Tribune : La guerre du Savoir III

9 Août 2025 - 01:45
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Tribune : La guerre du Savoir III

Il vaut de dire au départ mon respect et mon amour de tous les peuples, de toutes les races. J’ai épilogué dans la première partie sur l’origine de la mosaïque humaine qui peuple la Terre. Je dois dire que je n’ai ni rancœur ni haine quelconque pour lesdits Blancs, ou pour des Blancs, dont certains ont fait souffrir les gens de ma race durant des siècles. D’autres continuent encore leur sale besogne à infliger du tort, à toujours vouloir nuire à des innocents, jugés, condamnés, suppliciés par eux, et ils n’entendent jamais s’arrêter. Mais, pourquoi ? De quel péché ces victimes sont-elles coupables ? Pourquoi tant de mépris ? Pourquoi cette haine viscérale ?

Ces espèces d’écervelés, entre riches et pauvres d’esprit, puissants et crétins haut perchés, suprématistes et névrosés du refoulement, se vengeraient-ils sur les premiers nés de l’Humanité, premiers enviés pour ce qu’ils sont ? Souffrir a probablement été une mission de la race souche. Comment haïr quelqu’un qui n’est pas à ton niveau, incapable de s’élever pour t’atteindre, quelles que soient ses grossières prétentions ? Ô, Seigneur de bonté !

Faire entendre la vérité est en soi une justice rendue, peu importe la mauvaise foi qui la réfute. L’ignorance, si elle n’est pas un péché à l’aller, elle l’est sans doute à son retour de campagne. Pour l’élu, le Peuple originel calomnié et sacrifié, Dieu invite au pardon dans "la Dernière prophétie", qui vous sera livrée dans le dernier acte.

Le Noir, discriminé, esclavagisé, colonisé, massacré, exploité par de ses enfants égarés, blanchis, est le Rédempteur qui arrive pour sauver la famille perdue, par son amour, sa compassion, sa générosité cultivée dans et par la Souffrance. L’Afrique n’avancera vraiment qu’en prenant conscience du pourquoi de la chose, son "devoir de souffrance", préférant à l’heure ne pas savoir, pour continuer à se lamenter, se battre contre soi-même, et se débattre contre des chimères. Ce qu’il faut, c’est enseigner aux rois et aux pauvres hères la leçon des damnés. La voici.

Le mépris aujourd’hui pour l’homme Noir a trois sources principales :

L’Ordre des assassins

Ce sont des héritiers des « templiers » dont les sectes remontent à l’Egypte antique, écumant une rage inassouvie sur des millénaires contre la race Noire, jalousée, exécrée. Ils se pensent toujours en missionnaires pour éteindre l’étoile des "dieux" d’antan. Depuis l’invasion de l’Egypte par les hordes barbares Blanches, à côté des actes infâmants posés par le vainqueur, un travail systématique de dé-déification du Noir a été entrepris secrètement, et a donné naissance à ces assassins, chargés de salir, dénigrer, ridiculiser, honnir l’image du Noir. Ils évoluent sur trois axes multiplicateurs :

Falsifier les récits et décrédibiliser par tous les moyens les mérites historiques de la Nation Noire, d’abord par l’imagination scélérate d’une prétendue malédiction, entretenue par des mythes religieux travestis, dont nombre de doctes africains auraient d’ailleurs pu démonter facilement la supercherie du fait de ses incohérences ; ce qu’à présent de jeunes Kamites osent démontrer.

Ils œuvrent à déraciner l’Africain mentalement pour le balloter à leur guise, en effaçant sa mémoire pour incruster la leur, le troublant dans la remise en place de ses repères, brouillant les pistes d’accès à ses références par des leurres, lui servant des sources et informations douteuses pour le piéger, le maintenir dans le doute et l’indécision, dépendant de leur maîtrise, abreuvé à leurs dogmes, et sous influence de leur égrégore. Dans ce sombre dessein, ils ont :

Supprimé de leurs livres d’Histoire les références à des héros Noirs même de leurs pays, même l’IA participe à l’ostracisme sur des thèmes, des idées, des lumières, des événements ;

Evacué le massacre des populations Noires autochtones d’Europe par ;

Attribué à de faux substituts Blancs les nombreux brevets d’invention détenus par des Noirs demeurés anonymes ;

Caché au monde la matérialité de la Vierge Noire, des apôtres, des saints et des Papes Noirs, et le lien du récit et des représentations avec les écrits et personnages égyptiens ;

Menti sur la vie de prophètes, instrumentalisant les religions avec des versions mensongères des livres saints ;

Traficoté l’origine des écritures, des savoirs, des sciences et techniques ;

Inventé des sources, vulgarisant des pages d’histoire où des peuples, royaumes et personnages Noirs sont cités, dissimulant derrière des appellations vagues leurs origines, leurs appartenances, leurs liens, qui auraient dévoilé leurs subterfuges et les contre-vérités propagées.

Les conditions sont créées avec des moyens d’incitation, d’attraction, de manipulation, de la communauté Noire, surtout des jeunes, vers des objectifs, des pratiques et des actes répréhensibles, les condamnant aux yeux de l’opinion, et les poussant vers la délinquance, les réseaux criminels mafieux et la prison. Il s’agit de drogues, spiritueux, prostitutions, violences, ghettos, banlieues, boxe, musique, délinquance, trafics, sports ; les stéréotypes fonctionnent à merveille dans un horizon fermé. Malgré tout, le génie discriminé, le talent explosent la marginalité.

Au nom de la loi, inégale, ils sont nargués, abusés, provoqués ; des forces de désordre attaquent, briment, oppriment, persécutent, trucident des innocents, arrêtent arbitrairement, simulent la bavure, mutilent et tuent assez souvent impunément ; il y a les fausses accusations et le délit de faciès, les violences policières sanglantes, meurtrières, couvertes par l’autorité et une justice complaisante ; la chasse à l’homme Noir, chasse à l’immigré, chasse aux sans-papiers, les tentatives d’humiliation par de petits fonctionnaires excités même de personnalités officielles, de certaines célébrités du monde Noir ; un véritable instinct animalier pour mordre en chien enragé, agresser en bête sauvage, sans raison, nuire à autrui en minable insouciant, parce que différent.

Accaparer le patrimoine des Noirs et le retourner en leur défaveur, en créant des complexes, des jeux de rôle, une imagerie trompeuse, avec des mensonges et des insinuations subtiles.

Ils ont falsifié l’histoire, la réalité, en attribuant les réalisations des Noirs en Europe, et à travers le monde, à des Blancs (cas de la civilisation gréco-romaine et de ses personnages mythiques, oubliant les reproductions témoins de Zeus, le Roi des Rois dans le Panthéon grec, bien Nègre) ; cassant les nez et caractères négroïdes saillants des statues des Pharaons et autres personnages historiques dans les monuments ; transformant des sculptures, retouchant des dessins et reprenant bien d’illustrations avec des figures et figurines de peau claire ; remplaçant des personnages africains, réels et légendaires, à l’écran par des acteurs Blancs… ; substituant aux auteurs, compositeurs, créateurs, fondateurs africains de génie des figures à leur convenance comme étant grecques, romaines, arabes, hébreux, changeant parfois la consonance de leurs noms pour dérouter ; déformé exprès les traductions des écrits dans les chambres sacrées des pyramides pour renverser l’ordre, mettre sur de fausses pistes, jongler et justifier leur mythomanie.

Bloquer le retour de conscience de la personnalité du Noir ; éliminer les valeurs accomplies du monde Noir refusant l’allégeance, sauf si protégées par des forces dissuasives ; amener les espoirs et les cracks à dévier, se compromettre, décevoir ; dépouiller et ruiner les étoiles Noires qui ne les font plus gagner, ou ne servent plus la cause ; casser et tarir les gloires qu’ils louvoient, en cherchant à les faire chuter, à perdre les honneurs reçus, pour les humilier en mal propres ; mais aussi payer des membres débauchés de la communauté pour faire le mal, incarner la vermine, la racaille, la misère.

Dans cet ordre, il y a des dirigeants africains promus, parachutés et entretenus pour servir leurs intérêts, tournés en girouettes et en bourriques, utilisés, exploités puis jetés, écartés, lâchés, renvoyés ; les connections françafricaines et étatsuniennes de services secrets ; les nébuleuses de la Franc-maçonnerie, de la Rose-croix ; les réseaux cléricaux ; les clubs (Rotary, Lions) et les divers lobbies de conditionnement de l’élite, des intellectuels et universitaires…

De façon systématique, ils ignorent, taisent ou détruisent les preuves du capital historique du monde Noir. Ils manipulent les données de recherche, ballotant les universitaires, jouant sur les antagonismes et interminables problèmes de personne des Africains. Ainsi, ils créent la contradiction, sèment le doute, amenant les uns à objecter les résultats d’étude des autres, empêchant leur consécration dans la zizanie des Nègres suiveurs, qui cherchent à se valoriser. Ils saturent les chercheurs et l’opinion d’une avalanche d’informations, de documents, de sources, pour épuiser la faculté cognitive par une surabondance de références fabriquées, de thèses arrangées, de littératures entassées, permettant de perturber pour longtemps et d’assommer.

Ils amènent chaque fois de nouveaux concepts qui changent régulièrement pour distraire ; entrainent les acteurs dans un format, un sillage habituel, confortable, qui vous éloigne des vraies solutions ; financent des programmes bidons pour appâter, encourageant l’effort dans des voies sans issue, aménagées avec des règles de contrainte propres à épuiser, pour exploiter la faiblesse dans la décision qui en résulte. A l’aide de notions fictives, vagues, polysémiques, abstraites, relatives, comme Développement, Démocratie, Droit de l’homme, Genre, Pauvreté, Résilience, que sais-je, ils tuent les Africains à s’esquinter pour un leurre ; une sémantique insidieuse qui vous entraine dans des débats d’esprit futiles, avec un langage servant à vous faire concevoir un habit qui ne cache pas votre nudité. A quoi bon ?

L’Occident, le modèle de beaucoup et leur référence obligée, impose un individualisme mental couplé au pluralisme instrumental, déstructurant l’organisation sociale africaine qui, elle, repose sur la responsabilité de la communauté solidaire et la primauté légitime du groupe sur son membre.

Le cadre normatif diffusé, à but contraignant, adopté ou maintenu par des colonisés d’hier, encore sous le joug de sa domination multiforme, non conscients des effets destructeurs des outils légués et du caractère idéologique de son universalisme douteux, autorise son paternalisme débridé. Ceux qui croient trouver en la Démocratie leur nouvelle religion, prétendument incontournable, feraient mieux d’y penser par deux fois.

L’idéal démocratique est bien beau à clamer et réclamer, on veut bien. Mais, qui a dit que la Démocratie est forcément une question de républiques, de partis, de libertés, de suffrages universels, d’élections, de votes, ou d’alternance ? La volonté populaire ne peut-elle s’organiser et s’exprimer autrement ? Peut-on nier que le consensus soit plus démocratique, avec plus d’effet apaisant que le vote dans toutes ses coutures ?

L’intelligentsia africaine en est encore à trouver à la Démocratie une définition acceptable, commode, vu l’embrouillamini autour de la question, sa pratique chez les donneurs de leçons eux-mêmes, sans compter les aberrations récemment constatées là-bas. Bien évidemment, on songe de plus en plus, et pour faire sens, à référer à la culture, à considérer les valeurs de la société, à veiller à l’adhésion des citoyens, et donc à tenir compte du contexte global, bien différent selon les pays, d’où la spécificité. Un contexte qui n’est pas que la conjoncture, mais un ensemble de facteurs déterminants d’ordre psychosocial, philosophique, sociologique, historique, mais aussi technique. Sérieusement, le principe de base « un homme, une voix » est-il démocratique, appliqué à des populations analphabètes, invitées dans un système qui les exclue et les confine juste au rôle de bétail de la corrida électorale ?

Ce qu’il a été donné de constater pour nos démocraties en république bananière, c’est surtout :

Le libre-service du parti au pouvoir et de ses alliés, mains dans le coffre du trésor publique, les fonds, les projets, les contrats juteux, le système des prébendes, la corruption à tous les étages et les bradages à l’étal ;

La pléthore de partis branlants, sans idéal, sans programme, sans militant, sans candidat, pourtant perfusés par l’État et faisant beaucoup de bruit ;

Des candidats crésus, bougrement riches, arrivant à acheter panparanpan les bulletins, les cartes d’électeur, les votes, les assesseurs, les urnes et le bureau entier ;

Les enchères publiques du parrainage des élus, le clientélisme officiel, le militantisme de rente et l’achat licite de conscience ;

Les financements occultes par l’extérieur, l’utilisation des moyens de l’État pian, l’aide publique au développement du parti aux affaires ;

Les alliances contre nature circonstancielles en vue de repêcher des élus de la minorité pour gagner la diversité avec une opposition remorquée.

L’autre travers, c’est l’instrumentalisation par les puissances du conflit interne, l’exploitation de rivalités et de querelles anciennes, la manipulation de masse par la désinformation, l’opposition de groupes inféodés de collaboration, les guerres et conflits provoqués entre États, entre communautés, le terrorisme.

 

Mohamed Salikènè Coulibaly

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