Incident à Kaolack : un Maire chassé, une République blessée. (Par Momar Dieng Diop)
Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre une scène tendue entre le préfet du département de Kaolack et le maire de la ville, Serigne Mboup, en pleine cérémonie officielle de la Journée de l'Arbre. Le préfet, visiblement agacé, ordonne au commissaire de police de "faire dégager" le maire des lieux, devant témoins et caméras.

La scène a rapidement suscité l'indignation. Nombre d'internautes et d'observateurs dénoncent un comportement autoritaire et humiliant envers un élu du peuple. Le ton employé par le préfet, jugé sec et méprisant, a choqué bon nombre de Sénégalais, d'autant plus qu'il s'agit du premier magistrat de la ville, investi par le suffrage universel.
Cette sortie du préfet, en pleine manifestation publique, est perçue comme une atteinte grave à l'autorité municipale. Pour de nombreux citoyens, il s'agit d'un exemple flagrant de dérive dans les rapports entre l'administration déconcentrée de l'État et les collectivités territoriales.
Depuis la diffusion de la vidéo, les appels à la sanction se multiplient. Des voix issues de la société civile, du milieu politique et des réseaux associatifs demandent que des mesures disciplinaires soient prises contre le préfet, qu'ils accusent d'avoir porté atteinte à la dignité d'un maire en exercice.
En l'absence de réaction officielle du ministère de l'Intérieur, la polémique enfle. L'affaire relance le débat sur l'attitude de certains représentants de l'État face aux élus locaux, et sur la nécessité de rétablir des relations fondées sur le respect mutuel, la courtoisie républicaine et la responsabilité institutionnelle.
Au-delà du simple incident protocolaire, cet épisode soulève une question bien plus profonde : celle du regard que l'on porte encore, dans certaines sphères de l'administration, sur les profils atypiques, autodidactes, et issus du terrain. Serigne Mboup, bien qu'il ne soit pas passé par les grandes écoles ni les bancs de l'élite technocratique, s'est imposé par le travail, la vision et l'engagement concret au service de sa ville et de son pays. Entrepreneur, bâtisseur, et aujourd'hui maire, il est de ceux qui agissent là où beaucoup théorisent, qui investissent là où d'autres commentent.
Le faire "dégager" publiquement, comme un intrus sur sa propre terre, c'est non seulement humilier un élu, mais aussi mépriser le mérite, l'engagement citoyen et la réussite populaire. Ce geste ne heurte pas seulement un homme : il blesse l'ensemble de ceux qui croient encore qu'on peut servir son pays sans piston, sans costume taillé sur mesure, et sans le langage codé des salons administratifs.
Ce qui s'est passé à Kaolack n'est donc pas qu'un incident ; c'est le miroir d'un choc de cultures, entre une République de statuts figés et une République de terrain, qui émerge avec fierté et refuse de se taire. À l'heure où le Sénégal a besoin de toutes ses forces pour construire l'avenir, il est urgent de réconcilier autorité et respect, protocole et humilité, État et peuple.
Momar Dieng Diop / ESPAGNE
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