Crise politique en France : La démocratie semble tenir, mais l’extrême droite bouscule tout
Depuis les élections européennes de 2024, la France traverse une crise politique d’une ampleur inédite sous la Vᵉ République. Assemblée nationale éclatée, gouvernements fragiles, difficultés à adopter des lois…

Beaucoup y voient le signe d’une démocratie malade. Mais la réalité est plus nuancée : si la gouvernance est bloquée, c’est avant tout la montée de l’extrême droite qui bouleverse le jeu politique, plus qu’un effondrement des institutions démocratiques.
Contrairement à ce que certains pensent, la démocratie française n’est pas en train de disparaître. Les élections restent libres et pluralistes, les contre-pouvoirs (Parlement, Conseil constitutionnel, justice) continuent de jouer leur rôle, et les libertés fondamentales, presse, expression, association, sont garanties.
Autrement dit, les « règles du jeu » démocratique, globalement, fonctionnent toujours. Ce qui est en crise, c’est la capacité à produire des majorités stables et à gouverner. La crise actuelle trouve son origine dans les résultats électoraux de 2024. Aux européennes d’abord, le Rassemblement National (RN) arrive en tête. Puis aux législatives anticipées, il confirme sa progression, sans toutefois obtenir une majorité absolue. Résultat : l’Assemblée nationale est profondément fragmentée.
Le RN, devenu incontournable, oblige les partis traditionnels à revoir leurs stratégies, et rend la formation de coalitions presque impossible. Le blocage institutionnel vient donc de cette recomposition brutale du paysage politique.
La France n’est pas un cas isolé. Dans plusieurs pays européens, la montée de l’extrême droite a provoqué des crises comparables :
• Autriche (2000 et 2019) : le FPÖ a participé au pouvoir, provoquant des tensions internes et européennes. En 2019, un scandale a même fait tomber le gouvernement.
• Italie : entre la Ligue de Matteo Salvini et Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, la poussée de l’extrême droite a entraîné une succession de gouvernements fragiles.
• Espagne (2015-2019) : quatre élections législatives en quatre ans, avec la percée de Vox, ont bloqué la vie politique.
• Allemagne : l’AFD complique la formation des coalitions, au point de provoquer une crise nationale en 2020 en Thuringe.
• Belgique (2010-2011) : sans extrême droite dominante, mais avec la montée des régionalistes, le pays a vécu 541 jours sans gouvernement.
Ces exemples montrent que la crise française relève moins d’une défaillance démocratique que d’un bouleversement politique majeur : la montée de partis radicaux.
Une crise de confiance, pas une rupture
Le malaise français est réel : méfiance envers les institutions, mécontentement social, radicalisation des débats. Mais il ne signe pas la fin de la démocratie. Les citoyens continuent de voter, de manifester, de débattre. La vitalité démocratique est là, mais elle est traversée par une demande de représentation nouvelle à laquelle les partis traditionnels peinent à répondre.
Le vrai défi n’est pas de sauver les institutions car elles tiennent encore, mais d’apprendre à gouverner dans un paysage fragmenté, polarisé, et de plus en plus influencé par le RN.
En ce sens, la crise actuelle n’est pas un signe de faiblesse démocratique, mais la preuve que la démocratie fonctionne : elle traduit, parfois brutalement, l’évolution du rapport de force politique au sein de la société française. Toutefois, jusqu’à quand le radicalisme politique sera exclue de l’Élysée ? Car, à chaque échéance électorale, l’extrême s’y rapproche de plus en plus. Une France sous le RN ou toute autre coalition d’extrême droite serait désormais une réalité inéluctable. Même si, l’on peut d’ores et déjà constater qu’elle présente d’une certaine manière dans les sphères de gouvernance française et encore plus dans le paysage médiatique.
Ahmed M. Thiam
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