Situation sécuritaire du Mali : Le Gsim s’est-il installé à Bougouni ?
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim) s’est-il installé dans la région de Bougouni ?

Force est de s’interroger, au regard des nombreux échos de la présence de combattants, probablement affiliés à ce « groupe armé djihadiste » dans certaines localités de la région.
Les premiers signes de la présence des groupes armés djihadistes remontent, selon plusieurs sources, au 30 mai 2021, soit quelques jours après le coup d’Etat ayant déposé le Président Ba Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane. Ce jour-là, entre 3h 30 et 4h, le poste de contrôle de Bougouni sur la RN7 a subi une attaque d’assaillants non identifiés, se soldant par des pertes en vie humaine et des dégâts matériels. Le 1er janvier 2025, le poste de gendarmerie de Garalo, un chef lieu du cercle de la région, a fait l’objet d’attaque entre 5h et 6h. Deux gendarmes y ont perdu la vie. Le dernier fait imputable aux « groupes armés djihadistes » est l’attaque, le 23 juillet 2025, de deux sites miniers appartenant à des exploitants chinois à Banan, précisément dans les villages de Bôrôblan et Diban. Les vidéos des engins lourds en flammes ont inondé les réseaux sociaux. Cinq ressortissants chinois ont été enlevés. Quelques jours plus tard, ils apparurent en compagnie d’autres Chinois dans une vidéo diffusée par le Gsim, qui réclamait une rançon de 150 millions de FCFA par otage.
Une région hautement stratégique
Selon des sources locales, les « combattants djihadistes » qui se promènent dans certaines localités de la région, bénéficient des complicités au niveau local. Ils empruntent, selon les mêmes sources, des petites pistes qui relient les villages. Seuls les vrais autochtones connaissent ces routes, ajoutent-elles. Pour éviter toute identification pouvant permettre la découverte des complicités locales, les combattants armés portent tous des turbans quand ils se déplacent dans un village ou tiennent des réunions publiques avec les populations.
Ils ont envoyé des émissaires dans un village pour réclamer environ 20 jeunes filles. Depuis le départ des émissaires, les jeunes filles et femmes, y compris les mariées d’un âge relativement jeune, ont toutes fui vers d’autres horizons.
Des informations persistantes sur les mouvements de groupes d’hommes armés à moto circulent au moment où la ville de Bougouni a été dotée d’un camp militaire par les autorités de transition. Lors de l’inauguration de ce camp, le 17 janvier 2025, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Général de corps d’armée Sadio Camara, a souligné que la région de Bougouni, qui fait frontière avec deux pays voisins (la Côte d’Ivoire et la Guinée) est hautement stratégique en raison des ressources dont elle regorge. « Tout ceci justifie aisément ce choix stratégique qui vise à adopter une posture d’anticipation et de veille face aux menaces multiformes causées par les groupes armés terroristes et la criminalité transfrontalière organisée. Ce camp de Bougouni vient ainsi et sans doute renforcer le dispositif et le maillage sécuritaire de cette zone militaire», a déclaré le Général Camara. Les alertes sur la présence des « combattants djihadistes » dans la région de Bougouni méritent un traitement de choc à l’image de celui ayant permis de tuer dans l’œuf les velléités d’Ansardine du sud.
Ansardine du sud tué dans l’œuf
Ce n’est peut-être pas la première fois que les groupes armés djihadistes cherchent à s’implanter dans ces zones. Vers 2015, il y a eu Ansardine du sud dont les combattants, dirigés par un certain Souleymane Kéita, avaient visé certaines localités des cercles de Kolondiéba et de Kadiolo afin d’y installer leurs bases. Fakola et Misséni, non loin de la frontière ivoirienne, ont été le théâtre «d’actes terroristes». Des traces de ce groupe ont été découvertes aussi dans la forêt classée située de la commune rurale du Mandé, dans la périphérie de Bamako. L’Armée malienne a découvert, en mars 2015, un camp d’entraînement militaire en pleine forêt où des armes ont été saisies. Les autorités ont accusé Souleymane Kéita d’être le chef du camp. A l’époque, une très bonne coordination entre les services de sécurité et l’Etat-major général des armées a permis d’anéantir complètement l’embryon Ansardine du sud. En mars 2016, le nommé Souleymane Kéita a été arrêté vers Sokolo, non loin de la frontière mauritanienne et transféré à Bamako par les forces spéciales de la Direction générale de la Sécurité d’Etat.
C. D
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