Algérie-Mali : Le mensonge d’État, la fuite d’un général et l’effondrement d’un régime
Par-delà les discours diplomatiques feutrés et les communiqués aseptisés, une vérité brutale s’impose : l’Algérie vit une crise systémique.

Une crise où le mensonge d’État devient doctrine, où l’armée échappe au contrôle du pouvoir civil, et où les généraux déchus prennent la fuite comme dans un thriller d’espionnage. Le dernier épisode en date - l’évasion du général Abdelkader Haddad, alias Nacer el Djinn - n’est pas un fait divers. C’est le symptôme d’un régime en décomposition.
Le drone malien abattu : un acte illégal, un déni diplomatique
Tout commence par un acte de guerre non assumé. Le 1er avril 2025, un drone malien est abattu par l’Armée nationale populaire (ANP) au-dessus du territoire malien. Bamako dépose une plainte officielle auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ), dénonçant une violation du droit international. Mais à Alger, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf persiste dans le déni. Lors d’une conférence de presse, il affirme que «la CIJ n’a jamais été saisie» et que «l’Algérie n’a reçu aucune notification».
Quelques jours plus tard, la CIJ confirme la réception de la plainte malienne. Le mensonge est exposé. Et avec lui, l’inconsistance d’un pouvoir incapable de coordonner ses lignes diplomatiques, militaires et juridiques. Ce n’est plus une erreur : c’est une stratégie du flou, du faux, du déni.
L’évasion du général Nacer el Djinn : une humiliation sécuritaire
Et comme si ce désaveu international ne suffisait pas, Alger est secouée par un séisme intérieur. Le général Nacer el Djinn, ancien patron du contre-espionnage, mis en examen puis placé en résidence surveillée, s’évade dans la nuit du 17 septembre. Un dispositif sécuritaire massif est déployé, des perquisitions sont menées dans les quartiers huppés d’Alger, mais le général reste introuvable. Des sources évoquent une exfiltration vers l’Espagne, où il avait déjà trouvé refuge.
Tebboune, président sans emprise
Ce n’est pas seulement une fuite. C’est une humiliation pour les services de renseignement. C’est la preuve que même les hommes les plus puissants du régime ne croient plus à sa pérennité. Et c’est surtout le signal que les luttes de clans au sommet de l’armée ont atteint un point de non-retour.
Dans ce chaos, le président Abdelmadjid Tebboune apparaît comme un spectateur impuissant. Incapable de contrôler son armée, son administration, ses diplomates. Le pouvoir algérien n’est plus vertical : il est fragmenté, parasité, miné par ses propres contradictions. Le mensonge sur la CIJ, la fuite du général, les purges internes… tout indique une perte de contrôle.
Et pendant ce temps, la population algérienne observe, désabusée, un régime qui se délite. Un régime qui promet la stabilité mais ne peut garantir la sécurité de ses propres institutions. Un régime qui prétend défendre la souveraineté nationale tout en bafouant celle de ses voisins.
La fin d’un cycle
L’affaire du drone malien et la cavale de Nacer el Djinn ne sont pas des événements isolés. Ils sont les révélateurs d’un système à bout de souffle. Un système où le mensonge est institutionnalisé, où les généraux deviennent des fugitifs, et où le pouvoir civil n’a plus d’autorité sur ses propres forces.
L’Algérie ne traverse pas une crise passagère. Elle vit la fin d’un cycle. Et cette fin, brutale, chaotique, pourrait bien ouvrir la voie à une recomposition politique que le régime actuel ne pourra ni anticiper ni contrôler.
L'Aube/La Rédaction
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