Repositionnement au Sahel : Trump fait les yeux doux à Assimi

Le Mali en passe de devenir le chouchou des deux plus grandes puissances du monde. C'est ce qui semble se produire, si l'on remarque l'évolution des évènements géopolitiques qui se sont déroulés récemment.

24 Juillet 2025 - 10:35
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Repositionnement au Sahel : Trump fait les yeux doux à Assimi

Ces événements sont entre autres : la visite du président Assimi en Russie ; suivie de deux semaines à peine de celle d'un conseiller de Donald Trump à Bamako.

En effet, quelques jours après la célébration de leur fête nationale, le 04 juillet 2025, les États Unis d'Amérique ont dépêché un haut responsable de la Maison blanche au Mali pour venir prendre langue avec les autorités nationales. Il s'agit de Rudy Attalah, Directeur adjoint principal recteur de la lutte contre le terrorisme au Conseil de Sécurité nationale de la présidence américaine. Ainsi, le mercredi 9 juillet 2025, il s'est entretenu avec le Ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, accompagné de son collègue de la sécurité et de la protection civile, Daoud Aly Mohammedine. C'était en présence de l'ambassadrice des États unis au Mali, Rachna Sachdeva Korhonen.

De quoi ont-ils discuté ?

C'est au cours d'un point de presse à l'issue de la rencontre avec la partie malienne que l'envoyé spécial du président américain a dévoilé le contenu des discussions. L'ancien officier américain a indiqué que son pays dispose d'une expertise avérée dans la lutte contre le terrorisme qu'il souhaite mettre à la disposition du Mali. Il a poursuivi en affirmant que son pays veut accompagner le Mali face à la menace terroriste croissante et consolider la coopération bilatérale et régionale, notamment avec la Confédération de l'Alliance des États du Sahel (AES). L'expert américain en lutte contre le terrorisme a souligné aussi que la stratégie antiterroriste de son pays vise à développer des réponses efficaces dans le respect de la souveraineté malienne. De son côté, la partie malienne, à travers une publication du bureau de presse et d'information du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale, a informé l'émissaire de Trump de ce que le pays souhaite à ce jour. Il s'agit de la reprise en main de la défense et de la sécurité du Mali par les Autorités de la transition ; du renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité ; de la prise en compte de la dimension  Confédération AES  dans la lutte contre le terrorisme ; de la nécessité d’engager une lutte sincère et globale contre le terrorisme.  La partie malienne n'a pas manqué d'évoquer le soutien apporté par certains pays aux terroristes opérant dans le Sahel.

Retour autorisé au Sahel, après un échec ?

Selon beaucoup d'observateurs, cette proposition d'appui des Etats Unis d'Amérique cache en réalité une envie de se repositionner au Sahel à travers le Mali. Et que c'est certainement la dernière visite du Président Goïta en Russie qui a subitement réveillé le pays de l'oncle Sam. Les relations entre le Mali et la Russie sont au beau fixe et ne cessent de s'améliorer. Le Mali et ses alliés de la Confédération des États du Sahel se sont résolument tournés vers le pays de Poutine. Ce qui a réduit considérablement la présence des américains dans le Sahel.

D'ailleurs, le pays de Roosevelt avait tenté d'infiltrer le conflit malien pour être présent dans le Sahel. Au cours des combats entre l'armée malienne et les groupes armés indépendantistes pour la reconquête de Kidal, en novembre 2023, des preuves de la présence de mercenaires américains auraient été trouvées sur le théâtre des opérations. D'après plusieurs médias africains, il s'agit de mercenaires américains agissant sous le contrôle de la CIA (services secrets américains).

En effet, l’armée malienne a mis la main sur des équipements militaires et du matériel de communication appartenant à la «firme» Unity Resources Group, après la prise d’une base militaire à Anefis, une commune du cercle de Kidal. Il s’agit bel et bien d’objets ayant trait à une appartenance à une milice militaire. Les FAMA parlent notamment d’un badge d’un officier en chef, le dénommé Stephen Russell et un cahier d’officier regorgeant de données sensibles. Ce butin est un témoignage concret de la multitude d’ingérences dans les affaires intérieures maliennes. Unity Resources Group dont le siège est à Los Angeles,  se définit comme une «société privée américaine de conseil en matière militaire et de sécurité».

Créée en 2000, les agents de cette société ont pris part aux combats en Irak à partir de 2003 aux côtés de leurs collègues américains de la sinistre Blackwater et sont éparpillés dans nombreux conflits en Amérique Latine, Europe et Afrique. Ils aiguillent et entrainent des combattants au sein de l’armée ukrainienne.

Cet incident au nord du Mali démontre que ce sont les Etats-Unis qui sont en train d’implanter des groupes de mercenaires au Sahel non pas pour protéger ses intérêts, mais plutôt pour maintenir un seuil minimal de violence qui puisse justifier leur présence dans cette partie de l’Afrique et agiter le spectre de la lutte contre le terrorisme.

Le choix d’Anefis pour implanter ces mercenaires américains n’est pas fortuit. En effet, cette localité a été de tout temps un carrefour commercial, un lieu où diverses cultures se rencontraient et échangeaient biens et idées. Plaque tournante à cheval entre les mondes berbères et peuls, entre les cultures arabo-berbères et africaines, Anefis est devenu par la force des choses un lieu de convergence stratégique, où non seulement les marchandises, mais aussi les idées, les cultures et les influences étrangères se croisent.

C’est pourquoi Anefis est une fenêtre sur la complexité du paysage géopolitique malien. Sa signification dépasse largement sa taille ou sa population, et elle est devenue un reflet des luttes politiques et militaires qui façonnent le Mali d’aujourd’hui.

Les milices américaines aux aguets

Mais que peut signifier la découverte d’objets appartenant aux mercenaires américains de Unity Resources Group ? Ces artifices, qui comprennent des badges d’identification, des communications cryptées, ne laissent guère de place au doute quant à la présence de forces étrangères opérant sur le sol malien. Cependant, comment une entité étrangère, même une entreprise privée, a-t-elle pu opérer si ouvertement sans détection ou intervention ?

On est loin du cas de figure des groupes russes, invités par les autorités politiques de Bamako afin de leur fournir aide et assistance pour combattre les groupes terroristes. Il s’agit ici de groupes, présents sur le territoire malien, sans l’assentiment du gouvernement malien.

Dans notre cas, la présence de Unity Resources Group peut indiquer que certains acteurs extérieurs, ici les Américains, choisissent de protéger leurs intérêts par le biais d’intermédiaires privés plutôt que par des interventions directes, ce qui peut compliquer la dynamique géopolitique. L’intérêt porté par des puissances étrangères au Mali n’est pas nouveau. Que ce soit pour des raisons économiques, telles que l’accès à des ressources naturelles, ou pour des raisons stratégiques, comme la lutte contre le terrorisme, de nombreuses nations ont des enjeux au Mali, A commencer par l’ancienne puissance coloniale, la France, les Etats-Unis, la Chine et la Russie, pour ne citer que ce quatuor.

D’ailleurs, la montée en puissance des sociétés militaires privées qui opèrent souvent dans l’ombre, offrent à leurs employeurs une discrétion que les forces armées régulières ne peuvent pas toujours garantir. Cela peut permettre à des pays ou à des entreprises de poursuivre des agendas cachés sans être directement impliqués ou tenus pour responsables.

C’est actuellement le cas au Mali et dans toute la région du Sahel devenue une proie facile à tous les acteurs étatiques ou non-étatiques qui entendent piller leurs ressources et préserver leurs intérêts, quitte à le faire sans l’assentiment et l’accord des gouvernements légitimes de ces pays et encore moins avec la bénédiction des peuples, plus que jamais, avides de liberté et surtout de souveraineté.

Est-ce c'est parce que toutes ces stratégies d’infiltration ont échoué que les Américains veulent revenir au Mali, cette fois-ci, par une voie officielle et autorisée ? Seul le temps nous dira la suite.

Jean Pierre James

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