Défense nationale : Une approche globale et résiliente pour faire face à une guerre hybride

La guerre hybride est une stratégie combinant des opérations militaires conventionnelles, des cyberattaques, la désinformation, des pressions économiques et des ingérences politiques. Elle vise à affaiblir un État en exploitant ses vulnérabilités.

24 Juillet 2025 - 02:03
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Défense nationale :   Une approche globale et résiliente pour faire face à une guerre hybride
Général Sadio Camara, Ministre de la Défense et des Anciens combattants

Face à cette menace, il est crucial que les Forces armées maliennes (FAMa) et les forces vives conjointes de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) adoptent une approche multidimensionnelle. Ce qui doit se traduire par le renforcement des capacités de défense et de résilience nationale, et la sécurisation des infrastructures stratégiques.

En effet, les infrastructures critiques (réseaux électriques, télécommunications, approvisionnement en eau et en nourriture…) sont des cibles privilégiées des guerres hybrides. Leur sécurisation passe par la diversification des sources d’approvisionnement afin d’éviter la dépendance énergétique ou technologique ; le renforcement des systèmes de cybersécurité pour éviter les cyberattaques destructrices ; et des exercices réguliers de simulation de crise pour tester la résilience du pays.

La modernisation des forces de défense est aussi une stratégie pour faire face à une guerre hybride. A ce titre, les armées doivent adapter leur doctrine en intégrant une meilleure coordination entre les forces armées, les services de renseignement et la police ; utiliser de nouvelles technologies (drones, renseignement par intelligence artificielle) et des unités spécialisées en cyberdéfense et en guerre informationnelle...

La lutte contre la désinformation et la résilience cognitive sont aussi essentielles pour gagner cette guerre. Mais, cela nécessite d’investir dans l’éducation aux médias pour favoriser l’émergence d’un esprit critique. Et cela est d’autant plus essentiel que la manipulation de l’information est une arme redoutable dans les guerres hybrides. Il est donc essentiel de renforcer l’éducation aux médias dès l’école pour apprendre à identifier les fake news (fausses nouvelles) et la propagande ; former les journalistes et les citoyens à la vérification des sources ; encourager la transparence des plateformes numériques pour limiter la diffusion de fausses informations.

Pour les besoins de la cause, il faut également une communication gouvernementale proactive. Les États doivent être capables de réagir rapidement aux campagnes de désinformation en développant des cellules de communication stratégiques capables de diffuser des informations vérifiées en temps réel ; en utilisant les réseaux sociaux et les médias classiques pour lutter contre la propagande étrangère.

Face aux menaces sécuritaires hybrides, il est aussi important de protéger le tissu économique et de sécuriser des intérêts nationaux. Une indépendance économique relative étant nécessaire pour éviter les pressions extérieures, des mécanismes de contrôle sur les investissements étrangers dans les infrastructures sensibles doivent être mis en place. Tout comme le soutien aux industries stratégiques (semi-conducteurs, défense, énergie…) peut limiter la dépendance des puissances étrangères.

Protéger les entreprises contre l’espionnage industriel et les cyberattaques via des partenariats public-privé est aussi un aspect non négligeable dans ce combat. Il est donc essentiel de développer une culture de cybersécurité dans les entreprises avec des formations et des audits réguliers. Tout comme il est indispensable de consolider la coopération internationale et de nouer des alliances stratégiques. Notre pays doit par exemple renforcer les alliances militaires et économiques avec la Russie, la Chine, la Corée du Sud, la Turquie, le Japon, l’Iran… D’autres alliances sont essentielles pour contrer les menaces hybrides, notamment celles qui favorisent les échanges d’informations et de renseignements pour identifier les menaces et anticiper les attaques.

Nous devons aussi aider les partenaires à renforcer leur résilience pour éviter qu’ils ne deviennent des maillons faibles exploités par des adversaires. Et, enfin, se préparer contre la guerre hybride nécessite une approche globale intégrant la défense militaire, la cybersécurité, la lutte contre la désinformation, la protection de l’économie et la coopération internationale. La clé réside dans la résilience et un État capable d’absorber les chocs et de réagir rapidement sera moins vulnérable aux stratégies hybrides de ses adversaires !

Macky Cissé

Consultant politique indépendant et expert en géopolitique

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