Mort sur le front de la tâche : Me Hassane Barry, un parcours de principe et de dignité
Dimanche 4 octobre 2025, le célèbre « Terrain Djakarta » de Kalaban-Coura était noir de monde pour rendre un ultime hommage au célébrissime avocat et l’accompagner à sa dernière demeure, deux jours après la salve d’hommages, de prières et d’éloges que son décès avait inspirés aux proches, aux collaborateurs et admirateurs.

Il s’agit de confrères du barreau auxquels la brutale disparition de Me Hassane Barry a arraché une déférence digne de son brillant passage à l’Ordre ainsi que de nombreux compagnons politiques et associatifs ayant défilé sur les plateformes successives pour magnifier son parcours d’homme public d’envergure, son humanisme et sa générosité relationnelle.
Cheville ouvrière de l’ancien parti UDD pendant de longues années, le natif de Diankabou (cercle de Koro) y a assuré plusieurs postes stratégiques - dont celui de président. Il aura inspiré et animé les plus glorieuses pages de cette grande formation politique avec et après sa figure historique, Moussa Balla Coulibaly, avant d’opter pour l’effacement sur la scène sans s’éloigner totalement de l’action politique. Son attachement au devenir des concitoyens et de la nation lui ont ainsi arraché un ultime engagement aux côtés de la fronde du Mali-Koura, dans la discrétion et la retenue que devrait lui avoir imposé son éthique qui rime avec rebut de la transhumance partisane et refus de la tentation du nomadisme.
L’éminent avocat ne s’est jamais déconnecté, en revanche, de sa vocation professionnelle ainsi que de sa loyauté envers une patrie et une communauté d’origine - dont il sut défendre les intérêts partout où le devoir l’a appelé. Des hautes fonctions de membre du gouvernement sous Alpha O. Konaré à celles de ministre plénipotentiaire sous ATT ainsi que sous la Transition de Dioncounda Traoré, Me Barry a su porter dignement les couleurs de son pays à l’étranger et incarner fièrement l’identité d’une communauté peule pour l’épanouissement de laquelle il aura consacré de son temps, sacrifié de son talent, dépensé sans compter de son énergie et de ses moyens. La nation ne lui en sera reconnaissante que par une tardive consécration comme Chevalier de l’Ordre du Mérite sous la transition en cours, tandis que sa communauté lui a témoigné sa gratitude par un soutien massif dans son combat pour la présidence de Tabidal Pulaaku héroïquement perdu à cause des ingérences policières.
Adepte des droits et libertés de l’homme, démocrate dans l’âme et d’une loyauté irréprochable aux principes et valeurs de la République, la dédicace du militant de Tabidal Pullaku à la paix par le compromis ainsi que son combat de l’injustice sont demeurés inébranlables, tout au long de son séjour ici-bas. Irrésistibles jusqu’au martyre des insidieuses persécutions et étiquetages d’appartenance aux groupes djihadistes que lui ont longtemps valu son refus de l’amalgame et de la compromission sur les principes professionnels. Au demeurant, l’avocat des démunis et des pauvres a été fauché par mort en luttant vaillamment contre les contraintes d’une vie de labeur et au bout d’une éprouvante journée au Tribunal de Grande Instance de la Commune V où il défendait un dossier. Il est donc allé en laissant derrière lui une veuve éplorée et une progéniture inconsolable, ainsi que de nombreux dossiers orphelins dont celui du Général Abbas Dembélé qui figure parmi les 11 officiers récemment radiés des rangs sans procédure judiciaire.
A. KEÏTA
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