CRISE MALI-Algérie : Les propos du ministre algérien des Affaires étrangères qualifiés de "grossiers et condescendants"

Après le discours du ministre algérien des Affaires étrangères à l'occasion de la 80e Assemblée générale l'Organisation des Nations unies, la Mission permanente du Mali auprès de l'institution a vigoureusement réagi en qualifiant les propos de "grossiers et condescendants".

4 Octobre 2025 - 00:25
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CRISE MALI-Algérie : Les propos du ministre algérien des Affaires étrangères qualifiés de "grossiers et condescendants"

A l'entame de son droit de réponse, la Mission a rappelé que la délégation du Mali n'a pas pour habitude d'exercer un droit de réponse. Cependant, poursuivra-t-elle, les attaques personnelles, grossières et condescendantes du ministre algérien des Affaires étrangères l'obligent à intervenir pour corriger les contre-vérités qu'elle a entendues. Et d'ajouter que par respect pour le décorum de l'Assemblée et pour l'idéal incarné par les Nations unies, la délégation du Mali ne s'abaissera pas au niveau des invectives et attaques personnelles à la limite de la décence, proférées par le ministre algérien des Affaires étrangères pour avoir délibérément choisi de ne pas dire un seul mot des affaires à l'origine des tensions inédites entre nos deux pays.

Pour la part, le Mission permanente du Mali auprès de l'ONU réitère la teneur de la déclaration du Mali, prononcée par le Premier ministre malien, le 26 septembre 2025, pour rappeler que les tensions actuelles entre le Mali et l'Algérie prennent leur origine essentiellement dans les ingérences intempestives et inacceptables du régime algérien dans les affaires intérieures du Mali. Avant de marteler que le peuple malien a décidé de prendre son destin en main et s'est approprié son processus de paix.

Ensuite, ajoute-t-elle, est venu se greffer le différend concernant la destruction, par l'Armée algérienne d'un drone de reconnaissance et de surveillance de l'Armée malienne, dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025.

Quelques heures après cet incident, précisera-t-elle, le gouvernement malien a pris connaissance, par voie de presse, d'un communiqué du Ministère algérien de la Défense revendiquant la destruction d'un drone qui aurait violé l'espace aérien de l'Algérie sur 2 km.

72 h après, aucune

suite satisfaisante

A en croire la mission permanente du Mali auprès de l'ONU, afin d'approfondir les enquêtes, les autorités maliennes ont demandé aux autorités algériennes de leur fournir des éléments probants de leurs allégations. Et de poursuivre que plus de 72 h après, aucune suite satisfaisante n'a été fournie par la partie algérienne.

A l'issue de ses propres enquêtes et sur la base de preuves scientifiques publiées le 06 avril 2025 par communiqué n°073, dit-elle, le gouvernement malien a abouti à une certitude absolue que le drone des Forces armées et de sécurité maliennes a été détruit suite à une action hostile préméditée du régime algérien et cette conclusion repose, entre autres, sur : le silence coupable du régime algérien et son refus de coopérer ; les données précises de la trajectoire de l'appareil, enregistrées dans le système, prouvent sans ambiguïté que l'appareil n'a jamais quitté l'espace aérien du Mali. "Mieux, le point de rupture de liaison du drone et le point de localisation de l'épave sont tous situés sur le territoire national malien", dira-t-elle.

Pour la mission permanente du Mali, il s'agit purement d'un acte d'agression inédit dans l'histoire des relations entre le Mali et l'Algérie. Ainsi, dit-elle, cette action hostile, inamicale et condescendante est une preuve supplémentaire, si besoin en était, que le régime algérien parraine le terrorisme international au Mali et au Sahel. En effet, la destruction du drone malien avait clairement pour finalité d'entraver la neutralisation de groupes armés ayant revendiqué des actes terroristes. Face à cette agression caractérisée et au refus de coopération du régime algérien, a-t-elle rappelé, le Mali a décidé d'introduire une requête introductive d'instance au sujet de ce différend devant la Cour internationale de justice (CIJ). "Il est regrettable là aussi, même si nous ne sommes pas surpris, de constater que le régime algérien a notifié son refus d'accepter la compétence de la CIJ", a-t-il déploré.

Comme moyen de défense, souligne-t-elle, le régime algérien prétend respecter cette juridiction internationale. "Il est facile de comprendre que cette affaire de drone malien abattu suscite un véritable embarras au sein de la junte algérienne", a ajouté la Mission permanente. En effet, poursuivra-t-elle, si le régime algérien avait du respect pour la justice internationale, comme elle le prétend, elle aurait dû accepter de déférer à la Cour internationale de justice pour y présenter les éléments de preuve prétendument à sa disposition. Avant de renchérir que ce refus atteste non seulement de la négation de la justice internationale par le régime algérien, mais également de son mépris de la légalité internationale. C'est également un aveu de son indubitable culpabilité à la face du monde.

Manque de transparence du régime algérien

Selon elle, le manque de transparence du régime algérien vis-à-vis de la CIJ crédite davantage l'argument du gouvernement malien sur la destruction de son drone et constitue une preuve supplémentaire du soutien de l'Algérie aux groupes armes terroristes. Aux dires de la mission, le gouvernement du Mali déplore le fait qu'au lieu de répondre aux faits établis et suffisamment documentés, le régime algérien privilégie une stratégie de fuite en avant et des invectives diffamatoires pour tenter de dissimiler son soutien aux groupes extrémistes, y compris les chefs terroristes ciblés par le drone malien abattu.

Avant de dénoncer cette agression flagrante du régime algérien contre le Mali, en totale contradiction avec le soutien total du Mali au Front de libération nationale (FLN) et avec sa participation effective à la guerre d'indépendance du peuple algérien frère, ami et voisin.

Par conséquent, mentionne le droit de réponse, le gouvernement malien réitère son appel au régime algérien à cesser ses ingérences intempestives et inacceptables dans les affaires intérieures du Mali et son soutien aux formations terroristes qui déstabilisent le Sahel. Et d'ajouter que le régime algérien gagnerait à concentrer ses efforts et son énergie sur ses propres contradictions et défis de gouvernance internes.

"Nous renouvelons notre appel au régime algérien à changer d'approche, à améliorer ses relations avec ses voisins et à travailler de bonne foi à la stabilité, à la sécurité collective et au développement durable dans la région, dans le respect de la souveraineté des Etats", a-t-elle conclu.

Boubacar Païtao

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