Epilogue : De la France à la Russie
Les gens s’imaginent - et ils sont légion - que l’actuelle présence de la Russie au Mali est un fait nouveau ou un événement exceptionnel.

Il n’en est rien quand on sait que sous l’US-RDA, quasiment de 1960 à 1968, les Russes alors appelés les Soviétiques avaient investi le Mali avec il est vrai les Chinois et les Nord-coréens dans le cadre de la coopération avec le bloc de l’Est.
Depuis cette époque donc, Maliens et Russes se connaissent comme cousins/copains et développent ensemble une coopération multiforme matérialisée par l’envoi en ex-URSS de nombreux étudiants et stagiaires pour des formations de longue ou de courte durée. On était alors dans la Guerre froide installée depuis 1945 et qui divisait le monde en deux blocs : Est et Ouest.
Ce système bipolaire régit le monde jusqu’à l’effondrement de l’URSS dans les années 1989-1990, bientôt suivi de la destruction du mur de Berlin quelques années plus tard. De ce point de vue, la Russie a toujours été un partenaire privilégié du Mali dans divers domaines comme l’éducation, la santé, les sports mais c’est bien la première fois sous l’actuelle transition que la Russie occupe le terrain politique, militaire et sécuritaire au Mali.
Cela semble d’autant plus paradoxal que la Fédération de Russie n’a pas le même poids que l’ancienne URSS et que celle-ci, de la période de Lénine mort en 1924 à celle de N. Khroutchev (1953 1964), les dirigeants soviétiques, en dépit de leur supériorité en armement stratégique, déployèrent d’énormes moyens diplomatiques pour ne pas gêner leurs adversaires occidentaux en Afrique et aboutir à un embrasement mondial.
Que ce soit la guerre en Algérie pour l’indépendance ou celle du Vietnam pour la même cause, les Soviétiques ont prêché la modération et non le recours aux armes de destruction massive. M. Vladimir Poutine est issu de ce système de prudence dans les relations diplomatiques en tant qu’ancien directeur du KGB, l’équivalent de la CIA américaine. M. Modibo Kéita, le 1er président du Mali indépendant, en dépit de son profond attachement au monde progressiste ou révolutionnaire de l’époque, n’a jamais donné un blanc-seing à une quelconque puissance étrangère pour la défense du Mali.
Il a construit l’armée nationale du Mali et s’est appuyé sur elle pour la défense du sol malien. On ne connait pas de dirigeant malien qui de quelque raison que ce soit, ait choisi de s’en remettre à une puissance étrangère pour la défense du pays, sauf peut-être IBK, qui à Pau en 2014 eut l’air de demander à la France de lui servir de bouclier contre le terrorisme et le djihadisme.
Mais IBK était un civil élu comme président en 2013 et supposé ne rien connaître aux questions militaires contrairement à un ATT, général d’armée connaissant parfaitement la guerre selon ses propres termes, et qui laissa le terrorisme international envahir le Mali. La Transition actuelle chassa du Mali la force Barkhane pour faute de résultat tangible sur le terrain et en lieu et place fit appel à la compagnie Wagner pour faire ce que les Français ne purent faire. On apprend maintenant que celle-ci à son tour est partie pour le même motif que Barkhane et est remplacée par Africa Corps, une rémanence du nazisme en tant que corps de mercenaires ayant durement sévi en Afrique du Nord dans les dernières années de la 2e Guerre mondiale.
Tout près de nous, le sort dramatique du président syrien Hafez Bachar-al Assad pourtant bien défendu par les Russes de Poutine mais qui dut s’enfuir de son pays pour ne pas tomber aux mains des terroristes mêlés aux djihadistes.
Facoh Donki Diarra
(écrivain)
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