Prolongation des pouvoirs d’exception : Les urnes, un vaccin anti-coups d’Etat?
Qu’est-ce qui peut expliquer la multiplication des manœuvres ou tentatives de déstabilisation de la Transition ?

La période de transition en cours a commencé en septembre 2020, après le renversement du régime du président Ibrahim Boubacar Kéita. L’on avait alors rêvé d’une transition courte de dix -huit mois, avec le duo Bah Ndaw-Moctar Ouane. Mais, les leviers politiques du moment avaient poussé à …rectifier le tir. C’est ainsi que la phase de « la rectification de la Transition » optera pour une « refondation », décidée à s’inscrire dans la durée…. Le « bébé » du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga passera par là ; pour une croissance plutôt laborieuse.
En effet, censé installé pour moins de deux ans, le pouvoir du Général d’Armée Assimi Goïta finit par bénéficier d’un « mandat de cinq ans renouvelable ». Et, ce mois d’Août, ce pouvoir d’exception va boucler ses cinq premières années, avec une certaine onction populaire, du fait de sa politique de rupture d’avec l’Occident néocolonialiste et son option, fortement appréciée, de « souveraineté retrouvée ». Ce qui n’empêche pas, souvent, les autorités de signaler des campagnes subversives à leur encontre… Il y a eu le cas du complot présumé mené par l’ancien Premier ministre Boubou Cissé, les cas similaires d’atteintes au crédit de l’Etat ou de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat, etc.
Il faut simplement préciser que ces complots présumés pourraient être analysés comme des indicateurs d’opinions divergents sur la gouvernance du pays.
En clair, relèvent les experts en gouvernance, lorsqu’un pouvoir d’exception s’inscrit dans la durée, il ouvre, hélas, un boulevard à des « tentatives de déstabilisation ». Ceci, dans la mesure où la plupart des régimes d’exceptions ont cette tendance naturelle de réduire les espaces de libertés. Et la Transition malienne n’a pu faire exception à cette règle. Puisque l’on a constaté, au fur et à mesure que cette transition évoluait, l’infraction «atteinte au crédit de l’Etat» a foisonné. Et certains Maliens sont en détention aujourd’hui encore pour cette charge.
Cela montre que les opinions peuvent souvent diverger par rapport à la gestion des affaires de la Cité. Et, surtout quand la gouvernance est majoritairement aux mains des militaires, il peut y avoir plus de divergence dans la conduite des affaires.
Or, il est de notoriété que même au sein des corps habillés, il n’ y a pas d’unanimité et il se peut que certaines velléités ou ambitions viennent à s’exprimer. Si celles-ci ne sont pas canalisées, elles peuvent créer des incidents car, la génération du Général Assimi Goïta et ses camarades n’est pas la seule au sein de l’outil de défense national.
Pour faire converger et harmoniser ces velléités et ambitions, il faut donc, que la gouvernance s’inscrive dans un délai bref et raisonnable. D’où une transition relativement courte, permettant d’opérer les réformes politiques et institutionnelles nécessaires, de progresser sur le terrain sécuritaire, c’est--dire celui de la lutte contre le terrorisme. Ce sont ces seules priorités qui devraient permettre d’aller rapidement aux urnes ; pour un retour à la normalité constitutionnelle. Mais, si le pouvoir militaire, rétracteur des libertés comme celle de manifester, tente de s’éterniser, il favorise une sorte de boite de Pandore, d’où peuvent sortir de funestes initiatives…
C’est pourquoi il est maladroit d’envisager une «pacification » du pays, avant d’enclencher le processus électoral de retour à l’ordre constitutionnel. Car, plus le pouvoir s’immobilise, le désir de voir éclore d’autres méthodes de gouvernance peut générer des frictions de tous genres.
En définitive, le véritable antidote aux visées subversives contre les institutions de l’Etat, c’est un courant d’air fort et rapide vers les urnes. Surtout que nul n’ignore que la guerre contre le terrorisme est un combat de longue haleine.
Boubou SIDIBE/maliweb.net
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