Infrastructures : Opter pour une meilleure qualité de bitume pour préserver des vies et économiser des fonds d’entretien

On constate une dégradation rapide de nos routes bitumées, notamment les routes nationales qui sont vitales pour l'approvisionnement du pays en denrées de toutes sortes. Une dégradation qui prend de l’ampleur en saison pluvieuse causant notamment le ralentissement et la perturbation du trafic routier. Face à ce constat, il est impérieux de poser un diagnostic éclairé qui pourrait mettre un frein à ce désastre très coûteux sur le budget national en termes d'octroi de marchés à coût de milliards pour le bitumage de nos routes.

4 Sep 2025 - 01:42
4 Sep 2025 - 11:42
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Infrastructures : Opter pour une meilleure qualité de bitume pour préserver des vies et économiser des fonds d’entretien

Tout d'abord, il est bon de savoir que dans le domaine du bitumage au niveau mondial, il existe deux principaux standards de conception de routes. En premier lieu, il y a ce qu'on appelle les normes ASTM (d'origine américaine) dont le prix du bitume est en général plus élevé et produit selon les standards stricts de contrôle qualité plus poussé, et dont l'importation est souvent nécessaire. Cette norme requiert un contrôle qualité rigoureux avec des tests multiples, tels que viscosité, pénétration, point de ramollissement, DSR, BBR, etc. Elle garantit une performance climatique ciblée et adaptée aux conditions extrêmes pour assurer une qualité et une longévité supérieures.

Une route principale utilisant du bitume conforme aux normes ASTM coûtera environ 15 à 30 % de plus que la même quantité de bitume standard chinois. Justement, il y a cette qualité adaptée aux normes chinoises. Elle est moins chère, plus massive, produite localement. Il y a moins d'exigence par rapport à la qualité avec des tests simplifiés, des équipements et une main-d'œuvre plus basiques. La production et l'approvisionnement sont plus simples, surtout en Afrique.

Moins disant, la qualité de cette norme reste variable selon le fournisseur et elle est moins performante dans les conditions extrêmes. Les entreprises de bitumage locales ou chinoises privilégient les normes chinoises pour réduire les coûts, notamment dans les projets financés avec un budget limité.

Après cette description, la question est de savoir laquelle de ces deux normes est la plus utilisée dans le bitumage des routes au Mali ? En voyant l'état de nos ouvrages juste quelques mois après leur mise en service, on est tenté d'opter pour le second. Le gouvernement est donc interpellé parce que les entreprises de bitumage exerçant chez nous travaillent sur la base d'un cahier de charges aux contours très clairs soumis par le maître d'œuvre qu'est l'État du Mali.

Ce qui nécessite une réorientation des normes de bitumage vers les standards plus élevés, notamment les normes ASTM (si ce n'est pas déjà le cas) afin de garantir des routes durables pour notre pays. Malgré le coût élevé de cette norme, nos autorités doivent faire le sacrifice nécessaire pour y parvenir parce que le développement du Mali n'a pas de prix. Et investir dans le bitume de bonne qualité pour des routes plus durables est une façon très efficace de lutter contre la pauvreté.

Les populations sont fatiguées par les multiples désagréments que causent les routes défectueuses, avec pour conséquence une inflation non maîtrisée qui aggrave la vie chère. Sans compter les accidents tragiques et les saignées financières que constituent les coûts de réfections répétitifs pour le Trésor public.

Thierno Barro

Expert en communication

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