œuvre par l'Algérie des mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. À noter que c’est en mai 2023 que le Gafi a adopté le rapport d'évaluation mutuelle (REM) de l'Algérie, révélant des faiblesses dans son dispositif de Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Alger s'était alors engagée à travailler avec le Gafi et le GAFIMOAN pour renforcer son dispositif de LBC/FT. Depuis des années, les experts ne cessent d’alerter sur l’opacité du système bancaire algérien. Le Gafi, dans son rapport, parle d’un pays où l’argent circule souvent sous le manteau, où les dispositifs de lutte contre le financement du terrorisme brillent par leur inefficacité. Et malgré les promesses, aucune réforme sérieuse n’a vu le jour.

Les Groupes armés terroristes (GAT) ont besoin d’énormément d'argent pour se battre et maintenir leur influence politique et sociale dans leurs zones d'opération. Sans compter qu’il faut des moyens énormes pour pouvoir se procurer des armes utilisées aujourd’hui (drones kamikazes, Barrett M82 …) pour déstabiliser nos États. Des moyens que ne peuvent leur procurer le contrôle de l'exploitation minière artisanale; le vol de bétail et d’autres trafics. C’est surtout le blanchiment d'argent qui permet à une organisation terroriste comme Jama'at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNISM/GSIM) de financer ses actes criminels.

Ce qui fait du démantèlement des économies illicites du groupe et du blocage de ses flux financiers des stratégies essentielles pour contrer ses activités. Et comme l’argent est naturellement le nerf de toute guerre, il est essentiel de renforcer la coopération régionale en matière de sécurité. Cela permettra de traquer systématiquement les flux illicites et de les stopper avant qu’ils ne profitent aux GAT. Mais, il ne faut pas visiblement compter sur la sincérité des autorités algériennes, voire mauritaniennes aussi, pour priver les GAT de l’argent sale qui les aide à s’équiper pour continuer à déstabiliser le Sahel.

Les tergiversations d’un État pompier-pyromane

En tout cas, ce carton rouge de Gafi apporte l’eau au moulin de nos autorités qui, ces derniers mois, n’ont pas cessé d’indexer l’Algérie comme marraine du terrorisme depuis que l’Accord pour la paix la réconciliation au Mali (APR), issu du processus d’Alger, a été dénoncé par Bamako et définitivement enterré. Depuis, Alger utilise tous les moyens pour contraindre Bamako à revenir à la table des négociations afin de préserver son précieux statut de médiateur.

Et du coup, pour de nombreux Maliens, les Algériens jouent avec le Mali au pompier-pyromane depuis des décennies. La collusion entre le régime algérien et les groupes terroristes qui reçoivent asile, protection et soutien n’est qu’un secret de polichinelle. Elle a éclaté au grand jour avec la destruction d'un drone malien par l'armée algérienne, dans la nuit du 31 mars au 1ᵉʳ avril 2025. Comme l’a dénoncé le gouvernement au moment des faits, «cet agissement prouve, si besoin était, que le régime algérien parraine le terrorisme international». En fait, on l'a découvert plus tard, la destruction du drone malien avait comme objectif d’entraver la neutralisation de groupes armés ayant revendiqué des actes terroristes et dont les principaux leaders se réunissaient dans la zone pour planifier de nouveaux actes de déstabilisation du Mali, voire du Sahel.

Le drone abattu effectuait donc une mission de surveillance ciblant «une rencontre de terroristes de haut profil qui planifiaient des actions». Alger est allergique à toute présence malienne dans la zone de Tinzawaten réputée être une «région de refuge» pour les combattants du Front de libération de l'Azawad (FLA). Il s’agit d’une coalition de groupes séparatistes du nord du Mali signataires de l'accord d'Alger en 2015 et dont le principal bastion, la ville de Kidal, a été reprise par l'armée malienne en novembre 2023. D'ailleurs, c’est ce groupe qui s’était enorgueilli d’avoir abattu notre drone avant de se faire rappeler à l’ordre par l'Algérie qui a revendiqué à son tour cet acte d’hostilité.

Que l’Algérie soutienne aujourd’hui les terroristes comme Iyad Ag Ghali et ses pions de Kidal (les leaders de l’ex-Coordination des mouvements de l’Azawad/CMA) ne surprend guère les observateurs. Et cela d’autant plus qu’ils sont nombreux les observateurs qui reconnaissent que les groupes obscurantistes qui opèrent au Mali depuis les années 2000 sont «issus de la matrice algérienne» et, jusqu'à aujourd'hui, conservant des liens avec al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), dont le commandement est basé en Algérie.

Hamady Tamba

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